Chapitre 4 : En état de choc

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 Quand la distance fut suffisante, Il fit s'arrêter Ablette auprès d'un cours d'eau pour que nous puissions nous nettoyer et nous désaltérer, m'offrant ainsi un moment de répit pour me remettre de mes émotions.


– Je doute qu'ils nous suivent mais restons prudents. Es-tu blessée ?

 Je fis un signe de dénégation de la tête, incapable de parler. Mes tremblements n'avaient pas cessé. Je regardais mes mains couvertes de sang. J'étais en état de choc.

– Viens, on va nettoyer ça, reprit-il avec douceur.

 Il me guida vers le cours d'eau, m'aida à m'asseoir et entreprit de nettoyer le sang qui me maculait à l'aide d'un des chiffons qu'il trouva dans mon sac. Lui-même en était également couvert, ses cheveux en paraissaient rouge sombre. Je me laissais faire, absente, comme anesthésiée. Je sentais à peine le froid de l'eau sur mon visage et sur mes mains.

– Je ne pouvais pas rester sans rien faire…

 Le dire à haute voix raviva les images et les sensations du carnage et j'éclatai en sanglots. Il me serra contre lui jusqu'à ce que mes larmes soient taries.

– Merci. Me dit-il simplement.

 Je restai longtemps blottie contre lui, incapable d'aligner deux pensées sans être assaillie par les images, les odeurs, les cris de douleurs et la sensation du sang poisseux que je percevais encore sur ma peau et mes vêtements. J'eus un nouveau haut-le-cœur en repensant à ce que j'avais fait. Que ce soit pour une bonne cause ne changeait rien à l'horreur. Prise d'une soudaine impulsion, je sautai toute habillée dans le cours d'eau, ressentant la nécessité absolue de faire disparaître toute trace du carnage. L'eau était glaciale. Mes vêtements allaient mettre beaucoup de temps à sécher et je n'avais bien entendu rien pour me changer. Geralt me sortit de sa sacoche de selle un pain de savon. Il me laissa me frotter la peau et les cheveux, m'aidant du mieux qu'il le put. J'étais épuisée et frigorifiée en sortant de là... Et comble de tout je me sentais toujours aussi sale et monstrueuse…

 Geralt resta silencieux mais attentionné : il sortit sa couverture de sa sacoche de selle et m'aida à me dévêtir, défaisant pour moi les nœuds devenus trop serrés à cause de l'eau. Il m'enveloppa dans sa couverture, désharnacha sa jument, la fit se coucher et m'installa contre l'animal. Je pouvais ainsi bénéficier de sa chaleur. Ablette tourna sa longue tête vers moi, produisant un son doux avec ses naseaux. Je caressai son bout du nez velouté, elle posa la tête sur mon épaule. Je trouvais sa présence et son odeur réconfortantes.

– Elle t'apprécie… et moi aussi. D'ailleurs je ne sais même pas comment tu t'appelles…
– Gaëlliane…
– Gaëlliane, répéta-t-il en en faisant rouler les syllabes sur sa langue, enchanté.

 Il repartit vers le cours d'eau avec mes vêtements et le pain de savon. Il avait compris mon besoin que tout ce sang disparaisse de ma vue. Une fois la lessive finie, il essora mon linge et le suspendit aux branches d'un arbre. Geralt prit le parti de ne pas laver ses propres vêtements, se contentant de se déshabiller avant d'en nettoyer le cuir avec un chiffon. Inutile que nous soyions tous deux frigorifiés le lendemain. Il défit soigneusement ses bandages avant de se glisser dans l'eau froide. Il rendit sa blancheur immaculée à sa chevelure, fit disparaître toute trace de sang de sa peau. J'eus tout le loisir d'observer son corps nu et frissonnant tandi qu'il laissait le vent froid de ce début de printemps sécher l'eau sur sa peau.

 Le soleil descendait à l'horizon. Nous allions devoir passer la nuit là, sans possibilité de faire du feu. J'avais toujours aussi froid et le voir nu dans le courant d'air ne m'aidait pas à me réchauffer. Il s'empara de mon sac de toile et vint me rejoindre sous la couverture. Sa peau glacée se réchauffa très vite à mon contact et bientôt il irradiait d'une chaleur agréable. Geralt ouvrit l'outre de peau et huma. Il but une gorgée puis me la tendit.

– Méfie-toi, c'est fort.

 Je bus à mon tour et me mis à tousser quand l'alcool me brûla la gorge. Je sentis la chaleur envahir ma bouche et glisser dans ma gorge jusqu'à mon estomac. La saveur n'était pas vraiment plaisante mais ça faisait du bien. Je bus une nouvelle gorgée, puis une troisième. L'alcool engourdissait mes pensées, mettant à distance, pour un temps, les souvenirs récents. Nous mangeâmes un peu du pain, de saucisson et de fromage que j'avais dérobés. Je mâchais lentement. La nourriture avait du mal à passer. J'avais peur d'être à nouveau prise de nausées. J'alternais avec l'alcool pour mieux faire passer.

– J'ai beau me répéter que c'était la seule chose à faire, je me sens monstrueuse.

 Je lus dans ses yeux qu'il comprenait. Lui-même était considéré comme un non-humain, un mutant, un monstre façonné pour tuer d'autres monstres.

– Ce n'est pas ce que je vois.

 Il glissa une de mes mèches de cheveux dorée derrière mon oreille, posa sa grande main chaude sur ma joue, me caressant délicatement les lèvres puis effaça la larme qui s'était mise à couler.

– Je vois une femme humaine, généreuse et courageuse. Sans ton intervention, je ne serais probablement plus là, et en tous cas pas en un seul morceau… As-tu toujours aussi froid ?

 Je hochais la tête positivement en frissonnant. J'avais froid à l'intérieur. Il m'embrassa avec douceur et attendit que je réponde à son baiser pour me serrer plus fort dans ses bras et laisser glisser ses mains chaudes sur mon corps.

– Tourne-toi vers Ablette, me proposa-t-il, je vais me coller dans ton dos pour que tu aies bien chaud.

 Je me tournais docilement collant mes genoux et mes tibias contre les flancs roux de la jument, enfouissant mon visage et mes mains dans son pelage doux et chaud. Geralt plaqua son torse contre mon dos, encastra ses genoux au creux des miens et m'entoura de ses bras chauds. Il n'entreprit rien de plus mais je sentais son érection brûlante contre mes fesses. Je sentais également son souffle dans mon cou. J'avais envie, non, besoin, de me sentir à nouveau humaine et femme.

– Geralt ?
– Humm?
– Prends-moi s'il te plaît…

 Il ne se fit pas prier. Ses caresses reprirent, sur tout mon corps puis de plus en plus précises. J'essayais de ne me centrer que sur la sensation de sa peau contre la mienne, de tout ce qui venait me toucher. Je tentais de mon mieux de m'emplir de ces sensations de vie. Mon corps réagissait positivement à ses caresses. Il se souvenait du plaisir ressenti la veille, frémissant, ondulant pour toujours plus de contacts et de sensations. Je cambrai les reins pour l'accueillir en moi et il me pénétra avec lenteur. Je me sentais tellement étroite, c'en était presque douloureux. Il se retira en percevant la résistance et glissa sa main entre mes cuisses offertes pour câliner ma petite perle de plaisir. Son autre main prenait soin de mes seins. Sa bouche parcourait ma nuque, me faisant frissonner. Je me sentais me liquéfier sous l'effet de ses doigts. Je cambrai à nouveau les reins en invitation et il m'emplit progressivement sans cesser ses caresses délicieuses. Ses mouvements étaient lents, doux, tout en retenue comme s'il avait peur de me blesser. C'était agréable, je sentais la chaleur reprendre ses droits en moi. C'était doux. Trop doux pour contrecarrer l'expérience qui continuait de me tourner dans la tête. Je me reculai, l'obligeant à faire de même, pour basculer progressivement sur mes genoux.

– J'ai besoin de plus!
– Plus?
– Plus fort, plus brutal, plus…

 J'étais à présent bien en appuis sur mes mains et mes genoux, tendant ma croupe offerte. Dès son premier mouvement le plaisir explosa, je sentis mon sexe se contracter délicieusement autour du sien dans un premier orgasme fulgurant. Il tint le rythme m'entraînant sur un deuxième palier du plaisir. A ce moment-là je n'étais plus que dans la sensation du glissement en va et vient rythmé par la percussion de de son bassin contre mes fesses et de testicules contre ma fente à chaque fois qu'il venait me heurter au plus profond de mon intimité. Chaque coup de boutoir était un éclat de plaisir brut qui m'arrachait un petit cri. Ça semblait bon pour lui aussi, je l'entendais à son souffle rauque. Me sentant sur le point de jouir à nouveau il accéléra la cadence pour accentuer mon plaisir et prendre le sien de concert. Mon cri de jouissance s'envola dans la nuit, haut et clair, mêlé au gémissement grave de Geralt. Il se retira avec un soupir.

 Je me calai dos à la jument et me lovai contre le Sorceleur, inversant notre posture de petites cuillères. Je n'avais plus froid. L'alcool et le plaisir me laissaient anesthésiée, flottante. Je me sentais en sécurité malgré les bruits nocturnes. Je m'endormis rapidement, épuisée par cette journée.

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