Chapitre 8

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— Atcha !

— Auriez-vous pris froid, seigneur ? demanda Maxence alors qu’Ezéquiel se tournait brusquement pour aviser la direction par laquelle ils étaient venus.

Celui-ci sembla hésiter un instant, perplexe.

— J’ai juste eu comme un… frisson.

— Je n’ai pas l’impression que tu regardes dans la bonne direction, plaça Caes.

Le jeune prince fronça des sourcils désormais aussi noirs que ne l’était la mèche de cheveux dépassant de son turban. Ce changement rendait son regard gris encore plus saisissant. Un instant passa avant qu’il ne consente enfin à le reporter sur la cuvette qu’ils dominaient du haut d’une colline officiant de bordure naturelle. Sept autres entouraient cet excavation hérissée de bâtiments carrés ou rectangulaires et striée de rues au parallélisme et à la perpendicularité quasi parfaites.

— L’Écureuil a toujours été un modèle de sobriété, commenta Maxence. Il est aussi le plus ennuyant des douze. Comptes et recouvrements de créance stimulent son quotidien monotone. Ici, nul cadeau, nulle considération pour son prochain… Chiffres et intérêts prévalent sur la vie elle-même qui a ici une valeur bien précise.

Caes esquissa un sourire à la description qui venait de leur être faite et Maxence lui retourna un sourire plus radieux encore avant d’ajouter.

— Et malgré cette apparente rigueur, vous constaterez bien vite que cet endroit n’est pas aussi droit que les lignes qui le tracent.

Son sourire disparut et pour le chevalier, la lumière sembla subitement moins vive.

— N’oubliez jamais où vous vous trouvez.

— J’en déduis que vous nous quittez, avança Ezéquiel alors que Maxence descendait avec la légèreté d’une plume. Merci pour l’avertissement, il nous sera utile…

Maxence lui coupa la parole en éclatant de rire et de nouveau, le jeune prince se renfrogna. Alors que l’éclat de rire perdurait, Caes se fit violence pour ne pas rire à son tour. La malice de Maxence était décidément contagieuse et le chevalier se surprenait à l’apprécier de plus en plus.

— Je parierai sans hésitation sur le contraire, fut-il renvoyé à Ezéquiel entre deux hoquets. Vous, particulièrement, semblez être le genre de personne à s’attirer l’intérêt des gens les plus dangereux. Le seul véritable conseil que je puisse vous donner serait d’être plus convaincant lorsque vous leur faites face. Votre charmant ami ici présent ne pourra pas toujours vous protéger.

Le charmant ami en question piqua un fard alors qu’Ezéquiel tournait vers lui un regard impassible qui camouflait mal son agacement.

— Je te remercie de ton soutien, Caes, finit-il par grincer.

— Vous reverrai-je ? demanda ce dernier sans faire attention à son compère.

— Je le crois, finit par sourire Maxence après un court instant qui parut interminable au guerrier. Je veux connaître la raison de votre émerveillement lorsque vous parliez de Zoréane et de sa beauté enchanteresse.

Un autre moment passa, durant lequel ils se regardèrent droit dans les yeux.

— Je veux aussi savoir pourquoi tant de tristesse…

Une brise vint agiter ses cheveux au curieux auburn mêlé de rouge, ainsi que ses vêtements qui semblèrent aussi fin que la soie la plus délicate. Baigné de reflets sanguins soulignant le crème de sa peau lisse et la roseur de ces lèvres, Maxence resplendissait en cet instant. Un instant qui resterait gravé dans la mémoire de Caes jusqu’à la fin de ses jours.

Une certitude qui emplit le chevalier alors qu’il sentait son cœur se serrer. Sans plus rien dire, Maxence contourna leur charriot pour prendre congé, s’éloignant sans que ces pas ne crissent sur ce sol pourtant pierreux.

— Vous ne preniez pas la direction de la ville ? lança Ezéquiel dont la voix se teintait d’un agacement inhabituel.

— Je vous l’ai dit, seigneur, répondit Maxence dans un souffle. L’Écureuil est le plus ennuyeux des douze.

Sa voix n’était qu’un murmure.

— Nous nous reverrons certainement, mais pas ici.

Sautant du banc pour la terre ferme, Caes contourna à son tour le charriot pour ne trouver qu’une route déserte dans leur dos. Nul rocher, nul arbre sur ce versant de la colline et encore une fois, cette nouvelle rencontre se jouait de sa vigilance.

Il secoua la tête, incrédule.

— Impossible…

Caes se tourna vers Ezéquiel qui était lui aussi descendu du charriot et qui regardait aux alentours avec une expression mitigée. Le chevalier haussa des épaules et Ezéquiel se renfrogna quant à cette imitation de sa personne.

— Tu devrais plutôt te focaliser sur le conseil qui t’a été donné, Ezéquiel. Tu as tout intérêt à être bien plus convaincant dans les jours qui vont suivre. Encore plus en ce qui concerne ton début de plan…

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