4 - Damian 

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Damian

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— Chacun son style, chacun sa vie...

L'enceinte de Samuel crache toujours son reggae aux basses lourdes et aux paroles incompréhensibles lorsque je franchis la porte de sa chambre.

— On perd dans sa liberté, correspondre à des critères qu'ils voudraient nous imposer...

Étendu de tout son long sur son lit mal fait, mon petit ami me coule à peine un regard lorsque je viens m'étendre près – sur – lui. Ses lèvres bougent lentement, comme s'il cherchait à chanter les paroles que l'interprète lâche bien trop vite pour notre petit niveau de français.

— C'est qui celui-là ? je demande en prenant son visage en coupe.

— I Woks Sound.

— Connais pas.

— Super étonnant.

Il devrait être en colère, furieux que sa fichue génitrice les ai retrouvé son frère et lui, hors de lui, je ne sais pas moi. Mais pas blasé. Son ton traînant, ses yeux aux paupières lourdes, ses membres mous étendus sur le matelas me donnent envie de le secouer.

Ce n'est pas ça la réaction à adopter face à ce qui lui arrive. Et puis, je déteste le voir comme ça, presque vidé, les bras baissés face à ce qui lui tombe sur le coin du nez.

Mon Samuel ne réagit pas comme ça.

Dans la poche arrière de mon jean, mon portable vibre et mon petit ami s'en empare pour lire distraitement un message sur l'écran d'accueil.

— C'est qui ''TejonSTMG'' ?

— C'est Evan, de la terminale STMG. Tejon ça veut dire blaireau.

— Ok, et donc pourquoi il t'écrit, je cite : « Chaud, bonne beuh, meufs et bières, vous en êtes les branleurs ? » ?

Grillé. Il jette presque mon téléphone à côté de lui sur le matelas, replie ses bras autour de ma taille, m'empêche de me soustraire à son regard qui me balaye d'un coup bref, las.

Evan est un imbécile de première, un beauf relativement insupportable mais, et c'est là qu'est la nuance, il a toujours d'excellents plans pour de bonnes soirées en banlieue. Les clubs à Lyon ne plaisantent pas avec l'âge, et les seuls à nous accepter puent les embrouilles à des kilomètres à la ronde. C'est pourquoi les soirées auxquelles Evan nous convie sont souvent, voir toujours bonnes à prendre : validées, certifiées, sans danger.

Je laisse un sourire que j'espère attendrissant étirer mes lèvres tandis que je fais les yeux doux à Samuel.

— Pour te changer les idées ?

— Dami...

— C'est à Vaux. On peut y aller une ou deux heures et...

— Tes ''une ou deux'' heures, ça tient jamais. J'ai la flemme bébé là...

Je sais que sortir lui ferait du bien. Voir du monde, oublier la vieille mégère qui lui sert de mère, s'aérer la tête. Déterminé, je dépose un baiser le long de sa mâchoire, et hausse les sourcils, défiant.

— Quoi ?

— Je sais pas, je sens le mal de tête venir. Et pour deux semaines.

— Tu me fais du chantage sexuel, vraiment ? T'es désespéré à ce point ?

La porte s'ouvre brutalement, dans un grondement irrité de l'aîné Portgas.

Il glapit, et me pousse d'un coup sec sur le côté. Le temps que je comprenne ce qui m'arrive, Rafaël se tient près du lit de mon petit ami, bras croisés. Il a le bout des oreilles rouge, c'est le seul signe qui trahi sa gêne.

— Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. J'ai toqué trois fois, donc tu serais mignon de baisser ta musique Sam. Et toi...

Il me désigne du menton, avant de soupirer. La manière qu'il a de rouler des yeux de façon mélodramatique me fait sourire, bien malgré moi. Et après ça, Samuel ose me surnommer la ''dramaqueen'' ? Qu'il regarde déjà du côté de sa famille avant de me catégoriser comme il le fait.

— Je donne mon autorisation. Alors fais ce que tu veux, chantage ou pas, mais si vous voulez sortir ce soir, c'est d'accord. Pour tout vous dire, je suis à deux doigts de vous accompagner.

— Ce serait une bête d'idée ça, je souris en le fixant. En vrai ? Tu viens ?

— Mais t'es malade ou quoi ? T'aimerais que Ari nous accompagne ?

Samuel vient de se redresser à son tour pour passer un bras autour de mes épaules. Il a son air dépité que je lui connais bien, celui qui clame son peu d'enthousiasme à se joindre à la partie, mais qui finit par se muer en excitation. Pour une fois que Rafaël nous donne sa bénédiction, ce serait bête de louper le coche.

Je lui coule un regard, attends avec impatience la sentence finale, qui vient dans un souffle désespéré, presque suppliant.

— Ok, mais à une heure max on rentre.

   Sur l'écran de mon portable, il est une heure quatorze, et il est désormais clair que Samuel a oublié son propre couvre-feu. Perdu dans la masse transpirante qui se déchaîne à quelques mètres de moi, je l'ai aperçu il y a dix minutes, avaler une énorme poignée de chips avant de retourner danser, les poings en l'air.

Je savais que ça lui ferait du bien.

Ce n'est pas pour rien si à mes douze ans, j'ai commencé à participer aux soirées débauchées de Soledo : bien que clairement malsaines, elles avaient au moins le mérite de me faire oublier l'Enfer que représentait ma propre maison. Et puis, au moins, mon père pensait à l'époque que je m'intégrais au gang en participant aux soirées des autres membres.

S'il avait su, il m'aurait tué de ses mains. Paix à son âme.

Je ricane en portant mon verre à mes lèvres, le regard perdu sur la piste, tandis qu'à côté de moi, on tire un tabouret, et qu'une forme s'y laisse tomber dans un soupir soulagé.

— Tu es en train de philosopher sur ta vie ?

— Non, je suis pas encore assez bourré pour ça.

Je jette un bref regard sur ma gauche, et avise les yeux perçant de la sœur Petrova braqués sur moi. Son maquillage a quelque peu coulé, sûrement à cause de la transpiration qui fait briller son front et son petit nez en trompette. Entre ses doigts aux ongles parfaitement manucurés, elle tient un gobelet de bière qu'elle descend sous mes yeux en à peine trois gorgés.

— Madeline, mais tout le monde m'appelle Maddy.

— Damian, mais tout le monde m'appelle autrement, et ce malgré mes diverses menaces.

Nous entrechoquons nos poings, alors que Maddy ricane à ma remarque. Elle me semble éméchée, mais ça reste stable : pas comme son frère qui est déjà venu me pomper l'air trois fois depuis que nous sommes arrivés. Ce type est d'une lourdeur affligeante, et semble avoir décider qu'il veut faire de moi son prochain ami ou pire, sa prochaine cible.

Maddy s'assoit plus convenablement sur son siège, croise ses longues jambes avant de me désigner la piste du menton.

— Comment il s'appelle le petit qui est avec toi ? Celui près de Nassim.

— Samuel. Et il est loin d'être petit.

Elle hoche pensivement la tête, me prend mon verre des mains pour m'en prendre une gorgée, avant de me faire part de son enthousiasme quant au match de samedi dernier. Je l'écoute distraitement, mes yeux perdus à contempler cette foule grondante, ruisselante de sueur et d'alcool, qui me rappelle tant celle de Soledo, en étant tout à fait différente. Plus sage sans doute, moins dépravée.

La comparaison est difficile à faire. Chez moi, mon vrai chez moi, c'était latin urbain et R'n'B crasseux. Ici c'est pop et rap insipide. Pourquoi d'un continent à l'autre, les goûts changent-ils autant ? On a pourtant tous le même âge, et plutôt les même façon de vivre, alors pourquoi ? Ne pourrait-il pas y voir un goût universel ?

— Et ça fait zumba, caféw, caféw, carnaval, j'suis dans le quatre-quatre teinté pisté par la banal' !

Le hurlement de la foule dans une synchronie parfaite me fait sursauter. Maddy rit à nouveau à côté de moi, me donne un coup de coude, et me désigne les enceintes du doigt.

— Toi mon p'tit loup, t'as pas l'air habitué aux soirées d'Evan.

— Non, je suis juste pas habitué à vos sons de petits blancs fragiles. Ça veut rien dire en plus, ''zumba caféw'', on frôle le molière c'est fou.

Elle me dévisage, estomaquée, et je réalise trop tard que je viens d'être un tout petit peu raciste sur les bords. Ma propre inattention me fait rire, j'accompagne Maddy dans son hilarité.

Et soudain, revoilà Alexandre le casse-pied.

Entre nous, il encercle sa sœur sous son bras droit, tente de faire la même chose avec moi, mais j'arrive à l'esquiver, plus rapide que ses gestes engourdis par l'alcool.

Il râle, réessaye, se reçoit un regard que j'espère assez clair.

— T'es pas drôle gattino.

— Arrête de m'appeler comme ça, je siffle.

Il secoue la tête, grommelle des paroles intelligibles, avant de partir dans un rire raque.

Ils comment réellement à me gonfler ces jumeaux avec leur airs supérieurs et leur définition très personnelle du fun. Leur ''amusement'' fait peine à voir côté de celui qu'on pratiquait par chez moi.

Décidé, je traverse la piste, rejoins Evan du côté de l'ordinateur depuis lequel est géré la musique, et le déloge d'un coup de coude. L'écran à la luminosité saturée me fait mal aux yeux, je mets quelques secondes à m'adapter, sous le regard intrigué de notre hôte.

— T'as l'air en rogne bébé Yoda, que passa ?

— Quand ta chanson sur la zumba sera finie, tu me passeras ça, on va peut-être pouvoir débuter cette soirée non ?

Il me pointe d'un doigt équivoque, me tend son verre à moitié plein de rhum arrangé, et me hurle par-dessus la musique :

— J'aime ça, let's go baby !

Il est totalement déchiré.

Nathy Peluso de Bizarap se lance peu à peu dans les enceintes, à mesure que l'horripilante voix du chanteur précédent se tarie. Aux premières notes, j'avise Samuel relever la tête, capter mon regard et me faire signe de me rapprocher.

— Je pensais que tu allais péter un câble avant, me souffle t-il alors qu'il attrape mes hanches.

— Je m'assagis on dirait. Allez mi amor, rend cette soirée moins ennuyeuse.

Il n'en faut pas plus au Samuel sur le fil qui se tient face à moi pour se mouvoir contre moi à la façon dont je le lui ai appris. On peut naître avec une grâce et une sensualité naturelle, ou alors on peut se les faire enseigner par les maîtres en la matière. Samuel est ma plus belle réussite.

En quelques secondes, l'ambiance augmente, se réchauffe, devient enfin intéressante. Dans un mimétisme parfait, les autres jeunes autour de nous viennent de se réunir par deux pour s'adonner à ce qui semble être la seule danse possible sur les sonorités latines, le collé-serré en bonne et due forme. Un sourire un peu bête étire mes lèvres. J'aime créer ce genre de chose, bien que personne ne me l'ai demandé.

Samuel me fait onduler à son rythme, Evan m'adresse de grands signes en approuvant le choix musical, euphorique. Il s'agite derrière son ordinateur, termine son verre avant de le jeter par terre.

Du coin de l’œil, je remarque que les Petrova nous ont rejoins sur la piste. Maddy au creux des bras d'un illustre inconnu, son frère aux prises avec une petite blonde pour laquelle il n'a que très peu d'intérêt : ses yeux sont rivés sur moi. Sous la lumière des spots au plafond et des guirlandes de LED, il me semble voir ses yeux briller d'un éclat bleuté surréaliste.

Plus que mal à l'aise, je me retourne face à Samuel, et m'applique à le rendre possessif, le souffle court. Son haleine sent légèrement l'alcool, mais rien de grave. Il est encore largement en pleine possession de ses moyens.

— Sam... ?

Mon murmure contre son oreille le fait frémir des pieds à la tête. Je sens sa peau bouillante sous mes doigts, frissonner à cette simple syllabe qui lui fait tant d'effet.

Il m'indique de continuer, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.

— Marque ton territoire un peu. Le nouveau arrête pas de nous fixer.

Tout à coup beaucoup plus concerné, Samuel jette un regard par-dessus mon épaule : nul doute que si Alexandre nous fixe toujours, il vient de se heurter au bleu glacial des yeux de mon petit ami. En une fraction de seconde, sa prise se raffermit sur mes hanches, descendent un peu plus bas, encore un peu, jusqu'à ce que je le sente sourire contre ma peau.

— Il veut quoi ce type... ?

— De toute évidence, mon cul ou le tiens, à toi de décider.

La chanson se termine, à l'instant même où les lèvres de Samuel articulent un « Qu'il reste à distance » transpirant de menaces.

   Nassim s'écroule près de moi, les yeux écarlates et l'haleine fétide. Je ne dois pas être dans un meilleur état, mais comparé à lui, j'essaye de le cacher un minimum, ma capuche rabattue sur ma tête, mon cadavre de joint écrasé à côté de moi. Mes doigts jouent distraitement avec les cheveux de Samuel, endormi contre moi. Nous n'avons pas eu le temps de rentrer, il s'est écroulé avant même que je ne suggère d'appeler un Uber. La tête sur mes cuisses, le souffle apaisée, il ronfle doucement depuis une demie-heure déjà.

— Mec, j'ai super mal au crâne.

— Pareil, je souffle en tentant de me concentrer sur un point en face de moi.

Ma tête me semble peser une tonne. Je m'endormirais comme d'un rien. Le monde tourne un peu autour de moi : si je devais me lever précipitamment, pas sûr que je ne m'écroule pas comme une vulgaire poupée de chiffon.

Nassim se cale plus confortablement contre mon épaule, et me désigne mon petit ami du menton.

— C'est pas la grande forme, note t-il.

— À ton avis ? D'habitude, lequel de lui ou moi s'écroule le premier ?

Il acquiesce, et écarte les cheveux de mon petit ami pour constater ses yeux clos.

Nassim était avec moi à midi, lorsque j'ai reçu le message de Samuel : « Ma mère est là ». Lui n'a pas compris tout de suite, moi j'ai senti comme une pierre glacée me tomber au fond du ventre. Nous n'avons que très rarement parlé de ses parents – ou plutôt, de sa mère – mais je sais qu'elle n'a pas été des plus exemplaires. Peut-être qu'avec ma mère, elles pourraient former un club ?

Le fait est que bien qu'il assure le contraire, il doit être perturber par ce retour soudain. Et le problème ici, c'est que Rafaël, son pilier, son repaire, est dans le même état : atterré, en colère, triste.

À quoi servent les parents lorsque leur seule utilité est de détruire leur progéniture ? Le bagne n'était peut-être pas un concept à bannir en fin de compte.

— Il m'a fait de la peine à midi, avec ses petits yeux de chiot battu là.

— C'est clair...

Nos mots sont hachés, balbutiés, une chance qu'on commence à assez se connaître pour nous comprendre, et ce même dans notre état second.

Plusieurs personnes sont déjà rentrés, mais je sais de source sûre que les Petrova sont toujours là. Coqueluches oblige, ils seront sûrement des derniers à quitter la maison de Evan.

— Tu sais Coco, j'aimerais pas être à vos places à Sam et toi.

— Hum ? Et pourquoi ça ?

— Vos parents ça a l'air d'être grave de la merde. … désolé.

— Non, non. T'as raison.

Il a même totalement raison. Parfois, je songe à ce que nous aurions été, Samuel et moi, si nos frères et sœur respectifs avaient été aussi défaillant que nos parents ? On ne serait sûrement pas réunis pour en parler.

Nassim vient de caler sa tête sur mon épaule, les paupières aussi lourdes que les miennes.

Est-ce qu'il est encore temps de réveiller tout le monde pour mettre les voiles et rentrer à Lyon ?

Je ne pense pas.

Samuel bouge un peu, tourne son visage vers moi se recroqueville en position de chien de fusil, souffle tranquillement en attrapant le tissu de mon sweat. Je n'ai pas le cœur à le secouer, alors qu'il dort comme un bébé.

Mon portable vibre, un message de Duke s'affiche sur mon écran. C'est une vidéo, que j'ouvre sans plus attendre pour découvrir que de l'autre côté de l'atlantique, à Soledo, se tient une soirée aussi mouvementée que la nôtre. Et pourtant chez eux, il n'est que vingt-et-une heure.

Constatant que Nassim s'est endormi et que Samuel est parti pour de bon pour finir sa nuit niché contre moi, je décide de fermer les yeux à mon tour. Juste quelques secondes, le temps de reprendre une contenance.

— Vous voulez qu'on vous ramène ?

Je rouvre péniblement les paupières, irrité d'être ainsi dérangé, pour tomber nez à nez avec Alexandre. Il a les yeux moins brillants, de toute évidence il a eu le temps de décuver un minimum depuis son petit numéro d'il y a trois heures.

— … quoi ?

— Vous ramener. Vous allez pas dormir par terre comme des clochards.

Il rit un peu, s'accroupit en face de nous et avise Samuel d'un œil concerné.

— Il est bourré ?

— Je crois oui.

Pourquoi est-ce que je lui réponds ? Ce type m'a mis mal à l'aise toute la soirée, et moi j'ai encore la courtoisie de lui adresser la parole ? Je m'étonne parfois.

Alexandre se redresse, me coule un regard indécis, avant de héler sa sœur.

— Guillotière ?

— Vous embêtez pas pour nous c'...

— Tch. Allez, réveille les deux autres et suis-moi. On va passer près de la place du Pont de toute façon. Nassim, c'est au même endroit ?

— Non, avenue de Saxe.

— Ok, c'est à côté, tranquille.

Maddy rentre dans mon champs de vision, ses cheveux sombres retenus en chignon. Elle a troqué sa robe de soirée contre ce qui me semble être un ensemble de jogging gris. De princesse à sac à patate, il n'y a qu'un pas.

J'inspire par le nez, soupire, et commence à me tortiller pour dans un premier lieu, déloger Nassim qui m'écrase sous son poids. Notre ami bat des cils, se gratte le nez, avant de m'interroger du regard.

— Pourquoi tu me secoues comme ça Dami...

— Parce qu'on rentre. Alexandre et Maddy nous dépose.

Il me dévisage, étonné, avant de laisser un petit sourire en coin étirer son visage endormi.

— Une chance qu'il t'ait à la bonne.

— Rien à voir, ils sont... serviables, c'est tout.

Au tour de Samuel de se faire secouer. Il gronde, se raccroche un peu plus à mon sweat, avant d'ouvrir ses grands yeux clairs voilés de sommeil. Il est pâle, trop pâle pour son propre bien. Il respire fort, ses joues se gonflent dans une grimace étranglée, ses lèvres tremblent. Réalisant le problème à temps, je le repousse vivement, et arrive à minimiser les dégâts. Son rejet s'étend sur le salon de Evan, ainsi que sur le bas de mon pantalon.

Je songe un instant à lui gronder dessus, avant de repenser à toutes ces fois où c'est lui, brave et attentionné, qui a géré mes excès.

— Allez, debout mi amor. On rentre à la maison.

— Pardon Dami...

Et voilà. Il pleurniche, comme à chaque fois qu'il abuse un peu trop sur le rhum. Chancelant, il se raccroche à moi de toutes ses forces, manque me déséquilibrer. Son état doit lui faire oublier qu'il pèse presque quinze kilos de plus que moi. Heureusement pour nous, Nassim arrive en renfort, passe un bras autour de ses épaules.

Alexandre et Maddy nous attendent près de la porte d'entrée. L'un et l'autre échangent un bref regard à la vue de mon petit ami, tremblant de fatigue et d'ivresse, mais ne font aucun commentaire. À la place, ils nous conduisent jusqu'à leur voiture, garée le long de l'asphalte.

Sur le chemin, les yeux de Samuel tombent sur un oiseau mort, abandonné près d'un muret.

— On peut pas le laisser là ! s'exclame t-il en me tirant vers le volatile inerte.

— Sam, si. On peut, et on va le laisser là. Il est presque cinq heures, on a d'autres choses à gérer qu'un pigeon mort.

— Il avait peut-être de la famille ? Des enfants ? Ils vont faire quoi ses enfants s'il rentre pas ?

Il fond en larmes tandis que je le ramène vers moi pour l'escorter jusqu'à la voiture, où il s'écroule dans un fracas de larmes et de lamentations.

Alexandre au volant me lance un regard dans le rétroviseur, je hausse les épaules : qu'il démarre, j'ai hâte d'être à la maison.

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