1- La faucheuse en vaisseau spatial.

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Le squelette en robe noire moulante et courte était au volant d'un nouveau vaisseau spatial flambant neuf, mais le souci sautait aux yeux, la faucheuse n'avait pas le permis de conduire d'un tel engin. Elle paniquait en voyant tous les voyants s'illuminer en rouge.

— Roger, Roger ! Viens ici tout de suite ! Je n'arrive pas à gérer ton foutu vaisseau et ce n'est pas mon boulot de le faire !

Le petit primate arriva en sautillant jusqu'aux commandes de bord, un sandwich à la banane dans la patte droite, une cigarette en fin de vie dans un coin de sa bouche et des lunettes de soleil posées sur son nez.

— Relax ma belle, je suis juste allé me faire un casse-dalle !

— Je m'en fiche, tu dois rester au volant, pas aller flâner à la cuisine. Sinon comment je peux faire mon travail mortel ?

Le ouistiti soupira, fatigué du comportement de diva que sa patronne avait depuis quelque temps. Il termina sa cigarette, qu'il mangea avec les derniers morceaux de son encas, avant de se placer derrière les commandes.

— Il fallait juste appuyer sur le bouton bleu, je te l'ai dit, tant que le mode auto-conduite est en marche, alors tu n'as rien à craindre.

Il tapa sur une multitude de boutons et le tableau de bord s'éteignit. Ses mains sur le volant, il se concentra ensuite sur sa conduite.

— De quoi as-tu envie aujourd'hui, patronne ? Des grands criminels ou des petits cas ?

La faucheuse se gratta le menton, en signe de réflexion.

— J'ai bien envie de faire peur à quelqu'un qui croit aux extraterrestres !

Leurs rires graves se mêlèrent ensemble.

— Allons tuer quelques humains alors !

Le vaisseau spatial prit de la vitesse, volant bien au-dessus des limites et ne respectant aucune règle comportementale. Mais qu'importe, ces deux êtres démoniaques allaient s'amuser.

Après une dizaine de minutes, le vaisseau perça enfin la dernière couche du ciel, celle visible par l'oeil humain. Roger enclencha des diodes, pour appeler le regard d'un petit groupe d'humains en manque de sensation, et bien trop alcoolisé pour être lucide, et surtout surveillé depuis des mois.

— Le petit blondinet me plaît bien, et ce salop vient de pisser sur la pelouse du stade. Je vais lui faire sa fête ! Il me chauffe depuis trop longtemps.

La faucheuse tira une poignée et un filament de lumière perça le dessous du véhicule, aspirant l'adolescent blond.

Ce dernier avait les yeux écarquillés par la surprise et l'incompréhension.

— Qu'est-ce ..

La faucheuse s'approcha de lui, avec une expression sombre mais taquine sur le visage, enfin sur ce qui lui restait de figure.

— Ton heure est venue jeune pousse de bambou.

L'adolescent tituba puis tomba les fesses sur le sol, il ne s'attendait sûrement pas à ce que le squelette devant lui ait une belle voix féminine et grave. Puis, il ne comprenait pas pourquoi sa mère se trouvait subitement devant ses yeux.

— Maman ? Mais t'es pas censée être couchée ? Il est trois heures du matin !

Le ouistiti éclata de rire, tant la situation était loufoque. Il prit donc la parole.

— Mon grand, tu as un bon coup dans le nez, il faut arrêter de boire, et de consommer de la drogue. Toute cette merde te rend vraiment abruti. Devant toi, tu as la mort.

Le jeune s'étouffa avec sa salive, totalement perdu. Maintenant, il voyait une divine beauté qui appelait ses hormones masculines.

La faucheuse soupira, ennuyée de voir si peu de réaction chez le blondinet qui paraissait pourtant être le caïd de sa bande. Lui agrippant les cheveux, elle le releva, puis le fixa dans les yeux.

— Quand tu seras de nouveau vers tes copains, passe leur un message de ma part. Prononce Dalia Curson.

Elle tapota la joue de l'ado, lui souriant de façon à l'aguicher, permettant par la même occasion de l'hypnotiser.

Une dernière caresse tentatrice puis le ouistiti ouvrit de nouveau la trappe du vaisseau, la faucheuse poussa ensuite le blond hors de leur vue.

Le corps s'écrasa au sol dans un bruit impressionnant qui fit sursauter le groupe de jeunes qui cherchait encore où était passé leur leader.

— Jérémy, mon pote ! Mais où tu te cachais, chacal ? Tu t'es évaporé comme par magie ! Et pourquoi ton pantalon est si gonflé ? Il n’y a que des animaux aux alentours !

Le concerné fixa ses amis qui riaient comme des benêts, le regard vide, puis prononça les fameux mots.

— Dalia Curson.

La seconde qui suivit, le petit groupe d'ados tomba au sol. Chacun traversé par du courant électrique si fort qu'il les tua sur le coup.

De son vaisseau, la faucheuse souriait. Elle leva l'index droit et Jérémy se retrouva la tête décapitée, une faux tranchante dans les mains, de façon à ce que la mort passe pour un suicide.

Roger ricana de voir sa patronne si heureuse d'avoir accompli une nouvelle fois sa mission de mort avec succès et plaisir.

— Allez, on peut rayer ces cinq petites vermines, leur temps de vie est terminé. Jérémy Ramirez, Valentin Liblier, Alexandre Traod, Paul Ruchier et Léo Darcio, bienvenue parmi les morts.

Le vaisseau disparut de nouveau dans les nombreuses couches du ciel, dans une atmosphère légère.

La faucheuse raya les prénoms sur son carnet des morts puis se cala confortablement dans son fauteuil, à côté de son salarié.

— Pourquoi avoir voulu que ce gosse prononce ton identité ? Habituellement tu ne le fais pas.

— Oh, j'ai envie d'évoluer et de m'amuser. Au moins, quand ces ados seront dans le royaume des morts, tout le monde saura qu'ils sont envoyés de ma part.

— Dalia Curson, tu es toujours plus étonnante !

Le squelette sourit grandement au petit singe, passant son os en guise de bras gauche, autour des frêles épaules du primate. Sans oublier de croiser les jambes de façon à ce que sa robe, déjà bien courte, remonte un peu plus haut.

— Tu seras récompensé Roger, j'ai trouvé de nouvelles façons de te payer.

Roger se lécha les babines, heureux de pouvoir enfin jouir de quelques nouveaux avantages. Il augmenta le son de la musique, jusqu'à présent peu forte, s'alluma une nouvelle cigarette et prit un air crâneur. La faucheuse fit de même, en s'accoudant contre le rebord de fenêtre du vaisseau, étant pressée de se développer un peu plus dans les jours suivants.

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