Chapitre 6

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Je réfléchissai à la proposition du jeune homme, qui disons-le franchement, me tentait beaucoup.

Je n'avais encore jamais vu d'exposition comme celle dont il m'avait parlé, aussi je me renseignai.

Trois jours plus tard, je décidai, vu l'ampleur de l'exposition décrite sur le site de la commune de Nanterre, de m'y rendre.

Ainsi je fus à Nanterre un samedi au matin, ayant pris le RER. J'avais prévenu Julien par texto que je m'y rendrai, simplement pour le remercier de m'avoir donné l'info. Et il avait proposé de venir me chercher.

"C'est loin du centre-ville, je vous y amènerai sans problème", avait-il dit par message.

Même si je restais sur mes gardes, j'avais senti dans la voix de Julien qu'on pouvait lui faire confiance, qu'il était quelqu'un de bien et de sérieux. Je n'avais pas eu le coeur de refuser après son acte pour se faire pardonner. Et ma curiosité naturelle et irrépressible me poussait à vouloir le rencontrer, le voir en vrai.

En descendant du train, je scrutai inutilement le quai. Je ne pouvais pas reconnaitre Julien puisque je ne l'avais jamais vu, mais lui avait vu ma photo de profil sur Facebook.

Au bout d'une minute qui sembla en durer trente, j'aperçus un jeune homme châtain s'avancer d'un pas rapide vers moi. Mon cœur fit un bond dans sa poitrine : il était bien plus beau que je ne l'avais imaginé. Plus il s'avançait, mieux je distinguais les détails de son visage souriant.

Je peignis une expression de nonchalance sur le mien, bien que je fus surprise.

Lorsqu'il fut à ma hauteur, je lui tendis une main hésitante, qu'il serra.

À présent, je voyais la couleur de ses yeux. Ils étaient noisette.

- Bonjour, Nathalie. Heureux de te rencontrer !

- De même. Ce n'est que le fruit du hasard si je suis ici avec vous, nous sommes d'accord !

- Disons alors que le hasard fait bien les choses... Et tutoyons-nous, non ? On est de la même génération, proposa Julien d'un ton amical, avant de me désigner sa voiture garée de travers sur le parking.

Durant le trajet, nous discutâmes de choses et d'autres ; c'était un grand mélomane et un amoureux de la chanson française. Il m'apprit beaucoup sur les albums de rock les plus mythiques et sa culture générale me surprit.

J'en étais étonnée, car il m'avait semblé lors de nos appels, qu'il n'était pas très cultivé. Mais je devais reconnaitre qu'il était difficile de juger quelqu'un d'après des bribes d'informations lâchées au hasard par téléphone.

- Alors voilà, c'est juste ici, m'informa-t-il en se garant.

Une fois à l'exposition, il m'apprit qu'il allait finalement rester, lui aussi, puisqu'il n'avait pas encore fini de faire le tour de l'exposition.

- Si tu as faim, il y a un kebab un peu plus loin. Ou une pizzeria, comme tu préfères.

- Merci, mais j'ai pris de quoi manger.

J'optai pour que l'on se sépare et que l'on se retrouve sur un banc vers quatorze heures et Julien acquiesça :

- Pas de problème, j'ai déjà vu cette partie de l'expo hier.

- Alors, à tout à l'heure.

Je fus ravie de redécouvrir l'histoire de certains grands avocats dont le nom m'échappait toujours. Je me sentais parfaitement dans mon élément.

Au milieu d'une foule compacte, je distinguai un véritable avocat, dans sa toge d'audience, qui expliquait certains détails méconnus du public sur le métier. C'était le seul avocat en chair et en os de l'exposition.

Puis vers quatorze heures, comme convenu, je retrouvai Julien au banc désigné.

Il avait prit une pizza et m'attendait patiemment. Je le rejoignis sans plus attendre et nous commençâmes à manger dans la minute, affamés comme des ogres. Je m'étais fait deux sandwiches au bacon le matin avant de prendre le train, et j'avais pris des chips.

- Et du coup, toi tu as une amie, Evie, que mon frère aurait dû connaitre, ch'est cha ? me questionna-t-il, la bouche pleine.

J'attendis d'avoir avalé ma bouchée pour répondre :

- Oui. En gros Evie voulait me caser et m'a donné le numéro de ton frère, donc je présume qu'elle le connaissait.

- Alors que lui a dit n'avoir jamais entendu parler d'elle.

- Voilà. C'est ça que je ne parviens pas à comprendre... Et surtout, qu'est-ce qu'elle a trouvé chez ton frère qui aurait pu me plaire ? Enfin, c'est pas pour te vexer ! Surtout que je ne l'ai jamais vu... Mais quand même, il était loin d'être affable.

- T'inquiète. En fait, je sais pas. Il ne me ressemble pas : il a les yeux verts, les cheveux bruns, la face d'un pitbull... Et moi, si beau, je suis atterré par sa laideur.

- C'est une belle preuve d'amour fraternel.

- En fait, nous sommes demi-frères, mes parents ont divorcé quelque temps après ma naissance, déclara-t-il.

Il reprit, mi-amusé, mi-sérieux :

- Il faut croire que ma beauté a laissé des doutes quant à la paternité de mon soi-disant géniteur.

Je lui lançai un regard de reproches. Il avait beau plaisanter, son assurance me décontenançait. Avait-il vraiment un tel ego ?

- C'est vrai, quand même. Il faut bien avouer que mon père a pas hérité de la meilleure partie de l'ADN de ses parents... Et puisque ma mère avait à l'époque un grand ami avec qui elle avait déjà eu quelques aventures...

Je soupirai. Quoi qu'il puisse dire, je ne trouvai pas correct de parler de son père de la sorte.

- Bon, moi j'ai fini l'expo. Maintenant je peux venir avec toi si tu le souhaites. Comme ça je te dirai les trucs biens ou moins pour que tu perdes pas trop ton temps, proposa-t-il.

- Ça me va.

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