Introduction

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Extrait des notes de Falgor Grisetoison, Érudit de l’Ordre du Dragon impérial.

Rédigées à Saintefontaine, datées du 7 Brumaire de l’An 2156.

  Les Hommes ne sont prompts à s’unir et à s’entraider que lorsque leur confort et leur sécurité sont menacés. Hélas, tous les pactes et tous les traités n’ont pas suffi à mettre un terme à la destruction apportée par l’éveil de cette terrifiante entité. Aujourd’hui encore, nul ne connaît son véritable nom. Au sein de l’Ordre, nous l’appelons le Dévoreur de mondes. La Confrontation a laissé la civilisation humaine exsangue. Jamais armée plus grande et plus majestueuse n'avait été dressée avant ce jour, et elle fut balayée en quelques heures. S'ensuivit alors une longue débâcle vers l’ouest, aux confins des terres connues. La fatigue, la famine, la maladie et le désespoir furent autant de fléaux qui amenuisèrent encore les rangs de l’espèce humaine. Dire qu’elle fut au bord de l’extinction relevait de l'euphémisme.

  Lorsque les survivants parvinrent aux portes de ce qui allait plus tard devenir le continent de Fendragon, ils découvrirent l’existence des Al-kimias, une étrange société constituée d’automates longilignes infiniment plus évolués d’un point de vue technologique. Pour nos ancêtres, revenir sur leurs pas revenait à signer leur arrêt de mort. Ils choisirent donc de chasser les occupants d’une contrée capable de recueillir leurs réfugiés. Aucun d’entre eux n’envisagea la voie diplomatique ou n’exprima le désir d’établir un contact avec ces créatures : une nouvelle preuve de notre concupiscence et de notre propension à détruire ce que nous ne comprenons pas. Cette guerre, plus épuisante pour nous que pour nos adversaires, finit miraculeusement par aboutir à notre victoire. Les Al-kimias, par pitié peut-être, interrompirent tout à coup les combats pour s’en retourner dans les Tréfonds, loin sous la surface de la Terre, nous cédant par la même occasion les territoires de l’ouest. Nous ne les revîmes plus jamais, leurs forteresses souterraines nous ayant définitivement fermé leurs portes, de redoutables pièges les protégeant de toute incursion humaine.

  Quant à ce qu’il restait de nos prédécesseurs, ils s’établirent sur ce nouveau continent, demeurant unis suffisamment longtemps pour ériger un gigantesque mur entre eux et la contrée ravagée qu’ils laissaient derrière eux, priant pour que cela suffise à maintenir le Dévoreur loin de leurs existences éphémères. Les années passèrent, puis les siècles, et tandis que la muraille se renforçait, les divisions refirent peu à peu surface. Les Hommes formèrent de nouveaux clans et castes, avides d’accaparer terres et ressources, souvent dans la violence et au détriment les uns des autres. Le commerce reprit le pas sur l’entraide et le troc, les nantis exploitèrent à nouveau les petits, et nous eûmes tôt fait de retomber dans les mêmes travers qui avaient déjà provoqué souffrances et clivages avant le cataclysme. Las, la puissante famille des Fendragon osa se dresser au-dessus de la mêlée pour proposer de tirer un enseignement de nos erreurs et d’œuvrer à la création d’un monde meilleur. Ainsi naquit l’Empire.

  J’estime que le Temple et l’Ordre du Dragon impérial sont ce qui est arrivé de mieux à l’humanité depuis longtemps, offrant une prospérité sans précédent à nos sujets. Malheureusement, le semblant de cohésion et de sécurité que nous parvenons à faire régner me paraît si ténu ! Je ne peux m’empêcher de porter mon regard vers l’est et me demander combien de temps nous serons encore épargnés par ce qui grouille et se tord de l’autre côté du mur. Régulièrement, des héros émérites et des coteries de mercenaires osent s’aventurer par-delà cette imposante structure qui ressemble davantage à des œillères qu’à une protection tangible. Mais aucun d’entre eux n’en est jamais revenu. Et je ne peux pas non plus m’empêcher de craindre que le danger puisse venir de nos propres rangs. Car si j’ai bien appris une chose au cours de ma courte existence, c’est que l’Homme est un loup pour l’Homme...

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