27. Expérience

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Samedi, sept heures du matin. Il me tarde de voir arriver Lydie sur sa moto, de commencer à remplir ce tatouage, de devenir moi.

Une fois ce tatouage sur moi, il y aura mes débuts à Rennes, mon coming-out, et toute ma vie aura changé. Elisa reste sagement à distance de téléphone, nous ne parlons que couture, et je commence à avoir envie d’aventures plus variées.

Comme répondant à mon appel, le bolide rose bonbon et sa cavalière ralentissent pour monter le trottoir. Elle me sourit derrière son casque. Une semaine à se voir tous les jours, ça rapproche toujours un peu.

Par habitude, nous entrons, elle dépose ses affaires derrière le comptoir, puis tandis qu’elle attache ses cheveux et se lave les mains, dans son petit salon parfumé, je me dénude sciemment.

Je m’allonge, et lorsqu’elle entre, les mains gantées, elle me dit :

— T’es un peu exhib, non ?

— Je ne savais pas par où tu allais commencer.

Elle s’avance vers moi, le cœur battant pour me regarder toute entière. Je saisis ses hanches avec les pieds et lui suggère :

— Ah moins que tu n’aies envie de commencer par autre chose.

— Ça nous fera prendre du retard.

— Tu n’as pas l’air contre les heures sup.

Elle se mort la lèvre, regarde la porte puis s’y hâte pour la fermer à clé. Elle se replace entre mes cuisses, alors je me redresse et pose doucement ma bouche sur la sienne. Sentant son hésitation je lui dis :

— Ne va pas t’imaginer une romance.

— J’ai une tête à chercher une romance ?

Gardant mon œil droit dans le sien, je baisse un peu la tête pour me donner un air gourmand. Ses doigts parcourent mes seins, et elle précise :

— Une seule règle, ne jouis pas trop fort.

— Faudrait que tu me fasses jouir.

Elle a un sourire presque cruel. Elle saisit ma nuque et me colle à elle. Sa bouche m’embrasse dans le cou et la pointe de sa langue effleure le lobe de mon oreille :

— Tu ne me connais pas encore, petite nympho.

Son assurance crue, jumelée à sa langue sur mon oreille m’excite comme je ne l’aurais pas imaginé. Ne désirant pas rester passive, je lève son t-shirt. Elle se laisse faire, comme elle me laisse dégrafer son soutien-gorge. Ses seins menus couleur neige pointent droit vers moi pour que mes mains curieuses viennent aussitôt les découvrir. Insatisfaite, autoritaire, Lydie m’ordonne :

— Fais-voir si t’es plus douée avec ta bouche.

Je passe la langue délicatement sur le premier mamelon avant de le prendre en bouche. Le nez de Lydie lâche un souffle qui m’indique que je n’aurais le droit à aucun sarcasme. Sans crainte, je passe à l’autre. Sa main droite remonte dans mes cheveux et tout en déboutonnant sa jupe en jeans, elle me murmure :

— Surtout ne t’arrête pas.

Je décolle le rebord de mon masque pour mieux m’appliquer.

— Caresse-moi le dos en même temps !

Elle prend mes mains et les fais passer autour de ses hanches. Je découvre sa colonne vertébrale, puis la naissance de sa raie culière dénudée. Une main sur ses monts froids, l’autre entre ses omoplates, j’écoute ses soupirs s’approfondir au fur et à mesure que je joue avec ses tétons.

Sa main toujours gantée me pousse et me plaque dos sur la table. Elle agrippe mes hanches pour me rapprocher d’elle. Son pouce s’enfonce entre mes nymphes, puis remonte humide sur mon clitoris. D’une fermeté torride, elle le comprime, provoquant un spasme imprévu. Il est évident qu’elle peut écourter les préliminaires tant je suis excitée. Dressée sur la pointe des pieds, elle approche un pubis blanc faïence, tondu en ticket de métro au centre, encadré de deux virgules. Elle écarte elle-même ses lèvres pour faire saillir son joyau taillé épais, gardé par un piercing argenté. Ses yeux me torpillent de désir et elle me promet :

— Je vais te faire jouir, nympho.

Son rubis et le mien se rencontrent, d’abord par une ondulation délicate de ses hanches. C’est d’une douceur presque inattendue. Sa promesse résonne en moi comme un écho et exacerbe toutes les sensations délicieuses qu’elle provoque. Les yeux mi-clos, Lydie veille sur moi tout en savourant son propre plaisir.

Elle accélère, à l’écoute de son ressenti tandis que son piercing heurte à chaque passage nos deux pierres précieuses.

Son ventre se creuse, interrompant à chaque spasme notre danse, comme le porte-cellule sauterait sur un disque vinyle. Mais la platine tourne toujours et l’orchestre continue à jouer sa symphonie saphique.

La sentir au bord du précipice, mon cœur se met lui aussi à changer de vitesse, ne sachant plus très bien s’il doit lire un 33 tours ou un 45 tours.

Mon ventre se serre, et vole un sourire à Lydie qui murmure à bout de souffle :

— Vas-y, jouis !

Sa hanche accélère, mon ventre tremble puis ma respiration se bloque. Les ondes de plaisirs brûlent tous mes muscles et me cambrent. Les yeux clos, savourant, je ne vois que son squelette qui se fige en même temps que ses ongles sur mes hanches. Lydie tremble, les jambes faibles et n’arrive même plus à faire des mouvements de bas en haut.

Mes yeux s’ouvrent pour découvrir son air béat et ses yeux qui brillent. Mes pommettes sont sans doute rouges et mon sourire le même. Quelques secondes de silence, d’un simple regard nous nous remercions mutuellement. Elle essuie l’intérieur de ses cuisses avec une compresse avant d’en prendre une autre pour m’éponger également.

Sans un mot de plus, elle revêt sa tenue, déploie sa toile d’origine pour se rappeler des couleurs, déverrouille la porte, ensuite s’assoit avec son pistolet. Je serre les mains sous la table avant de sentir le contact. Il n’y aura pas d’évocation de ce petit moment délicieux, on redevient sérieuses, l’artiste sadique et son œuvre vivante. Elle dépassera sur l’horaire pour rattraper le retard, puis passera au client suivant sur un simple au revoir.

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