Chapitre 7 : Le centre opérationnel - mise dans l'ambiance...

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  • Dorénavant, cette pièce devient notre centre opérationnel. Il faut que les gars de l’informatique et de la téléphonie nous installent ordinateurs, imprimantes et téléphones fixes.

Un des techniciens, présent dans l'assistance, opina du chef tout en levant sa casquette à bout de bras pour signaler qu'il prenait la mission.

  • Occupons-nous à présent des faits et des indices, reprit Tobias.

Un léger flottement agita l'assistance.

Certains sortirent un calepin pendant que d'autres regardaient avec discrétion leur portable. Dans un coin de la pièce, une horloge à aiguille égrènait le temps en marquant chaque seconde.

  • S’agissant des dix victimes, supposées artistes de cirque, assassinées ou portés disparus... Et au fur et à mesure que l’identification suit son cours... Je veux, poursuivit-il, qu’une équipe se charge de croiser tout ce que l’on pourra savoir de leur parcours professionnel.
  • Se sont-ils connus ici, ajouta Massias, ou bien dans d’autres villes ou à l’étranger ? Il nous faut trouver des points communs, des évènements dans leur passé qui permettent d'établir un lien.
  • Il y a, à coup sûr, quelque chose dans le vécu récent de nos victimes qui les relient entre elles.
  • On peut supposer que le ou les assassins connaissent leurs victimes.
  • Oui, on exclut pour l'instant l'hypothèse du parcours aléatoire d'un meurtrier de circonstance. Tout semble trop millimétré, organisé, prémédité.
  • Il faut obtenir la liste des employés actuels et sur les dernières années dans chaque compagnie d'artistes. Bien que les enfants de la balle changent régulièrement d’employeurs, cela doit représenter au final un effectif limité.
  • Mais tout de même une bonne centaine de personnes, au plus, car il y a des familles, des enfants.

La rumeur gagnait l'assistance au fur et à mesure des constats et de l'importance en volume et en temps des investigations futures à mener.

  • Cela reste encore qu’une supposition. Notre meutrier agirait seul ou à la tête d'une petite équipe. Il peut très bien venir du monde du cirque et mener une sorte de vendetta.
  • On paufine notre profilage en écartant le parcours d’un déséquilibré mental, bien que tout porte à le croire, vu la sauvagerie des meurtres. On voit mal, je me répète, un autre mobile que celui d’une vengeance.
  • En dehors du message vidéo délivré sur le portable du lieutenant Maignan, a-t-on reçu d'autres menaces par Internet, courriel ou téléphone ? Annonça Tobias à la cantonade.

Ce point ne suscita pas d'emblée de réaction, mais il méritait d'être vérifié.

Les deux officiers marquèrent alors une pause et observèrent les visages de l’assistance. Tous ces professionnels se sentaient affectés par ce qui se produisait depuis plusieurs jours. Il n’y avait pas eu de précédents dans ce commissariat et peut-être dans aucun autre.

Le trouble était au maximum.

*

Dans ce type de circonstances, les auteurs des meurtres utilisaient vraisemblablement des complicités dans le commissariat ou manipulaient des intervenants, des techniciens ou des prestataires de services…

Mais là, sur ce point précis, il était vraisemblable que l'enquêteur de l'IGS apporterait rapidement des éléments tangibles à la suite de ses auditions.

Au-delà des apparences, l'hôtel de police ressemblait à une sorte de maison des courants d’air, un morceau de gruyère…Il fallait reprendre la main et passer à l’offensive.

Avant la réunion, les deux officiers avaient convaincu leur « patron » de circonstance de la méthode d'investigation. Et de son côté, Dumontiel faisait preuve d'ouverture. Ils misaient donc au final sur une approche pragmatique.

*

  • Bien, parlons à présent de nos pièces à conviction, des équipements ou accessoires retrouvés sur le site ou des instruments susceptibles d'avoir servi pour mutiler nos victimes.

La partie de tennis reprit de plus belle entre les deux officiers et l'on se disait qu'il entamait un deuxième set.

Chacun se positionna face à l'auditoire mais dans un angle opposé de la pièce. Du coup, chaque répartie qui fusait, captait les visages qui s'orientaient dans la direction de la voix. Et ainsi de suite pour chaque intervention.

Très vite, on pouvait se rendre compte de ceux qui n'écoutaient pas et qui discrètement, regardaient un message sur l'écran d'un téléphone portable dissimulé. Alors, de l'air de rien mais de façon très habile, l'un ou l'autre des intervenants, remontait dans les intervalles comme "une montée au filet" entre les chaises ce qui entrainait immédiatement l'effet escompté.

Il ne manquait plus que le juge arbitre pour noter la marque. Toutefois le commissaire Joublain semblait remplir admirablement ce rôle avec la sagesse et la discrétion dont il savait faire preuve. Il sortit son petit calepin et nota ses idées et ses impressions. Il savait l'importance de garder une certaine distance sur les évènements pour ne pas se laisser engloutir par une actualité forcément désordonnée et aléatoire.

  • Je m'adresse à présent aux chefs d'équipe, pour prendre des notes.
  • D’où proviennent les pastilles de localisation. Ces objets s'utilisent de nos jours pour retrouver ses clés ou son portable.
  • Les voitures miniatures portent la marque très connue Dinky Toys. Ont-elles été dérobées d’une collection ? Regardez dans les mains-courantes, les signalements de particuliers. Allez sur les sites de ventes aux enchères, les collectionneurs…
  • Je veux que la scientifique en liaison avec l’institut médico-légal lance des recherches pour trouver ce qui a permis de découper avec une telle précision chaque individu.
  • Le brigadier Isabelle Mornier et le brigadier-chef Raphaël Duchemin !
  • Présente !
  • Présent !
  • Vous allez vous joindre au capitaine Tobias et moi-même et nous aider à organiser de manière opérationnelle, le poste de commandement depuis cette salle. Il nous faudra des panneaux mobiles pour épingler les cartes et les photos.
  • Je veux que vous lanciez personnellement des recherches sur les enquêtes criminelles menées par Maignan sur les dix dernières années.

Cette demande jeta un froid dans l'assistance. L'investigation serait longue.

  • Vous brieferez le lieutenant Jasper dès son retour. Il assurera la coordination du PC avec toutes les équipes sur le terrain....

Marquant une pause, il se ravisa.

  • Je glisse une parenthèse, reprit-t-il. Je demande à tous de se serrer les coudes et de faciliter le retour du lieutenant Jasper à son poste. Il est clair que la mise au tapis de son collègue et binôme Maignan l'a plutôt émoussé. Et mon camarade et moi-même sommes de tout coeur avec eux pour qu'ils reprennent leur activité, le plus tôt possible.
  • Je précise pour ceux qui auraient des doutes. Les investigations à mener dans le passé de nos enquêteurs visent à découvrir s'ils n'auraient pas au cours de leurs enquêtes précédentes suscité des velléités de vengeance suite à des arrestations ou des condamnations...

=O=

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