Chapitre 59

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Il s’agit d’une petite clairière. L’une des nombreuses parsemant les bois entourant le château de l’Ilir. On peut d’ailleurs apercevoir ce dernier ainsi que ses tours, semblables à des flèches pointant une menace venue des cieux. Par un incroyable effet d’optique, les cascades tombant des Hauts-plateaux et bordant l’édifice d’un blanc nacré semblent à deux doigts de se déverser par la trouée qu’offre ce minuscule espace. Donnant ainsi l’impression d’une bulle donnant sur un autre monde.

La lame frôle son dos dans un tournoiement brouillé par la vitesse. Tournant à son tour sur lui-même dans la suite du mouvement, il la ramène devant lui et peut désormais sentir la brise provoquée par le tournoiement sur son visage. Une bénédiction par cette chaude journée mais aussi la promesse d’une terrible mutilation au moindre faux-pas.

Dans un geste ample mais à l’incroyable précision, il effectue une nouvelle arabesque tout en pliant son corps de manière à ce que la lame le frôle de nouveau, puis encore alors qu’il lâche cette même lame dont la pointe effleure presque sa jugulaire. La rattrapant juste avant qu’elle ne touche le sol de son autre main sans même un regard pour la manœuvre, il finit par fendre l’air dans cette note qu’il connaît si bien. La lame paraît même trancher plus que cela alors qu’il se fige dans une posture martiale, son corps parallèle à son arme avec une synchronisation millimétrée.

Caes expire lentement tout en savourant les effets de ses efforts sur ses muscles ainsi que les bruits l’entourant. Il savoure aussi cette paix intérieure qui, il le sait, ne durera pas. Il a juste repoussé ce qui le ronge à plus tard, dans cette lutte perpétuelle à laquelle il se confronte depuis des années.

Il inspire de nouveau profondément avant de se tourner vers Roland Bane qui l’observe depuis quelques minutes déjà mais qui ne s’est pas permis de l’interrompre.

— Je ne sais pas si je dois te féliciter ou te réprimander, lance le grand chevalier aux cheveux argentés. Tu es décidément le plus talentueux combattant que j’ai pu voir à ce jour…

Caes accepte le compliment d’un humble hochement de tête alors que son mentor s’avance vers lui tout en ajoutant.

— Mais utiliser une épée d’aclerium pour ce genre d’exercice pourrait priver la chevalerie de l’Ilir de ce même talent.

S’arrêtant à deux pas de son élève, il pause une main sur son épaule pour le jauger de son regard sévère devant lequel ce dernier ne cille même pas. Après une brève pause, le vieux chevalier finit par afficher une moue presque amusée.

— Peut-être devrais-je être moins inquiet depuis que ta sœur nous a finalement rejoint…

Caes Craft acquiesce une nouvelle fois, avec l’ombre d’une sourire cette fois ci, avant de reprendre cet air grave qui ne le quitte presque jamais.

— Qu’en est-il ?

Un imperceptible tressaillement agite la joue de Roland Bane alors qu’il paraît sur le point de dire quelque chose avant de se raviser. Sa main quitte l’épaule de son protégé alors qu’il se recompose une attitude martiale.

Les mains derrière le dos, il avise le château. L’Ode et l’Egard se distingue des autres chutes par plus d’éclat dans un autre effet d’optique.

— La Reine ne veut guère être alarmiste, lâche le premier chevalier. Cependant, tu n’es pas l’un de nos maires donc je ne vais pas user de gants avec toi…

Il laisse sa phrase en suspens tandis que Caes s’efforce de relâcher ses muscles qui viennent de se crisper indépendamment de sa personne.

Vous n’en n’avez jamais pris…

Cette phrase insidieuse retentit dans son esprit malgré lui et il repousse la vague qu’elle entraîne avec elle.

— Sommes-nous en guerre ?

Curieusement, cela ne soulève pas la moindre once de peur en lui. Il s’est préparé toute sa vie pour cela tout en sachant que ce n’est pas là son combat le plus difficile. C’est lorsqu’il ne se bat plus qu’il doit se confronter à lui-même.

Roland Bane tourne vers lui une expression grave.

— La caravane a été massacrée et les survivants accusent les Rolfs, affirme-t-il. Donc oui, je le crois.

— A-t-on envisagé un groupe de Rolfs non rangés à l’Équilibre ?

Le regard du vieux chevalier se fait dur.

— C’est un groupe de Rolfs qui est à l’origine de la guerre d’il y a vingt ans, lui retourne-t-il sans équivoque. Et le Cranck Pav Ouran aurait dû nous livrer le coupable de ses exactions au lieu de l’un de leurs rejetons ! Si nous avions fait exécuter Grimjow Ravageur, le fantôme de la guerre de la Chair aurait disparu avec lui !

Un frisson se fait enfin sentir à l’écoute de ce nom terrible. Mais cela est vite étouffé par la colère mêlée de haine qui ne tarde pas à faire rage dans le cœur du jeune chevalier. Son visage, lui, ne montre pourtant rien et c’est même d’une voix égale qu’il réplique :

— Comptez-vous m’envoyer sécuriser nos frontières ?

— Non, lui renvoie le chef de la chevalerie de l’Ilir. Je te confie une autre mission. Je te charge d’escorter notre délégation pour le conseil d’Irile qui doit débattre des évènements à venir. Tu es libre de choisir tes hommes.

Caes ouvre la bouche pour protester mais le vieux chevalier lève la main, intimant le silence.

— J’ai mes raisons de t’envoyer, toi, grince-t-il. Le Don sera du voyage.

Le chevalier brun ne manque pas d’afficher sa surprise alors que dans le même temps, la vision d’un petit Rolf le serrant dans ses bras s’impose dans son esprit. Une étreinte qu’il a l’impression de ressentir encore.

— Mais ce n’est pas lui qui m’inquiète…, poursuit son mentor. Le prince l’accompagne.

Un silence s’ensuivit à cette révélation. Un silence durant lequel les bruits alentours se font plus présents, plus sonores. Les pépiements d’oiseaux, les craquements des branches, le frottement de la brise sur les feuilles ainsi que le grondement lointain des chutes.

Il n’est pas dans les habitudes de Roland Bane d’exprimer de telles idées à voix hautes. Il reste le genre d’homme au regard expressif qui peut se passer de mots. Il est le bras droit de la Reine Sériane et le chef de la chevalerie de l’Ilir. Il est un homme d’action qui se fie aveuglément au jugement de sa souveraine.

— Vous n’êtes pas dans les meilleurs termes, lui et toi, reprent-il au bout de cet instant pesant. Et c’est une bonne chose car dans quelques années tu finiras par prendre ma place et sera peut-être son général.

Caes se raidit à cette idée qu’il abomine par-dessus tout. Cependant, quelque chose d’autre pique sa curiosité et repousse cette vague de dégoût pour laisser place à une autre question.

— En quoi est-ce une bonne chose ?

Roland Bane inspire tout en le dévisageant longuement. Enfin, il se tourne de nouveau vers le château.

— Notre Reine est un modèle de droiture, d’exemplarité et d’altruisme, déclare-t-il. Elle nous gouverne comme aucun monarque avant elle et je suis de ceux qui croient à l’histoire du vieux roi Lestvil. L’homme même qui a cédé sa position royale pour devenir général de sa propre armée avant de succomber à la Guerre de la Chair…

— Vous croyez à cette histoire sur la pierre de l’Ilir ? coupe Caes, toujours impassible, mais dont le ton est teinté de doute.

Le regard glacial de Roland Bane le dissuade d’ajouter autre chose alors que l’homme s’avance vers lui. Il le domine de toute sa taille et dans l’esprit du chevalier brun remontent des souvenirs qu’il ne peut oublier.

Ta maman ne reviendra pas, Caes…

Ainsi qu’une colère sourde qui l’empêche d’être intimidé. Aussi, soutient-il le regard incisif de son mentor.

— Même un aveugle se rendrait compte de l’impact que ce jeune homme a sur le monde qui l’entoure, grince le chef de la chevalerie. Mais plus que cela, j’étais là lorsque le roi Lestvil a rendu l’âme. Une blessure au ventre… Il grimace… Une mort terriblement douloureuse. Et même à l’agonie, il a tenu à ce que je lui jure de servir notre Reine avec une loyauté absolue. Il continuait d’en faire l’éloge et je pouvais voir plus que de l’admiration et de l’amour dans ses yeux. Je voyais de la ferveur.

Il marque une pause et son regard glacial se perd dans le vague alors qu’il revit l’instant.

— Puis cela a changé, continue-t-il. Cela a laissé place à la peur, à une terreur absolue. Je connaissais le roi Lestvil depuis l’enfance. Il était comme un père et ce n’était pas le genre d’homme à céder à la peur. Il était un Roi et il incarnait ce titre dans toute sa splendeur. Pourtant, à ce moment-là, je ne reconnaissais plus mon ami. Je ne reconnaissais plus mon Roi. J’ai même cru que la douleur l’avait rendu fou.

Une autre pause s’ensuit où les bruits alentours se font moins présents. Même les chutes d’eau semblent gronder moins fort tandis que Roland Bane baisse à son tour la voix.

— Il m’a parlé de ce jour, dit-il doucement. Ce jour où notre Reine est apparue par l’Ilir et en ce jour, il m’a juré qu’il avait senti quelque chose de terrifiant. Quelque chose qui s’en est pris à la structure du monde même. Il l’a senti jusque dans ses os.

Caes se retient de froncer les sourcils à cette affirmation d’un mourant. Il peut voir que son supérieur croit dur comme fer à ce qu’il raconte. Et Roland Bane n’est pas le genre d’homme à croire à n’importe quelle fable.

— Le monde a hurlé… La voix du chef de la chevalerie est presque un murmure à présent… Le monde a hurlé et notre roi n’a pas été le seul à l’entendre. Et sais-tu ce qu’il m’a révélé ? De la même manière qu’il a su qu’il lui fallait laisser sa place à notre Reine, il a su aussi ce qui avait causé ce cri du monde. Cette terrible certitude qu’il a gardée pour lui jusqu’à ces derniers instants avant de m’en faire part.

Roland Bane inspira longuement avant d’aviser le château par la trouée.

— Le prince en était la cause, souffla-t-il. Et il était encore dans le ventre de sa mère lorsqu’il a provoqué cela… Comme je le disais, c’est une bonne chose que vous ne soyez pas dans les meilleurs termes…

Il laisse un instant sa phrase en suspens avant de tourner le dos à Caes et, en dépit de la situation, ce dernier revoit le chef de la chevalerie des années auparavant. Celui-là même qui lui tourne dos alors qu’il tient sa sœur par la main, juste après la terrible nouvelle.

— Car un jour, conclut-il. Pour la sauvegarde de ce monde, peut-être devras-tu nous protéger de lui.

Son corps tout entier le faisait terriblement souffrir. La douleur dans son bras, elle, était inouïe. Cependant, il n’avait pas lâché le moindre gémissement alors que Jalil lui remettait les os en place dans un craquement écœurant. Un pic dans la souffrance qui avait laissé place à une autre à peine plus ténue mais tout aussi insupportable.

— Je ne peux rien faire de plus, soupira le jeune médecin après lui avoir confectionné une attelle de fortune.

À l’aide de bouts de bois et de vêtements sales, cette dernière avait piteuse mine. Toutefois, le chevalier pouvait s’estimer heureux de cet à peu près.

— Merci, dit-il simplement avant de se lever tout en réfrénant un autre gémissement.

Jalil hocha de la tête avant de rejoindre Yanis. Ce dernier n’avait pas lâché un mot depuis leur « victoire ». Son regard était fuyant et il semblait ruminer de bien mauvaises pensées. Caes se promit une nouvelle fois de le garder à l’œil. Il ne faisait pas confiance au garde de l’Échanson. Quelque chose s’était brisé en cet homme avec la perte de ses frères d’armes et nul ne pouvait prévoir les effets dévastateurs que cela avait occasionné.

Les muscles et articulations de son corps au supplice, Caes contourna la petite cascade. Une aura assassine attira son attention, à une quarantaine de mètres sur sa gauche. Il s’agissait de Lombric. Ses coudes verrouillés sur un petit rocher à hauteur de taille, les mains sous le menton, il n’avait cessé d’observer leur petit groupe de cette inquiétante manière.

En dépit des liens créés durant le précédent jeu, Lombric les voyait depuis le début comme des macchabés en devenir. Cependant, sa haine à leur encontre avait gravi quelques échelons. Son séjour dans la gueule d’une créature marine juste après avoir perdu ses dernières molaires y avait fait pour beaucoup.

Bien qu’il aime en utiliser, cet homme n’était guère habitué à servir d’appât.

Le chevalier n’avait pas manqué de noter que le second de Lombric avait lui aussi pris de la distance. Et pas seulement vis-à-vis d’eux. Ce dernier se tenait également loin de son capitaine. Chose que Caes ne pouvait interpréter.

Ezéquiel se trouvait assis, le dos à même la roche de la paroi humide. Les yeux fermés, il présentait son visage en direction de la voute, et à la brumisation provoquée par la petite chute d’eau. Une fraîcheur bienvenue car la température n’avait pas manqué de remonter avec leur nombre. En plus des joueurs survivants du Drig, d’autres les avaient rejoints dans leur première prison. Et tous, groupes disparates vaquant entre les stalagmites, prenaient bien garde à rester éloignés des eaux noires, arrière-plan sinistre de cette immense geôle.

— Lombric va nous poser des problèmes et je pense qu’il ne sera pas le seul.

Ezéquiel ouvrit un œil injecté de sang et un coin de sa bouche remonta en un sourire douloureux. Avec ses yeux pochés, sa pommette gauche violacée et ses lèvres déchirées, il avait piteuse mine. Sa main droite tenait son flanc gauche, là où ses côtes avaient été brisées par Ulysse Yazak. Une chose pour laquelle Jalil n’avait rien pu faire.

— Tu penses à Yanis, devina le jeune prince dans un croassement.

Malgré lui, Caes ne put s’empêcher de sourire à son tour. Leur situation était désespérée et de nouveaux problèmes se rajoutaient aux déjà très conséquents qu’ils avaient à gérer. Devant ce sourire, Ezéquiel lâcha un petit rire qui lui valut de se plier sous la douleur que cela provoqua.

— On a connu des jours meilleurs, éructa-t-il.

Le chevalier hocha de la tête tout en venant s’asseoir aux côtés de son ami. Réprimant un nouveau gémissement, il s’appuya en douceur contre la roche coupante.

Plusieurs minutes passèrent sans que l’un d’eux ne disent quoi que ce soit. Surgit enfin les pleurs caractéristiques d’une créature de cauchemar. Donnant ainsi l’impression que les Fosses elles-mêmes se lamentaient.

— Je ne crois pas que notre plus gros problème soit Yanis ou Lombric, finit par soupirer Ezéquiel.

— La chose qui a tué Victor et les autres ? demanda le chevalier.

Ezéquiel acquiesça sombrement.

— Rien ne nous dit qu’il n’y en a qu’une.

Pendant un instant, ils ne dirent mots. Bercés par les pleurs d’une créature à laquelle ils allaient devoir échapper le lendemain. En dépit de l’angoisse sourde qu’ils suscitaient en lui, Caes prit le parti d’inspirer et d’expirer calmement. Concentrés sur la sensation de la roche tranchante contre son dos, il exposa à son tour son visage à la brumisation de la petite cascade à côté d’eux.

— Je suis désolé.

Le chevalier baissa subitement la tête en entendant les paroles d’Ezéquiel.

— Désolé ? retourna-t-il, incrédule.

Ezéquiel lui adressa un regard où se lisait une certaine gêne. Ses cheveux noirs y étaient aussi pour quelque chose et lui donnaient définitivement l’air plus humain. En dépit de sa surprise, un léger sourire se dessina sur les lèvres de Caes alors qu’il repensait à Maxence.

À la vue de ce sourire, Ezéquiel roula des yeux comme à son habitude.

— Tu m’avais prévenu lorsque nous étions chez l’Écureuil mais je ne t’ai pas écouté, lâcha-t-il avec difficulté. Je n’ai pas fait confiance à ton instinct et je te promets que ça n’arrivera plus.

Caes hocha une nouvelle fois de la tête à plusieurs reprises. Digérant cette révélation avec précaution.

— Tu viens de t’excuser, là ?

— En quelque sorte…

— C’est un début, tâche de faire mieux la prochaine fois.

— Qui te dis qu’il y aura une prochaine fois ?

Son sourire s’élargissant d’autant plus, Caes inspira longuement avant de confesser à son tour.

— Rassure-toi, nous aurions tout de même fini ici. Je ne pense pas que suivre mon instinct nous ait mis à l’abri de cette petite peste.

— Je le sais, rétorqua Ezéquiel. Je ne me suis pas excusé de nous avoir mis dans cette situation, figure toi !

— Alors elle était pour quoi cette excuse merdique ? répliqua Caes, dont le sourire avait fondu comme neige au soleil.

— Laisse tomber, grommela le jeune prince.

Caes amorça de lever les bras au ciel avant que la douleur aigue de son bras ne l’en empêche, lui arrachant un grondement de douleur qui se mua en un flot acide.

— C’est toujours comme ça avec toi ! Zéro explication ! Que ce soit sur tes paroles, tes actes ou encore tes plans ! Comment veux-tu qu’on te fasse confiance, bon sang ?

— On a tous nos petits problèmes, railla Ezéquiel en retour. Moi, c’est les secrets et toi, la violence ! Et je ne vais pas te faire un scandale à ce sujet.

— Tu oublies ta capacité à choisir qui doit mourir ou non !

— En voilà un coup bas ! J’ai comme un écho de « ce que tu as fait, tu l’as fait à temps »…

— Est-ce que tu pensais ce que tu m’as dit les tunnels ?

Pour le coup, Ezéquiel ouvrit la bouche sans que rien n’en sorte. Son regard se fit incendiaire avant de passer par une foule d’expressions devant lesquelles le chevalier se figea. Agacement, peine et colère qui se succédèrent en quelques secondes seulement alors que le jeune prince tentait visiblement de trouver ses mots.

Il finit par fermer la bouche avant de se lever à son tour tout en dardant des yeux froids sur son interlocuteur.

— Tu devrais le savoir, non ? T’as toujours été bon pour me trouver tous les défauts du monde. Pourquoi est-ce que tu me poses même la question ? Peur que je t’utilise comme un bouclier demain, hein ?

Caes resta silencieux sans ciller devant le jeune prince qui fit un pas dans sa direction. Leurs visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.

— Aurais-tu peur d’être une quantité négligeable ? Un chevalier à mon service ? Un pion sur mon échiquier ?

Sans répondre toujours, Caes restait impassible et un demi-sourire effrayant ne tarda pas à se dessiner sur le visage d’Ezéquiel alors que ce dernier baissait la voix dans un chuchotement à glacer les sangs.

— Et tu as bien raison d’avoir peur, gronda-t-il. Je pense que le monde a bien raison d’avoir peur de moi.

Sur ce, il le contourna et, la main toujours pressée contre son flanc, s’éloigna entre les stalagmites. Le chevalier ne se retourna pas pour suivre son départ, le regard fixé sur la cascade et le bras contre la poitrine.

Il hocha de la tête une fois, deux fois, puis alla s’asseoir de nouveau dos à la roche, ignorant les regards insistants de Jalil, ceux fuyants de Yanis ainsi que l’expression calculatrice d’un boiteux.

Dans les Fosses en pleurs, il aurait été difficile de dire à quoi il pouvait bien penser.

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