Premier et dernier baiser

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L'angoisse monte à mesure que la salle de cours se vide.

Tremblante de la tête aux pieds, je rassemble mes affaires, les fourrant précipitamment dans mon sac. Alors que je m'apprête à quitter la classe, sans un regard pour lui, il prononce mon prénom.

Tout mon corps se fige d'appréhension à l'entente de cette voix grave. Et alors que les derniers élèves quittent la pièce bruyamment, nous laissant seuls tous les deux, mes jambes refusent de bouger.

Courir pour ne plus jamais revenir, me cris désespérément ma conscience. Mais la peur me ronge, et je me sens incapable de le fuir.

Un bras s'enroule autour de ma taille, me sortant brusquement de mes pensées, tandis que la porte se referme. Cette fois-ci, je suis pris au piège, il m'est impossible de m'enfuir. Pas quand il me tient près de lui, me serrant entre ses bras.

Sous mes yeux terrifiés, la clé s'enfonce dans la serrure, nous enfermant pour de bon dans cette salle.

Mon cœur tambourine comme un forcené dans ma poitrine, et à tout instant, mon corps menace de s'effondrer.

Sa prise se raffermit, nous rapprochant encore plus l'un de l'autre et sa tête vient s'échouer dans le creux de mon cou. Son souffle chaud balaye les quelques mèches de cheveux qui se sont échappées de mon chignon désordonné.

  • Il faut qu'on parle...

Incapable de formuler le moindre mot, ma tête se contente d'acquiescer avec raideur.

Avec une lenteur exagérée, il se détache de moi et m'oblige à lui faire face. Sa main vient se déposer délicatement sur ma joue blanchâtre, alors que ses yeux bleus me scrutent intensément.

En mon âme et conscience, je sais qu'un jour, je suis tombée éperdument amoureuse de cet homme.

Mais aujourd'hui, en serais-je seulement encore capable ?

  • Clarissa, regarde moi.

Sa voix ne se veut nullement autoritaire, pourtant, je répugne à accéder à sa requête.

Dans cette histoire, ce n'est pas lui la victime, il peut remballer ses yeux de biche et sa moue plaintive.

Pourtant, je sais bien qu'au fond de moi, le souvenir d'une jeune fille amoureuse subsiste, bravant les intempéries.

Toutefois, il est hors de question que je me laisse amadouer une seconde fois, maintenant que je détiens toute la vérité.

  • Arrête. Je n'ai rien à te dire.
  • Laisse moi m'expliquer au moins, ce n'est pas...
  • Ce n'est pas quoi ?!

La colère prend soudainement le dessus sur la peur. Avec force, je me dégage brusquement de son étreinte empoisonnée, le fusillant du regard.

Les larmes ne cessent à couler le long de mes joues, c'est la fin.

  • Ce n'est pas ce que je crois, c'est ça ?! Quand vas-tu cesser de me prendre pour une conne ?! Je ne suis pas une putain que tu peux prendre puis jeter comme il te chante ! Tu es celui qui a forcé la relation, et comme une andouille, je suis tombée amoureuse de toi ! Mais quel connard tu fais !

La rage me submerge, l'innocence d'autrefois s'est envolé avec les miettes de nous, de ce que nous aurions pu être.

  • Dois-je te rappeler qui a imposé toutes ses stupides règles ?! Stipulant qu'il ne devrait y avoir aucun contact entre nous, tant que je n'aurais pas terminé le lycée ?! Qui m'a manipulé, mentis et abandonné pour aller voir ailleurs, alors que tu m'avais promis monts et merveilles ?! Tu ES celui qui est rentré dans ma vie, tu...

Mes yeux s'écarquillent sous la stupeur quand deux paires de lèvres se déposent sur les miennes.

Notre premier, et dernier baiser. Sa langue s'infiltre dans ma bouche, cherchant sa comparse. Combien aurais-je donné pour qu'il m'embrasse avec tant de ferveur, avant que tout ne dérape ? Avant qu'il ne me délaisse pour une autre ?

Ce baiser a le goût des larmes et de l'amertume, il ne ressemble en rien à ce que je m'étais imaginée. Je ne ressens rien, absolument rien, juste du vide.

Un mélange de sentiments s'empare alors de moi, la tristesse et la colère sont les plus virulents, et ne demandent qu'à sortir afin de pouvoir s'exprimer.

C'est pourquoi il ne m'en faut pas bien plus pour lui administrer une violente gifle, mettant définitivement à terme notre relation.

Nous restons là, à nous observer sans un mot. Puis, avec une détermination nouvelle, je tend la main dans sa direction.

  • La clé.
  • Qu...
  • Donne moi la clé.

Il semble batailler un court instant avec lui-même, mais finit par me tendre l'objet à contre cœur.

Cette fois-ci, tout est terminé, le retour en arrière ne peut plus être enclenché. Ce n'est pas comme si je le désirais de toute manière.

  • Au revoir, professeur...

Et sans un regard en arrière, je quitte la salle, jetant à la poubelle les souvenirs d'un amour impossible.

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