Mauvaise nouvelle

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Au détour d'un couloir de cette grande maisonnée, deux domestiques se rencontrent. L'un est valet de pied et vient de remettre une lettre de la plus haute importance au duc. L'autre est la femme de chambre personnelle de la fille du maitre des lieux. Le jeune homme s'empresse de répandre la nouvelle, en commançant par cette jeune collègue qui croise son chemin. Celle-ci ne perd pas de temps et se précipite à travers le labyrinthe de couloir jusqu'à une porte lourdement ouvragée. Dans sa précipitation, elle en oublie les protocoles de bienséances et entre sans frapper.

La chambre est plongée dans la pénombre. De lourds rideaux rouges obstruent les rayons de soleil qui ne demandent qu'à passer. Tout en les ouvrant, la femme de chambre réveille, par sa voix agitée, sa jeune maitresse. Celle-ci se redresse péniblement et s'étire en baillant. Il lui faut un certain temps pour comprendre les paroles de sa suivante. Quand les mots franchissent sa matière grise, le sommeil s'estompe instantanément et la jeune femme empresse son habilleuse de l'aider à enfiler sa tenue du jour.

Coiffée d'une simple natte, d'où de nombreuses mèches rebelles s'échappent, la jeune maitresse dévalent les escaliers menant au salon où son père prend son petit déjeuner. Arrivée devant la porte, elle s'arrête pour reprendre son souffle, remet en place sa toilette, coiffe les mèches rebelles derrière ses oreilles et entre dans la pièce avec dignité comme l'ordonne son rang et son éducation. Seule ses mains tremblantes, jointent sur le devant de sa robe, trahissent son empressement et son stress.

"- Bonjour père.

- Bonjour Catherine" lui répond t-il sans lever les yeux de la lettre qu'il relit pour la vingtième fois.

La bienséance respectée, Catherine se permet donc d'engager la conversation qui lui tient tant à coeur.

"- Est-ce une nouvelle lettre de Géralt ? Cela faisait un long moment que nous n'avions eu des nouvelles de la guerre".

Bien évidemment, la guerre lui importe peu. Seul les nouvelles sur l'expéditeur l'intéresse.

"- Et pour cause. L'expéditeur de cette facheuse lettre est le Général DE CORNWELL. Il m'informe de sa main, la mort de son fils, le Capitaine Géralt DE CORNWELL et de ce fait, annule votre mariage ma chère ainsi que mon alliance commerciale avec son illustre et fortuné famille " lui répond son père lisant à voix haute le contenu de ladite lettre.

La nouvelle ébranle le coeur de la jeune fille. Elle se sent défaillir sous le choc. Les mots sont bloqués dans sa gorge et elle retient un sanglot à grande peine.

"- Il me faut à présent trouver un nouvel associé. La bonne nouvelle dans toute cette affaire est qu'étant à présent libre de tout engagement, vous pouvez de nouveau vous promettre à un autre homme. Rien n'est perdu" ajoute t-il, cloturant le sujet.

La jeune fille n'y tenant plus, elle salut son père et se retire sans un mot. Son coeur meurtri ne sait plus quelle émotion ressentir. La colère contre son père obnibulé par ses affaires et uniquement par elle, sans jamais lui expliquer en quoi elles retournent, ne livrant jamais le fond de sa pensée. La peur de ce que le futur lui réserve à présent. Le désespoir d'avoir perdu à ami. Un confident. Un amour.

Seule sa fierté dû à son caractère que l'éducation sévère a forgée l'empêche de s'effondrer dans le couloir, au milieu des domestiques. Elle avale les marches, les une après les autres et tout en les escaladant, les souvenir refont surface. Une marche, un souvenir. Une marche. Deux enfants qui rient et jouent à chat dans l'immense jardin. Une autre. Un adolescent qui réconforte une jeune fille usé des remontrances de son professeur. Encore une. Sa demande officielle en mariage durant le bal d'été à Londres. Elle franchit les dernières marches qui la séparent de sa chambre. Le dernier souvenir qu'elle se rejoue dans sa tête depuis son départ au front. Ses doigts gantés qui lui effleurent la joue rosie et la rapproche de son visage. Leurs bouches qui se touchent dans un baiser léger et candide. La promesse de revenir, sussuré à son oreille.

Elle ne peut retenir une larme. Elle entends la voix d'Agathe, sa suivante et accélère le pas. Elle ne veut voir personne, ne veut parler à personne. Elle veut rester seule et se noyer dans son chagrin. Elle claque la porte de sa chambre et la maintient fermé de son corps. La domestique ne persiste pas longtemps et laisse la demoiselle seule.

Alors seulement, elle accepte de libérer le flot de sentiments qui lui arrache le coeur. Elle éclate en sanglots laisse le torrent de larmes dévalé ses joues. Elle se moque éperdument que sa robe finisse trempée. L'heure n'est plus au bonnes manières mais seulement à son malheur, son désespoir et ses rêves enterrés.

Après un long moment. Agathe retourne s'enquérir de l'état de sa jeune maitresse. En montant les escaliers principaux, son regard se pose sur le blason de la famille et sa devise "Un D'ONESTY ne se plaint jamais" et continue sa marche après un long soupir désolé pour la cadette des D'ONESTY. 

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