La faucheuse doit de nouveau discuter avec Roger.

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Quelques heures s'étaient écoulées depuis la connexion entre Dalia et Alan, un changement agréable se montrait déjà à l'intérieur de la faucheuse. Cette dernière semblait mieux gérer le combat contre sa part humaine. Le lien avec son immortel au sang spécial renforçait le pouvoir de résistance et laissait une once d'espoir à Lucifer, quant à la déshumanisation de sa protégée. Peut-être n'aurait-elle plus besoin de cette transformation, pensait Lucifer.

Cependant, l'humeur de Dalia se noircit à l'approche de sa confrontation avec Roger. Elle ne voulait plus avoir à lui parler, encore trop blessée par ses actes de trahison. Elle était pourtant obligée de le revoir, lui adresser la parole et par dessus-tout, se reconnecter à lui pour le formater comme Alan, pour avoir plus de protection après sa transformation future et éviter de tuer le primate.

Roger entra doucement, ne se sentant plus le bienvenu dans la chambre de Dalia. Eux qui étaient inséparables et forts connectés avant que Dalia soit abandonnée, étaient maintenant plus apparentés à des étrangers mal à l'aise et n'ayant rien à se dire.

Dalia indiqua à Roger où s'asseoir, il n'avait plus le privilège d'aller sur le lit, et devait se contenter d'une simple chaise de bureau inconfortable. Il se pinça les lèvres, vexé, de voir qu'elle s'en fichait d'être cruelle avec lui, oubliant tous les bons moments passés ensemble.

— Soyons rapides, le temps presse.

— Tu veux plutôt pouvoir te débarrasser de moi au plus vite !

La tension venait de monter d'un cran dans l'atmosphère de la chambre.

— Ne cherche pas à me provoquer, Roger. Tu en as perdu le droit le jour où tu m'as abandonnée avec Miguel pendant plus d'une semaine !

— Bon sang, mais tu en es encore à cette période ? !

Dalia s'approcha impulsivement du ouistiti.

— Bien sûr ! Tu croyais quoi ? Que j'allais laisser quelqu'un de cher à mon coeur me trahir et me piétiner en m'abandonnant, en ayant en plus du sexe avec un autre être que moi, et que j'allais pardonner en deux secondes le danger dans lequel vous m'avez mise ? !

— Combien de fois je vais devoir m'excuser ? J'ai fait en sorte de te protéger de Belzebiffle alors qu'il voulait te tuer sauvagement ! Alors, oui, Miguel et moi avons mal agi en ne prévenant personne et en te laissant seule, mais il ne t'est rien arrivé ! Tu ne peux pas me punir comme ça alors qu'on était super proches toi et moi.

— Justement, je le peux, parce que tu m'as blessée et terriblement déçue. Heureusement que je serai bientôt déshumanisée, je n'aurai plus rien à ressentir.

Dalia fit tendre les mains à Roger.

— On fait comme avant.

Roger prit sur lui pour ne pas se fâcher contre son ancienne amie.

Les deux fermèrent les yeux, connectant leurs mains en respirant profondément pour se concentrer sur leur lien qui n'a pas été utilisé depuis un bon moment.

Rien ne se passa, strictement rien.

— Concentre-toi, Roger ! Tu ne fais aucun effort !

— Je ne peux pas être plus concentré que ça !

Dalia ronchonnait, sans penser qu'il pouvait y avoir un problème.

— On a perdu beaucoup de notre lien, ça fait longtemps que l'on a rien fait ensemble et tu as un lien fort avec deux autres personnes que moi ! Je me sens de moins en moins connecté à toi, chaque jour, j'essaie de t'envoyer des messages par télépathie mais tu ne sembles pas réceptive.

La faucheuse fronça les sourcils. Se calmant, elle réfléchit avant de se rendre compte, qu'effectivement, elle ne ressentait plus rien de magique envers le primate.

— Comment c'est possible ? !

Roger se demandait s'il pouvait confesser ce qu'il pensait.

— Hum.. Je pense que ça a peut-être un lien avec Azazel. J'ai commencé à me sentir différent dès que votre lien s'est révélé plus fort. Jour après jour, je ne ressentais plus la possibilité d'utiliser un pouvoir en commun. Je me sens très fatigué.

Soupirant grandement, Dalia décida enfin de regarder Roger. Et elle fut choquée par le physique dégradé que son ancien ami avait. Son visage ayant toujours été coloré, était pâle, presque gris. Ses joues étaient creusées, au point de penser que le primate n'avait plus de dent. Sa pilosité globale semblait disparaître, pour laisser place à une peau fripée, par une maladie invisible.

Dalia sentit une énorme vague de tristesse la traverser. Elle savait qu'elle avait été cruelle avec le ouistiti, mais elle se demandait si elle n'était pas la cause principale à sa dégradation. Lui avait-elle causé une dépression ?

— J'ai l'impression de mourir, Dalia. Je n'ai pas la force pour me connecter avec toi, parce que quelque chose m'aspire !

Pourquoi Azazel serait dans l'histoire ?

Dalia regarda Roger, peinée, avant de le prendre dans ses bras, dans une étreinte forte en amour. Le primate la serra avec le peu de force qu'il lui restait.

Rapidement, les deux corps furent comme soudés, impossible de se détacher l'un de l'autre. Puis, une brûlure intense au niveau de leur poitrine se fit ressentir.

—Roger, on y est !

Des centaines d'images défilèrent sous les paupières l'un de l'autre. De la sueur commença à couler le long du front du primate tandis que Dalia suffoquait, comme étouffée.

— Ok. Après ma déshumanisation, tu seras apte à me raisonner en utilisant tous les souvenirs que j'avais avant la transformation, dans un unique but positif. Tu pourras te lier à Alan pour renforcer vos pouvoirs sur moi.

Roger semblait fondre dans les bras de la faucheuse, comme si son corps refusait le formatage.

— La vérité sera révélée, tous les doutes, envolés ! Tu feras ton choix de vie ou de mort si quelque chose de mauvais pouvait m'arriver ! Roger, reste avec moi !

Une fumée noire apparut dans la chambre, ça n'était pas bon signe pour Roger. En temps normal, la fumée aurait été orange.

— Roger ! Reste avec moi s'il te plaît ! Tu ne peux pas mourir ! Pas ici, pas maintenant, j'ai besoin de toi ! Je t'aime, s'il te plaît !

Le ouistiti roula des yeux, ses iris perdant leur profondeur. Dalia se mit à hurler de désespoir, il était hors de question qu'un autre être cher meurt, à cause d'elle !

— Ne rejoins pas Mia ! Reste avec moi, tu es fort !

Un souffle lourd, une parole faible.

— Az..Aza..zel.

Dalia savait que Roger ne mentait pas, Azazel devait être derrière toute cette histoire de lien aspiré. Elle se promit de lui en toucher deux mots.

Posant son front contre celui du primate, elle chuchota, presque en pleurant.

— Reste, avec, moi. Je, t'aime.

La fumée noire s'épaissit pendant une dizaine de secondes avant de disparaître, aspirant énormément d'énergie chez Dalia, comme chez Roger.

Leurs corps s'effondrèrent au sol. Plus aucune respiration ne s'entendait, plus rien. L'air semblait vidé de toute vie.

Cinq minutes de mort.

Dix minutes.

Puis la porte de chambre de Dalia éclata en morceaux, laissant entrer Alan, paniqué par le vide qu'il avait subitement et violemment ressenti en lui.

Il courut jusqu'aux corps sur le sol, s'agenouilla et posa ses mains sur les coeurs arrêtés. Il fit gronder en lui une rage destructrice, qu'il concentra pour sauver la vie de sa protégée et de primate.

Des flammes bleues sortirent de ses mains et foncèrent jusqu'à l'organe vital. Une décharge envoyée trois fois de suite, se propageant ensuite dans l'entièreté de l'anatomie.

— On se réveille, les vieux asticots ! On se réveille, ce n'est pas l'heure de mourir !

Se rapprochant d'eux, Alan leur souffla sur le visage, jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'air dans les poumons. Il réitéra les décharges et le souffle pendant une dizaine de minutes.

Roger se réveilla en premier, toussant comme s'il allait cracher toute son être. Le primate aida ensuite Alan en tentant la télépathie avec Dalia.

— Ici Roger, j'ai été sauvé. Reviens ici Dalia, tu peux le faire, t'as bien plus de force et de pouvoirs que moi !

Encore quelques minutes de silence, malgré les appels et la magie. Dalia se réveilla en s'étouffant par manque d'oxygène, que Alan vint immédiatement combler en lui faisant aspirer son souffle.

— Bienvenue parmi nous, madame la faucheuse ! Vous seriez morts tous les deux si je n'avais pas senti en moi que tu partais !

Ils reprirent tous les trois leurs esprits puis échangèrent encore pendant de longues minutes tout ce qui avait été partagé et appris au cours de cette courte connexion.

— Azazel cherche définitivement à tuer Roger ! Je ne sais pas ce qu'il a fait mais on est morts à cause de lui !

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