SANS SUITE 22/ Jour 5 : Trucs de femmes (1)

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Lukas me semble de bonne humeur aujourd'hui. Il m'ouvre la portière de la voiture, s'égosille avec moi sur les titres de l'album de Placebo et se moque quand je zappe entre les stations de radio. Nous pouffons quand il essaie de m'en empêcher et que je lui tape sur la main. Je pourrais devenir accro s'il restait toujours aussi détendu. Son sourire éclaire tout son visage et son rire se répercute sur mon cœur. Quand j'entends ce son si joyeux et pourtant si rare, je me retiens pour ne pas l'enlacer et l'embrasser. Bon, il est vrai que je me retiens dès que mes yeux se posent sur lui.

— On pourrait s'arrêter quelque part, hasarde-t-il, malicieux. Dans un champ, par exemple.

— Pourquoi ?

— Tout simplement, Carly, parce qu’une trique d'enfer ne me quitte pas !

Aïe, aïe, aïe. L'effet est immédiat. Une douce chaleur m'envahit et le désir s'insinue entre mes jambes.

— Lukas, on ne peut pas faire ça à tout bout de champs. On doit gérer ça. Imagine ce soir ; tu ne voudrais pas donner une raison aux vautours de te juger.

— Justement, je ne connais qu'un moyen de me calmer.

— Monsieur Sullivan, vous devez vous reprendre !

— Comment expliques-tu que j'ai encore envie de toi si peu de temps après l'orgasme ? Je ne comprends pas. Je ne pense plus qu'à ça. Trop de questions me prennent la tête. Tu crois que je suis malade ?

— Lukas, tu n'es pas malade. Je ne suis pas certaine d'avoir envie d'entendre tes questions, pas plus que tu n'as envie de les poser à voix haute. Essaie de ne garder que le bon côté des choses et oublie le reste.

— Ce qu'il s'est passé en discothèque ne doit pas se reproduire ce soir.

— Tu sauras te tenir, tu seras dans ton milieu. Ne t'inquiète pas pour ta réputation, je n'ai pas l'intention de la ternir. Je veillerai.

Je lui adresse un clin d'œil pour l'assurer de mon soutien et poursuis avec enthousiasme :

— Je t'ai fait plaisir en acceptant de t'accompagner, mais tu sais ce que j'aimerais ? Que tu retrouves l'humeur bon enfant qui t'allait si bien il y a quelques minutes.

J'ébouriffe ses cheveux pour appuyer mes propos et détendre l'atmosphère. Il sourit avant d'entamer un créneau dans une rue que je ne connais pas.

— C'est ta journée aujourd'hui. Fais-toi plaisir comme le font les femmes de milliardaire.

Milliardaire ? Casino. Milliardaire. Une certaine logique.

Nous nous promenons dans l'allée piétonne, main dans la main, à la recherche d'une boutique de robes de soirée. Lukas ne résiste pas devant un marchand de glaces et se laisse tenter par un énorme cornet trois boules. Je le taquine sur ses moustaches au parfum malabar, ce qui me vaut un coup de sorbet sur le menton. Avant que je ne l'essuie, il attrape mes deux mains, se rapproche et lèche la crème fondue sur ma peau. Nous continuons notre marche jusqu'à ce qu'il s'arrête devant un magasin de robes de mariées.

Milliardaire. Femme de milliardaire. Robe de mariée. Aucun rapport.

— Ils doivent vendre des tenues de soirée là-dedans, suppose-t-il, les yeux rivés sur la vitrine. Les témoins portent en général des vêtements assortis, non ?

— Aucune idée, Lukas. Nous n'assistons pas aux mêmes mariages.

Rien ne sert de discuter ; il a décidé d'entrer, quoi que je dise.

Les vendeuses nous accueillent alors que la porte n'est pas encore refermée. Je le laisse les informer de l'objet de nos recherches et elles me proposent quelques modèles que je passe sans conviction. Mon chevalier servant trépigne d'impatience.

— Celle-ci est parfaite, Carly, soupire-t-il. Fais ton choix, nous n'avons pas la journée.

— Ces robes sont toutes plus magnifiques les unes que les autres, c’est vrai. Elles ont été confectionnées pour un mariage. Elles ne représentent pas l'idée que j'ai de la tenue de soirée que doit porter la femme qui t'accompagne.

— Bien, à quoi doit ressembler cette perle rare, Carly ?

Il n'est plus impatient mais exaspéré. L'air se charge déjà d'électricité. Je dois le convaincre avant de déclencher l'orage.

— Je vois une robe longue, unie, droite, décolletée dans le dos et qui met la poitrine en valeur. Pas forcément blanche, mais confectionnée avec des étoffes raffinées.

— Pouvez-vous satisfaire les désirs de Madame ?

Les deux femmes me présentent plusieurs robes qui pourraient correspondre, mais soit les manches sont trop longues, soit un motif vient casser l'uniformité de cette couleur pure.

J'agace tout le monde, je le vois bien. L'une des vendeuses, ne sachant plus comment me satisfaire, nous indique une boutique à quelques rues. Lukas m'avertit de la nécessité pour moi d'y trouver mon bonheur, car il n'a pas l'intention d'entrer dans un autre magasin de vêtements.

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