Mains rouges ou mains vertes [par PM34]

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Depuis qu’il avait épuisé son quota de meurtres, Maurice avait beaucoup changé. Comme tout bon psy vous le dirait, il lui fallut passer par les cinq étapes du deuil :

Le déni, étape pendant laquelle il assassina Georgette 6523 fois dans l’espoir vain que cesse la malédiction ; la colère, pendant laquelle il frappa les murs (beaucoup) et ses autres collègues (jusqu’à ce qu’il en ait marre de se faire josetter en retour) ; la négociation, où il essaya de marchander avec la rousse une mort par jour, ce que cette méchante égoïste refusa ; la tristesse qui le fit pleurer pendant deux semaines non-stop (à la grande satisfaction de Georgette) ; et enfin l’acceptation.

Après cela, il devint étonnamment très gentil avec ses amies et particulièrement Georgette, auprès de qui il semblait vouloir se faire pardonner.

Celle-ci en aurait profité pour l’esclavagiser, si la gentille Alba n’avait estimé qu’il avait assez souffert.


La vie reprit son cours au QG, très différente cependant. Maurice et Georgette réussirent même à parler sans s’insulter pendant plus d’une heure, ce qui leur valut une médaille en chocolat offerte de bon cœur par la cheffe qui appréciait le fait de ne pas être réveillée par des hurlements dès le matin.


Un jour, alors que les amis s’occupaient du jardin, la rousse tomba malencontreusement de son escabeau.

— Geoooorgeeeette ! s’écria le vaillant Maurice avant de courir vers elle pour l’aider, au ralenti comme dans les films.

— Nan ça va, t’inquiète, grogna-t-elle en se relevant.

— Non reste couchée ! On ne sait jamais, tu pourrais être blessé ! Je vais appeler les secours !

— Mais je te dis que ça va…

— T’étais à quoi, un mètre soixante ? Une telle hauteur, ça pardonne pas…

— Mais t’es sourd ou juste complètement débile ?

— T’es sûr d’aller bien, hein ?

— Oui…

— T’as pas mal ?

— Si mais ça va…

— Tu veux un massage pour faire passer la douleur ?

— Ah… Bah ouais, pourquoi pas !

— Allonge-toi dans l’herbe, je reviens !


Le gentil monsieur se précipita donc dans sa chambre et en revint en courant. Il s’approcha de la rousse et lui défonça le crâne avec la masse d’arme qu’il avait apportée.

— Maurice ? s’écria la petite Paulette, occupée, comme toujours, à courir après ses poules. Qu’est-ce que t’as foutu ?

— Bah je l’ai massée… Elle était consentante, hein ! Sinon je serais mort de toute façon !

— Pas faux… Par contre t’étais pas obligé de faire ça sur un arbre… Le pauvre…

— Un arbre ?

En effet, au centre de la tâche sombre où se mêlaient le sang et la ridicule cervelle de la rousse, un petit végétal avait poussé. Il grandissait si vite qu’il atteignit la taille des autres arbres du jardin en quelques minutes.

— Bah merde… s'enthousiasma le héros.

— T’as la main verte ! plaisanta José en désignant ses mains couvertes de sang.

— Mieux vaut ça que d’avoir un poil dedans !

— Un poil de dent ? En tout cas, tu as mis la main à la pâte.

— Oui, mais pas à la poche !

— Je ne donne de l’argent qu’en main propre de toute façon !

— Dommage, soupira Maurice en se les essuyant sur leur cadavre d'origine.

— Les garc, on est comme les cinq doigts de la main ! Sauf qu'il y en a un qui est amputé ! rit-elle en désignant le cadavre de la rousse.

— Eh Georgette, tu veux un coup de main ? s'esclaffa-t-il en lui donnant des coups de poing.

— Ah pour ça il n’y a pas de problème, on a le cœur sur la main ! s’écria la chaussette après l'avoir ouverte pour en sortir son palpitant qui ne palpitait plus.

— Haut les mains ! débarqua Paulette.

— Tu en avais marre de courser tes poules, j’en mettrais ma main à couper !

— Tu peux aller changer de main alors, si toutefois quelqu’un veut bien t'acheter…

— Arrête ou on va en venir aux mains !

— Faisons un vote à main levée !

— Perso je m’en lave les mains, pouffa Josette.

— Moi je suis près à faire des pieds et des mains !

— Mais ce sera fait en un tour de main, t’inquiète pas !

— Encore faut-il avoir un bon coup de main.

— Et ne pas être pris la main dans le sac !

— C’est comme des roux biens, on les compte sur les doigts d’une main !

— Mais c’est toi aussi… Moi je dis qu’il faut leur tendre la main !

— C’est ce qui s’appelle en mettre sa main au feu !

— Oui mais toi tu as deux mains gauches !

— Mieux vaut ça que d’avoir les mains baladeuses…

— Ce qui vaut mieux que d’avoir les mains liées !

— Le mieux, c’est quand même d’avoir la mainmise !

— Et de gagner haut la main !

— Il peut également être sympa d’être entre de bonnes… José, où est passé le corps de Georgette ???

— Bah euh... Je sais pas moi…

— Tu l’as mangée !

— Non ! Enfin, pas entièrement…

— José…

— Mais j'vous jure, j'ai bouffé que son cœur !

— Où est le reste, alors ?

— Bah…

— Tiens, vous avez réussi à faire pousser cet arbre ! s'exclama Alba.

— Euh, oui… bredouilla le héros en cachant la masse dans son dos.

— Depuis le temps que j'essaye de l'arroser… Bravo, vous avez la main verte !

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