Prière

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J’aimerais esquisser devant toi, l’Eternel,
Un tertre fait de phrases, de paroles, de pensées.
Pour combler le silence que tu nous as légué,
Qui résonne dans les gorges comme l’impôt du ciel.
Suivant nos mots mutins, notre verbe s’éteint
L’idée s’est érigée, nous sommes tes orphelins.
L’Eternel, tu es mort, pour toujours disparu
Et ne tient que l’amour que tous, nous avons tu
Mais où iront nos fils ? Quelle sinistre oasis ?
Perdus dans le désert de cendre et d’artifices,
En quels rêves, dis-moi, puis-je placer nos espoirs ?
Moi qui n’ai que ton nom gravé dans ma mâchoire !
Que je garde collée face aux conteurs d’histoires
En moi-même, réfléchi, questionnant ma mémoire
Qui, perfide, examine, jauge ton héritage
Ce trésor transporté du tréfonds des vieux âges.

J’aimerai esquisser devant toi, l’Eternel,
Le legs de ta genèse, mappemonde maternelle.
Sculpteur de paysages, poète aux cent virgules,
Que les mots de tant d’autres ont plagié sans scrupule.
Des récits de récifs, acérés par césures
Epopées et périples, pic perforant l’azur !
Mais ces rêves sont foi, fragile serrure
De la brise humaine, brisée sans murmures.
Errant dans l’abysse de l’architecture
Moi, les miens, avons fait le paradis obscur
Il était tien, ta terre, il était ton temple !
Nous nous sommes érigés dieux à ton exemple !
Et modelant le sol, nos croches en orchestre,
Nous, piètres architectes, du tableau terrestre
De l’âpre terre de feu jusqu’au septentrion,
Nous sommes monde exilé dedans ta création.

J’aimerai esquisser devant toi, l’Eternel,
Le souvenir de ceux qui, là-bas, s’emprisonnent
Frappé par le fracas de leurs phrases frêles
Et par leurs longs sanglots, langueur monotone.
Ces êtres trahis qui trébuchent entre les ans,
Aux sentiments sapés et taris par le temps
Pour eux, tu es un mythe, un songe qui nous trompe
Une céleste estampe, esquisse qui s’estompe,
Une promesse de trop aux cœurs solitaires,
Aux visages déjà meurtris de cratères
Stigmate d’ivresse qui s’achève en chagrin
Or, qui damner, d’instinct, en dehors du destin ?
Mais même si l’amour nous mène à l’abysse
Ô non… nous ne nierons, nos nonnes Némésis.
Sain celui qui enceint passion sans être saint
Car l’ardeur à chérir narre en nous l’humain

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