Jour de pêche

2 minutes de lecture

Cela fait quelques jours que les guerriers sertèkes patrouillent, pour désamorcer les drones, de plus en plus nombreux à survoler la jungle. Agpe m'a raconté que la Plante en prenait certains, Arköm et son équipe s'occupent d'abattre ceux qui approchent de trop près le village. Visiblement, bien qu'ils m'aient acceptée parmi eux, ils craignent les hommes qui arrivent de l'océan, ou par les airs.

Ce matin, Arköm m'a emmenée sur son bateau, pour m'enseigner la pêche. Nous avons longé la côte marécageuse, là où la mangrove plonge ses racines dans la mer, là où vivent des reptiles titanesques, des moustiques et libellules aux proportions affolantes, et de petits rongeurs aux museaux biscornus.

Nous avons pris des pangasius bien gras et de petits requins qui se cachent dans le sable. Arköm était fier de moi, fier aussi de me montrer son bateau : une longue barque en bois avec un petit toit coloré. Le fond est tapissé de nattes et je crois qu'il y dort, parfois. Je sens en lui comme une soif de liberté. J'aurais parié que la vie dans les cavernes lui paraissait pesante, alors je lui ai posé la question. À tâtons, et en changeant souvent les mots pour d'autres, pour se faire comprendre, il m'a raconté qu'autrefois, les Serteks bâtissaient des maisons dans les arbres, qu'ils étaient des grimpeurs, des cueilleurs, des guetteurs. Et quand je lui ai demandé pourquoi ils avaient quitté les hauteurs des arbres, il m'a d'abord répondu qu'ils avaient dû se cacher. Se cacher de quoi ? Des autres.

Arrivés à la pointe Sud de l'île, nous avons aperçu une dizaine de miroirs allongés, dressés vers les nuages. Les premières tours de l'Agnopole. Arköm était furieux, je l'ai vu à la rage qu'il mettait en pagayant, à sa façon de cracher dans l'eau, à son regard froncé. Il répétait nerveusement quelque chose comme « toujours plus grand », « plus haut », « plus dur ». Il répétait que Mgsmül allait tout arranger. Alors il a plongé avec son harpon de fortune, et n'a refait surface qu'après plusieurs minutes, en portant à bout de bras un requin plus gros que lui. Il a dit quelque chose comme : « Une offrande ne fera pas de mal. »

Annotations

Vous aimez lire Opale Encaust ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0