Prologue

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— Papa ! Papa !

Célia s'époumonait au milieu du chaos. Elle venait de franchir les portes du salut, sa mère Nelly à ses côtés. Un mouvement de foule les avait cependant séparées d’Emmanuel, son père, resté de l'autre côté. Le côté des condamnés…. De temps en temps, elle parvenait à le repérer, mais de plus en plus de monde essayait de forcer le passage, créant un goulot d'étranglement. Derrière elle, les militaires sommaient la population de retrouver son calme et demandaient aux personnes déjà entrées de poursuivre leur chemin dans le complexe, sans attendre tel ou tel proche. Impensable pour Célia.

À contresens du flux d'habitants qui cherchaient à trouver refuge dans ce qui serait sans doute le seul bastion de survivant viable dans toute la région, elle était bousculée de toutes parts. Au milieu de cette frénésie, elle perdit de vue son père. Elle s'attacha alors à scruter le visage de chaque individu qui parvenait à se hisser à travers les portes. Jamais elle ne vit celui qu'elle espérait tant. Bientôt, un responsable donna l'ordre de fermer les portes. Le cœur de Célia s'emballa. Elle hurla de plus belle.

Lorsqu'ils entendirent l'ordre, les candidats au refuge redoublèrent de violence, sentant souffler face à eux le vent d'une condamnation à mort. Les militaires ne parvenaient pas à faire respecter les consignes. Ils finirent par tirer au plafond, sans plus de succès. Au contraire, la frénésie redoubla, certaines personnes n'hésitant pas à en frapper ou à en écraser d'autres. Un ultime ordre finit par fuser. Grave, puissant. Un ordre qui, pendant quelques secondes, figea la scène dans un silence glacial.

« Tirez à vue ! »

Le silence fut rompu par les premiers coups de feu, puis par les cris. Certains firent demi-tour, d'autres tentèrent le tout pour le tout et, malgré les rafales meurtrières, foncèrent en direction des portes. À l'intérieur, des militaires traversèrent les rangs pour se rapprocher de l'entrée, qu'ils entreprirent de fermer. Des dizaines de cadavres s'étaient amoncelés, rendant leur tâche compliquée. Lorsqu'ils y parvinrent, le bruit cessa un instant. Puis, peu à peu, on entendit frapper contre les portes. Elles étaient si épaisses que les coups étaient comme étouffés. On devinait pourtant sans mal ces hommes et ces femmes qui tapaient à s'en exploser les poings, nourris tant par leur instinct de survie que par l'énergie du désespoir.

Célia, elle, était tombée à terre. Elle n'avait plus de force. Meurtrie, elle jura qu'un jour, elle sortirait d'ici pour retrouver son papa. Elle jura aussi que les militaires payeraient le prix de leur inhumanité.

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