Chapitre 34 : A l'autre bout du monde.

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Pour les Richess les vacances d’été rimait toujours avec grand voyage. Ainsi le groupe d’amis soudés se voyait éclaté au quatre coins du monde pour vivre de belles aventures.

C’est de cette manière qu’on retrouvait Alex Stein et ses parents à un défilé de Vogue Ukraine. Les relations de sa mère s’étalaient jusque dans le magnifique pays de l’Est. Cette dernière, à la recherche des plus beaux mannequins pour sa future collection de vêtement, profitait de l’événement en s’envoyant quelques coupes de champagne. En compagnie de son mari, qu’elle avait allégrement habillé pour l’événement, ils se déplaçaient de siège pour saluer des connaissances.

Quelques minutes plus tard, la deuxième partie du défilé reprit et Alex fut bluffé par une superbe mannequin. La robe noire qu’elle portait la sublimait : le corset, les lacets, la dentelle et la taille étriquée la rendait sexy. Le tutu, les volants et les plumes aux couleurs violacées lui rappelaient une certaine demoiselle. Il fut étonné d’entendre sa pensée résonner à voix haute :


  • Elle irait parfaitement à Laure, tu n’es pas d’accord ?

Immédiatement, Alex fit la grimace. Qu’est-ce que Steve venait faire ici ? Avec dégoût, il l’accueillit à ses côtés.


  • Ne me dis pas que tu m’as suivi jusqu’en Ukraine… C’est effrayant.
  • Je suis un stalkeur, mais pas à ce point là ! Non, mes parents sont aussi présents. Nous avons de la famille, ici, lui expliqua l’asiatique qui se prélassaient dans un costume d’un velours bleu roi. Et ils sont tous fous de voir que je connais le fils des Stein. Fais comme si nous étions amis, je te le revaudrais.
  • Ça t’arrangerait bien, hein, le dévisagea-t-il. Cela dit, je suis d’accord. Cette robe irait merveilleusement bien à Laure. Je me demande pour combien ils la céderaient ? C’est bien que tu sois là finalement. Tu me donnes une excuse pour prendre l’air, viens avec moi, lui ordonna-t-il d’un geste.

Dehors, il sonna directement à Loyd, le plus enclin à offrir une telle merveille à la fille qu’il aimait.

À seulement une heure de décalage horaire, le jeune Akitorishi se prélassait dans un ensemble en lin, marchant à pied-nus sur un très beau carrelage en mosaïque. Après un mois en Égypte, il s’était totalement acclimaté à son chez lui temporaire.


  • Ou vas-tu ? lui demanda son père qu’il croisa dans un des nombreux couloirs de la luxueuse résidence.
  • J’ai un appel, répondit-il en se dirigeant vers un balcon.

Il s’appuya sur le muret en crépis entouré de deux belles colonnes dorées et répondit en observant le paysage étoilé. Après avoir écouté Alex, il n’eut qu’une chose à dire.


  • Tu devrais demander à Sky, c’est lui qui a le plus d’argent. Si c’est trop cher, je participerais peut-être, ajouta-t-il en sentant son ami étonné. Je dois couper ou la note va exploser, se serait bête. Profite bien du restant de ton séjour.

Alex se sentit mal à l’aise après le court échange. Celle qu’il appela ensuite fut Faye. S’il achetait une robe pour Laure, avec pour raison le simple fait qu’elle lui irait à merveille, il devrait se justifier auprès de sa femme. Cette dernière se reposait seule, ou du moins accompagnée d’une gouvernante, dans une villa à l’écart de tout en Autriche. Après le décès de sa mère et les découvertes récentes sur son père, elle en avait plus que besoin.


  • J’ai déjà quelques cadeaux pour toi, la rassura-t-il.
  • Je ne suis pas fâchée, répondit-elle, enroulée dans une serviette et prête à se jeter dans le spa.
  • Tu me le promets ? Cette robe est magnifique, je crois qu’elle ne pourrait pas rêver meilleur cadeau.
  • Alors c’est parfait ! Je le pense, je ne suis pas jalouse ! Elle nous trouve toujours des pépites, alors pour une fois qu’on peut lui rendre la pareille. Envoie une moi une photo si tu le peux, je suis quand même curieuse.
  • D’accord. Est-ce que tu te plais ? Tu me manques, tu sais.

Après de longues minutes à s’envoyer des mots d’amour, le couple se quitta difficilement. Pour les amoureux qui avaient concrétisé à la veille des grandes vacances, ces dernières s’avéraient être un vrai supplice. Ils attendaient patiemment de pouvoir se revoir dans d’autres conditions que dans le deuil.

La rousse prit l’initiative d’en discuter avec Nice qui, depuis déjà trois semaines, voyageait de ville en ville en Italie. S’éclipsant jusqu’aux toilettes du restaurant dans lequel les Challen partageaient un semblant de vrai repas de famille, elle eut la même réflexion. Laure était toujours la première à faire plaisir aux autres. L’achat de cette robe compenserait toutes les attentions et les cadeaux qu’elle avait déjà pu leur offrir. Même si l’anniversaire de cette dernière tombait en février, elle n’hésiterait pas à saisir l’occasion de lui faire plaisir un peu plus tôt que prévu.

Dans la capitale du Portugal, essoufflé d’un footing, Selim marqua également son accord. Comment résister à une demande de sa petite chérie ? Il profita de cette excuse pour s’éterniser au téléphone avant d’être appelé pour un apéro. Il prévint Alex de prendre la robe avant de rejoindre sa mère et son père. Un instant il crut revoir la complicité dont ils avaient pu faire preuve autrefois. Les vacances arrangeaient parfois tout.


Tandis que le blond se décarcassait pour obtenir le parfait présent, il fut surpris en train de négocier par sa mère.

Face à Marry Stein, le créateur fit monter le prix à mille cinq-cent euros, mais les boucles blondes ne se laissèrent pas duper et l’obtinrent pour deux cents de moins. La robe en main, Marry tenta d’obtenir des réponses :


  • Je ne savais pas que tu étais fan des froufrous ? gloussa-t-elle.
  • C’est pour une amie…
  • Je me demande bien à quel genre d’amie on offre une robe aussi chère ?
  • Hum… Je te la rembourserais, donc…
  • Je vois. Tu as raison, ne me dis rien. En échange, tu poseras pour ta chère maman. J’ai besoin de faire quelques tests sur mes dernières créations “homme”, expliqua-t-elle un sourire malicieux aux bouts des lèvres.

Une goutte de sueur sur la tempe, Alex récupéra son bien, content d’avoir échappé au pire, bien qu’un shooting avec sa mère s’annonçât particulièrement éprouvant. Comment aurait-il pu lui avouer qu’elle venait de débourser autant d’argent pour la fille des Ibiss. Plus précisément, pour la fille de son plus grand rival qui, à ce même moment, devait porter une toute aussi belle robe dans la villa la plus chère de Dubaï. À peu de chose près, c’est-à-dire ses vêtements en moins, Laure dansait en lingerie osée dans une salle de bain toute construite de marbre. Après une énième dispute de ses parents qui faisaient alors bande à part dans des hôtels différents pour la nuit, elle s’y était enfermée avec deux bouteilles de rosé. Musique à fond, elle laissait ses pieds glisser sur le carrelage froid, se servant de la boisson comme micro. Alors que la servante qui l’accompagnait toquait de pleins poings à la porte, elle augmenta le volume et envoya valser sa tête dans tous les sens dans la discothèque improvisée. Il ne manquait plus que ses amis pour combler le grand vide qui résidait dans son cœur, qu’elle essayait de noyer avec l’alcool.


***

C’est seulement en sortant de l’avion que Sky découvrit les messages d’Alex, mais il décida d’y répondre plus tard. Après douze heures de vol, il n’attendait qu’une chose : se poser à l’hôtel et prendre un bon bain.

Pendant que Charles s’occupait de ranger ses affaires dans l’immense dressing de sa suite, le richess se laissa couler dans la baignoire si grande qu’il donnait l’impression d’être une cuillère dans un bol de céréale. La tête sous l’eau, il apprécia la tension qu’elle exerçait sur tout son corps. La chaleur l’engourdissait. S’il n’y avait que lui, il y resterait endormi pour toujours. Le manque d’air le fit remonter pourtant bien vite à la surface. Passant ses deux mains de part et d’autre de ses cheveux mouillés, il s’observa dans le miroir à pied devant lui. Ce genre de vie lui allait bien. Un cran derrière, le mur entièrement vitré lui offrait une magnifique vue sur Los Angeles. Contemplant le ciel rouge dans un premier temps, il se pencha pour récupérer son téléphone à terre. En lisant les explications de son pote, il répondit par un simple : “Je suis de la partie”.

Pour Laure, ce serait toujours un oui.

Il y avait tellement de fenêtres de l’autre côté de cette vitre qu’il s’en ficha qu’on le voit complétement nu. Se levant, les pieds encore dans l’eau, il cria après son majordome :


  • Charles ! J’ai besoin de mon peignoir, continua-t-il en entendant un semblant de réponse.

Ce dernier apparut rapidement, l’épais vêtement en main. À l’inverse de son protégé, le vieil homme s’inquiétait qu’il soit épié.


  • Monsieur ! Couvrez-vous vite !
  • Je ne pense pas qui que ce soit regarde…
  • Ce n’est pas une raison. Habillez-vous.

Plongeant ses prunelles vertes dans les yeux vitreux de l’homme, Sky se raidit.


  • Quand m’appelleras-tu enfin par mon prénom ? demanda-t-il d’un ton désespéré.

Confus, il n’eut le temps de répondre qu’ils furent interpellés un frappement à la porte. Allant ouvrir, Charles salua le frère ainé de la famille avant de s’éclipser dans sa propre chambre. En entrant, Billy s’attendait à être accueilli froidement, mais pas autant.


  • Alors petit frère tu as fait bon voyage ? demanda-t-il, enjoué.
  • Pas du tout, je suis fatigué.
  • Oh, donc tu ne seras pas de la partie ce soir ? Nous sortons pour fêter la fin de la première journée de tournage.
  • Quand tu dis nous… Tu veux dire... ?

La porte s’ouvrit à nouveau dans un élan pour laisser entrer Kimi. Toute joyeuse d’avoir croisé le majordome, elle fonça sur Sky.


  • Eh ! Comment ça va ? tenta-t-elle de le prendre dans ses bras.

Par réflexe, il attrapa ses épaules pour l’empêcher de le faire et la dévisagea instantanément, analysant sa tenue. Elle avait gardé les vêtements qu’elle portait dans le désert et son maquillage méritait d’être enlevé, mais le charme opéra. Il tourna son visage quand elle lui fit la moue.


  • Je suis nu en dessous…
  • Eeeew… et dire que j’ai failli te toucher, grimaça-t-elle en se reculant.
  • Oh ça va, je suis propre moi au moins ! s’énerva-t-il immédiatement.
  • Mais défronce les sourcils un peu mec ! répondit-elle en appuyant un doigt sur son front. On est à L.A, c’est pas le moment de faire la gueule ! Je vais me laver et me changer et puis on sort avec tout le monde, ajouta-t-elle en se trémoussant déjà.

Amusé de voir que son frère ne résistait pas au charme de la blonde, Billy eut une petite idée.


  • Kimi, l’interpella-t-il. Je vais aussi me préparer, alors je te laisse le convaincre de venir avec nous, ça marche ? fit-il en lui faisant un petit coucou avant de quitter la chambre.
  • Comment ça ? Tu ne viens pas avec nous ? s’offusqua-t-elle.
  • Je viens d’arriver… Je suis fatigué… dit-il en sortant un pyjama des grandes armoires.
  • Ah non ! Tu ranges ça ! s’exclama-t-elle en venant lui piquer les vêtements.
  • Je t’ai dit que j’étais à poil ! s’écria-t-il à son tour en retenant le peignoir de s’ouvrir.
  • Eh ben va couvrir ta zigounette mon pote ! Parce que ce soir on sort à Los Angeles !
  • Ma… ? Je te dis que…
  • Tu comptes faire quoi ici, hein ?
  • … regarder un film, répondit-il à voix basse.
  • Mais ça va pas dans ta tête… Allez prépare-toi, je déloge pas tant que tu t’es pas préparé.

Très agacé, Sky observa son amie croiser les bras d’un air très déterminé. Ça ne faisait que cinq minutes qu’il l’avait retrouvée et elle lui en faisait déjà voir de toutes les couleurs. Elle ne bougerait certainement pas. Quand il vit le grand sourire qui la gagna quand il sortit une chemise de la penderie, il lui jeta à la figure toutes les paires de chaussettes qu’il trouva pour la chasser de la chambre.


  • Dégage ou tu vas vraiment la voir ma zigounette ! cria-t-il à travers le couloir pour s’assurer qu’elle débarrassait bien le plancher.
  • Aaaaah dégueu !

Dans les rires, il la vit s’engouffrer dans la chambre à l’autre bout du couloir. Parce qu’en plus de devoir venir la surveiller à l’autre bout du monde, il fallait qu’elle dorme dans la suite voisine.

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