1er octobre 2016

2 minutes de lecture

Émilie n’est pas venue depuis deux semaines. Elle ne m’a pas appelé non plus. Peut-être est-elle en vacances ? Je n’ai aucune nouvelle depuis notre engueulade et ça me stresse beaucoup. Je me sens tendu. Irritable. Plus que d’habitude. Je me suis offert une virée à l’extérieur, sinon je crois que je serais flingué ! L’ambiance de fin de vie me rend fou ici ! Des pensionnaires décèdent. On voit leur photo à l’entrée, un sobre bandeau noir sur le côté. Souvent, on ne les connaît pas, mais on se projette. D’autres perdent la tête. Hubert, mon plus grand fan, ne m’a pas reconnu hier. J’ai vu son regard se perdre. Il fronçait les sourcils, cherchant à savoir qui j’étais. Puis il s’est énervé et est parti en me criant dessus. J’ai en ai frissonné et je suis parti m’enfermer dans ma chambre, refusant d’en sortir pour le dîner. Allais-je perdre la tête ? Quand ? M’en apercevrais-je seulement ?

Donc, je suis sorti. Un dimanche, lorsque les familles sont de visite, c’est plus facile. Peu d’entre elles se déplacent pour saluer leur momie, mais l’ébullition m’a suffit pour me faufiler dehors.

L’extérieur m’a agressé. Le froid m’a attrapé. Le bruit m’a giflé. L’effervescence m’a entouré. Dur retour au monde réel ! Étais-je déjà si diminué ? Ça m’a vexé ! Mais j’avais juste perdu l’habitude, c’est tout !

J’ai respiré un grand coup et j’ai avancé dans la rue en me tenant au mur, ma canne dans l’autre main. Je suis entré dans le premier bistrot qui s’est présenté. C’était un bar PMU, un peu crasseux. Un parfait dépaysement, loin de l’ambiance clinique de mon chez moi. Ça sentait le tabac froid et la friture. Quelle extase !

J’ai raconté mon histoire au patron et aux quelques habitués qui traînaient là à cette heure matinale. Je n’ai omis aucun détail grivois, ce qui me valu une sympathie immédiate de l’assemblée. Pour la peine, le patron m’a offert un café. De la caféine… S’ils savaient… J’ai consacré mes dernières économies à l’achat d’un paquet de cigarettes, des sans filtres. Tant qu’à faire, autant le faire bien !

Sur les coups de midi, je suis retourné à la maison. J’avais du mal à me l’avouer, mais cette petite excursion m’avait fatigué. Les aides soignants me sont tombé dessus comme une meute de loups sur un agneau. Ils m’ont fait mal et à plusieurs reprises, j’ai failli tomber. J’ai hurlé comme un animal avec une force dont je m’étais cru à jamais dépourvu. J’ai eu droit à une dose de calmants qui auraient assommé un taureau !

À mon réveil, douze heures plus tard, j’ai vu que ces salopards m’avaient confisqué mes clopes.


À suivre...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Alexis Garehn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0