29. Malchance

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Une semaine a passé. Tristan m’a apporté des fringues qu’Élisa a terminé, mais elle n’est pas venue elle-même. Par texto, elle m’a avoué avoir eu peur de déraper et qu’avec son taf, elle ne veut pas passer de nouvelle nuit blanche pour le moment. « Pour le moment », ce sont trois mots qui ne ferment pas la porte à de futures occasions.

Du côté de Lydie, il n’y a eu aucune œillade complice capable de rallumer la flamme. Elle n’évite pas mes regards, mais elle a retrouvé sa neutralité. Il semble plus important de finir le tatouage que de s’envoyer en l’air. Ce sont donc des séances de quatre heures du lundi au samedi qui ont défilées, des séances de torture simple, sans aucune chaleur pour épicer l’ensemble.

Nous sommes mercredi, Presque quatre heures se sont déroulées, et Lydie termine le remplissage de son chef d’œuvre. Elle termine par la hanche, alors j’ai laissé ma culotte sur la patère.

C’est notre dernier rendez-vous avant la séance photo. Après, il n’y aura plus d’occasion de nous lutiner. Peut-être le ressent-elle car tandis qu’elle procède à quelques retouches, le bout des doigts de la main qui tend ma peau, caresse la fente de mon sexe.

— J’ai fini, murmure-t-elle.

— Ça va, je ne vous dérange pas ?

Nous sursautons toutes les deux. Lydie répond à sa collègue :

— Non, je viens de finir.

La jeune femme ferme la porte et lui dit agressivement :

— Tu crois que je ne t’ai pas vu la caresser ?

— C’est bon, c’était juste pour apaiser un peu la douleur.

— Parce que tu apaises la douleur de tes patients comme ça ?

— Mais lâche-moi, c’est juste du bout du doigt ! Je n’étais pas en train de la lécher !

— Tu sais quoi ? Ton ex avait raison ! T’es une putain de nympho ! Tu ne peux pas t’en empêcher !

— Arrête, c’est bon !

— Ça veut dire que t’a dragué ma mère !

— Quoi ?

— Je ne l’ai pas crue, je lui ai dit des saloperies, mais en fait elle avait dit vrai !

— Mais non ! Ta mère dit ça parce qu’elle ne peut pas m’encaisser ! Ta mère elle n’encaisse aucune lesbienne !

— Je ne te crois plus.

— Ta mère c’est une vieille peau fripée coincée du fion ! Pourquoi j’irai la draguer !

— Et la gamine qu’est venue se faire tatouer le mois dernier et pour qui ça t’a pris plus de deux heures pour un pauvre papillon ?

Lydie se mord la lèvre puis reconnaît :

— Ouais…

— Elle avait seize ans !

— Ben elle aimait ça en tous cas. Et ça prouve ce que je dis : je ne les aime pas fripées.

— Et elle ?

Elle me désigne du doigt, bras tendus. Lydie baisse les épaules et soupire :

— Okay, je reconnais ! On s’est un peu frottées samedi dernier.

— Un peu ? Moi je m’occupe des courses et de la paperasse avec la banque pendant que Mademoiselle baise ses clientes ?

— J’ai juste dérapé. Ça n’arrive que de temps en temps ! Ce n’est pas de ma faute si je ne tatoue pas que des gros barbus !

— Ben on va reparler de la répartition des clients ! Le tatouage est fini ? Alors r’habillez-vous et dégagez, nous avons des choses à régler.

J’obéis, ma tête me commandant d’être raisonnable malgré le corps qui me tiraille de lui proposer un plan à trois. Mon cœur lui se brise de créer des ennuis à Lydie. Mais si elle ne peut mentir à sa compagne, que puis-je pour elle ?

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