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Encore une mauvaise nuit. Arf. Ce n’est plus vraiment de l’inquiétude qui l’habite, mais de la frustration, lui qui déteste l’inconnu.

En ce vendredi matin, Arthur s’est dépêché de s’enfuir au travail, bien qu’étant à peu près aussi productif qu’un étudiant en salle de cours un vendredi matin à 8h. Heureusement, aujourd’hui est sa dernière journée de taf’ avant la prochaine décennie. En effet, ce soir à 16h, il est en vacances ! Ce petit rappel a le mérite de le faire passer de la case morose à presque-pas-morose. Cependant, devant bien fournir un concept de jeu à son client Bunny Company pour la fête des cloches et des œufs en chocolat, il coucha rapidement sur papier un projet de jeu d’énigmes se déroulant dans une maison. De deux à 40 joueurs, ces derniers s’affrontent pour attraper le mystérieux lapin qui cache des œufs dans toutes les pièces. Ça demandera donc un maître du jeu… Le garçon se prend au défi, emporté par son imagination et le crayon de bois qu’il tient de la main gauche. Etant devenu productif vers trois heures et demi de l’après-midi, il décala son départ en vacances à 17h. Une fois le croquis envoyé par courrier-troll, plus connus pour leur rapidité à livrer les colis que pour le bon état de la marchandise, il prit son vélo dans l’optique de rentrer chez lui.

Cette fois-ci, il n’avait pas oublié ses gants, ce qui lui permit de ne pas s’arrêter en cours de route pour souffler sur ses doigts ayant été réduit la veille à l’état de petits glaçons bleus. Passé la rue de la mort, surnommée ainsi à cause des tirs d’enfants en furie, il arriva finalement devant chez lui où il dut user de ses freins pour ne pas percuter la postière, le nez penché sur sa boite aux lettres.

  • Hé ! Attention ! Crient-ils en même temps.
  • Désolé, -- tentative de fierté -- il m’arrive d’oublier ma force quand je pédale.
  • Mais oui, mais oui.

Elle n’en croit rien. Son air amusé pourrait presque le vexer, s’il ne la trouvait pas si adorable. Se reprenant, Arthur pencha la tête sur le côté pour fixer l’intérieur de la petite boite de ferraille. Il y a une autre lettre ! Il s’en saisit en prenant une voix effrénée.

  • Et là ?! C’est vous qui venez de la poster, non ?!
  • Quoi ? Mais non voyons. J’allais justement la prendre. Elle le regarde bizarrement.
  • Mais si enfin, regardez, il lui tend la lettre qu’elle examine en plissant les yeux
  • Et alors ? Il y a marqué votre adresse en expéditeur, pour l’envoyer en… Laponie ?! Elle reprend son air gentiment moqueur. Monsieur est en retard pour sa lettre au Père Noël ?

C’est au tour d’Arthur de s’exclamer. Il tente de l’attraper, mais l’elfe s’esquive gracieusement, semblant danser avec lui dans la neige.

  • Rends-la-moi !
  • Aller ! Laisse-moi lire ! Tu n’as pas déjà été assez gâté ? Tu veux un nouveau vélo ?
  • Rends-la-moiiiiiii !

Son air de chien battu a raison d’elle. Elle finit par lui tendre la lettre qu’il attrape avec méfiance, comme si elle allait à nouveau se dérober. Il se retourne pour l’ouvrir et en lire le contenu, alors qu’il sent une succession de petites tapes sur sa tête.

  • Qu’est-ce que tu peux être drôle… mince !

Il se retourne à moitié pour la voir s’activer en regardant sa montre.

  • Je suis en retard ! Souhaite-moi bonne chance, j’ai la rue de la mort à traverser, dit-elle en remettant en place son long bonnet.
  • Attends… lance-leur… ceci. Ça devrait te donner quelques secondes de répits.

Elle baisse les yeux. Il vient de lui mettre entre ses gants une grosse poignée de bonbons. Il les avait oubliés dans sa hâte de rentrer chez lui. La postière le gratifie d’un nouveau sourire et d’un baiser sur la joue, avant de partir en lui criant ses derniers mots.

  • Il faudra que tu me dises ton nom, un jour ! Elle prit la fuite, laissant le jeune homme hagard dans la neige.
  • Arthur, murmure-t-il. Je m’appelle… Arthur.

Je crois que c'est à ce moment précis, qu'il est tombé amoureux. Mais, n'oublions pas la lettre. Il baisse les yeux pour lire un tout petit mot tapé à l'ordinateur, toujours imprimé chez lui.

« Je n’aime pas te voir comme ça. On peut se parler si tu veux, mais à mes conditions ! »

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