CHAPITRE 35 - La maisonnette pour l'ermite

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Toute la semaine, les hommes ont récupéré des denrées dans des maisons des villages voisins. Ils revenaient en fin de journée les véhicules chargés de produits. Nos stocks s’étaient confortablement reconstitués. Ils avaient également ramené tout le nécessaire pour équiper la future maison de l’ermite : lit, armoire, table et chaises, fauteuil, linge, vaisselle et autres accessoires de base.

Chacun se répartissait le produit de leurs trouvailles quotidiennes. Chaque maison avait largement de quoi tenir tout un hiver. Ils étaient toujours prudents dans leurs explorations des villages. Les maisons étaient la plupart du temps vides, mais quelque fois ils tombaient sur des corps non inhumés. Les autres habitants avaient disparus des villages, sûrement morts eux aussi ou bien déplacés dans une autre région. Paradoxalement, cette situation dramatique permettait notre survie.

En fin de semaine, nos stocks étaient au plus haut.

Le samedi suivant, nous étions de nouveau tous réunis pour le repas. Nous avons établi nos emplois du temps pour les jours à venir.

Julio et Alberto partiront lundi visiter les militaires au camp. Nous devions avoir des nouvelles avant que l’hiver ne nous permette plus le déplacement jusqu’à eux.

Pendant ce temps, Alfred, Michael et Miguel rapporteront tous les matériaux utiles à la construction de la maisonnette. Alfred savait exactement quoi prendre et où le trouver.

Dès le mardi, de nouveau, tous ensembles, nous nous attaquerons aux travaux de construction.

Le lundi soir, Julio rentra au gite après l’entrevue avec les militaires. Les nouvelles n’avaient pas beaucoup changé. Le pays était toujours dirigé par l’armée, les communautés éparpillées dans tout le pays s’organisaient, comme nous, pour vivre et se nourrir. La situation était calme et stable. Nous nous sentions tous rassurés, au moins, le pays n’était pas à feu et à sang.

Toute la semaine, nous avons travaillé à la construction de la maisonnette sous la direction d’Alfred. Les travaux avançaient vite, la maison était de petite taille. Elle comportait, selon les plans d’Alfred et des souhaits de l’ermite, une pièce principale avec un coin cuisine, un petit cellier et une salle de bain avec toilettes.

Alfred avait livré des pierres de la région, des poutres de la scierie, des lauzes pour la toiture et tout le nécessaire en plomberie et en électricité. Il avait stocké à la bergerie un évier, un lavabo, un bac à douche, un WC, ainsi que de nombreux sacs de ciment, de sable, des lots de carrelage, des portes et fenêtres.

Les travaux avançaient vite, nous étions douze travailleurs attelés à l’ouvrage. Anna et Louisa passaient leurs journées dans la bergerie à jouer avec les agneaux. Le premier jour nous avons creusé les fondations, le second monté les murs en pierre et l’âtre, le troisième mis en place les poutres pour la charpente et le suivant la pose de la toiture en lauzes.

La fin de semaine était arrivée, nous reprendrons les travaux le lundi suivant. L’ermite inspectait avec minutie le résultat, mais Alfred était expert et savait parfaitement ce qu’il faisait.

La semaine suivante, nous avons démarré les travaux intérieurs : le carrelage, la plomberie, la pose des sanitaires, des portes et fenêtres. Diego installa l’électricité qui sera alimentée par les panneaux solaires de la bergerie. Le vendredi, tous les travaux étaient terminés et les meubles installés.

Le samedi tout notre petit groupe devait se retrouver pour le repas à la ferme d’Alberto. Mais avant cela, nous devions tous se rassembler à la bergerie. Alfred nous y attendait, il avait apporté des bouteilles de champagne et des jus pour les enfants. Et c’est, très officiellement, qu’il remit les clefs de la maisonnette à l’ermite sous les applaudissements de tous. L’ermite nous fit un petit discours de remerciement d’au moins trois phrases, ce qui était exceptionnel pour un homme avare de mots. L’émotion lui nouait la gorge, il nous dit que, de sa vie, jamais encore il n’avait reçu un tel cadeau. De voir notre communauté travailler aussi dur pour lui l’avait beaucoup impressionné et touché.

Voilà, il avait maintenant son toit indépendant aux côtés de Miguel, pour le grand soulagement du groupe. Dès lundi, Alfred l’accompagnera pour transporter ses affaires et son chien afin qu’il prenne possession des lieux, au moins pour l’hiver.

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