13. Vacances

14 minutes de lecture

C’était sympa, c’est le sentiment que j’en retire. Un petit quicky entre copines, loin de l’image romantique que je me faisais d’une première fois. Pourtant qu’elle est belle, la Marion devenue adulte. Elle place sa main pour soutenir sa tête. Allongée de flanc face à face, nous repensons à ces dernières minutes. Elle passe une main légère sur mes hanches.

— T’es trop belle quand tu jouis.

— Merci.

— Première fois ?

Je baisse le regard.

— Hey ! Moi aussi c’était ma première avec une fille. C’était cool.

— Ouais.

— J’aurais dépucelé ton frère et toi. Enfin, si on ne compte pas le viol.

— Ils ne m’ont pas violée.

— Je croyais.

— Ils n’ont pas eu le temps, ça a dégénéré trop vite.

— Je suis… Je suis une merde. On change de sujet ? Tu veux prendre une douche ?

— Oui, je veux bien.

Elle se lève et ouvre la porte de la salle d’eau attenante. Des vêtements traînent au sol. Elle me demande :

— Tu viens ?

J’avance jusqu’à elle, avec la sensation gênante d’être plus nue qu’avant que nous le fassions. Elle porte ses mains à ma perruque puis l’enlève doucement. Ensuite, ses doigts glissent sur le masque. Je la laisse faire, les yeux fermés pour ne pas voir sa réaction. Ma peau respire enfin et un baiser glisse sur ma bouche. J’ouvre les yeux pour voir le sourire peiné de Marion, juste avant que ses mains me guident dans la cabine.

— Si j’avais su, je me serai épilée, sourit-elle.

— Pareil.

— Si on m’avait montrée cette image de toi et moi lorsque j’avais douze ans, j’aurais dit naaan ! Déjà, moi tripoter une fille ? Carrément pas ! Et elle, c’est Élodie ? Non, trop pas possible qu’elle devienne belle !

— Je ne suis pas belle.

— Putain, mais t’as gardé un superbe visage.

J’écarquille les yeux.

— Ben de ce côté-ci.

Je souris malgré-moi.

— Tu me savonnes, je te savonne, on commence dans quel ordre ?

Nous choisissons de commencer en même temps. C’est une toilette peu intime, finalement, peu érotique. Marion est dans un trip d’amitié, et elle confirme ma certitude en me disant :

— C’était cool. Mais tu vois, je serai incapable d’aller plus loin.

— C’est-à-dire ?

— Lécher une autre fille. Ça, ça me dépasse. L’inverse, me faire lécher ne me dérange pas.

— Ah !

Nous nous rinçons, puis quittons la cabine. Une voix de fillette crie :

— Maman !

Je ramasse mon masque et ma perruque, enfile mon maillot à la hâte. Marion finit de s’habiller pile au moment où la porte s’ouvre en grand.

— Papy a acheté des glaces !

La petite blonde qui ne ressemble en rien à sa mère, s’immobilise en me voyant assise sur le lit en train de me chausser. Marion prend un air autoritaire :

— Et bien Maelys ? On ne dit pas bonjour.

Elle reste silencieuse et Marion s’impatiente :

— Va dire bonjour.

La petite hésite, puis avance pour me faire la bise.

— Va voir Papy, je descends.

Elle redescend les escaliers me laissant avec la sensation cocasse de l’amante secrète. Marion retrouve son amicalité naturelle :

— Tu veux que je te ramène chez tes parents ?

— T’as l’heure ?

— Il est bientôt midi.

— Oui, il faut que je rentre.

Nous descendons les marches. La mère et le père de Marion sont présents, bien plus vieux que dans mes souvenirs. Ils me saluent à distance. Mon amante ne leur laisse pas le temps de poser une seule question :

— Je ramène Élodie, et je reviens pour manger.

Nous sortons puis montons dans la petite voiture.

En quelques minutes, nous parvenons au bord de chez moi. J’aimerais demander un dernier baiser mais mon frère est torse-nu sur un échafaudage en train de tailler la haie.

— C’est Lucas ?

— Ouais. Ne lui dis pas qu’on a fait des choses. Je ne veux que personne sache que je suis lesbienne.

— Pas de souci. Pour les secrets, je suis la meilleure.

Marion et moi quittons la voiture. Lucas s’arrête et un sourire heureux fend son visage :

— Marion !

Il saute de son piédestal et lui fait la bise.

— Qu’est-ce que tu fais dans le coin ?

— Je courais, et j’ai croisé Élodie.

— Je vous laisse, dis-je. Il faut trop que j’aille pisser.

— Attends ! Attends ! Fais-moi la bise !

J’embrasse Marion et elle me dit :

— C’était cool de se voir. Si jamais à l’occasion, tu descends du côté de Rennes, tu m’envoies un message. Je t’ajoute sur Facebook.

— D’accord.

Après un regard entendu qui dit toute la tendresse qu’elle aurait à mon égard, je passe la porte de la maison.

— Et bien ! lance ma mère. Ça a été un sacré footing. T’as été jusqu’où comme ça ?

— Jusque chez Marion Dubost. Elle m’a ramenée.

— C’est sympa ça. C’est bien la grande perche dont Lucas était mordu, non ?

— Oui.

— Et alors ?

— C’est toujours une grande perche.

— Va prendre une douche, on mange dans peu de temps.

Je grimpe les marches et vais enfiler des habits. Me sentant d’humeur joyeuse, je choisis un minishort et un débardeur, sans oublier le soutien-gorge pour éviter les remarques déplacées.

De la joie, je passe à la déprime après-déjeuner Lucas disparaît pour rendre visite à Marion et, vu son empressement, je gage presqu’elle va étendre mon frère à ma place sur le matelas. Ce sont peut-être des idées noires infondées, cependant, même si elle se dit 90% hétérosexuelle et peu attirée par le cunnilingus, c’est jusqu’ici la seule nana qui n’est pas trop rebutée par mon visage. Après tout, elle n’a fait aucune réflexion à ce sujet sous la douche. L’heure sucrée en sa compagnie se transforme en malaise amère, alimenté par la peur que ça ne se reproduise jamais, ou que je ne trouve pas son équivalent.

Du coup, me prélasser dans la piscine en même temps qu’Élisa n’arrange pas les choses. Je pensais tourner mon cœur vers Marion, mais le cul-de-sac d’une amitié me fait faire demi-tour.

Le soir dore doucement le ciel. Tristan ayant remplacé Lucas auprès de mon père pour tailler le jardin, Élisa et moi papotons dans la piscine. Malgré tous les nœuds internes qu’elle provoque chez moi, sa conversation est agréable. J’apprends qu’elle n’est pas qu’étudiante, car elle travaille comme apprentie pour un couturier. Elle est passionnée par ce métier, adore ne rien faire de la journée, être dans l’eau et mater les autres nanas.

— Ben quoi ? Si elle est bien foutue, je regarde et je me dis… Mmm comment je pourrais m’habiller pour être plus belle que cette pouf.

Je ris. Ma mère s’approche avec un plateau :

— Cela fait du bien de t’entendre rire, ma chérie. Les premiers melons de la saison. Vous me dites s’ils sont bons.

Je goûte un quartier.

— Ça va.

— Alors sortez de l’eau, on va manger.

La fumée du barbecue nous chasse d’elle-même. Nous retournons à l’étage, non sans remarquer un grand nombre de couverts sur la table de jardin. Élisa passe de la chambre à la salle de bains et par curiosité j’utilise ma vision à travers mur. Une envie vicelarde se tapie au fond de moi, et la trouvant sans conséquence, j’y réponds. J’attends qu’Élisa ait ôté son maillot de bain, puis je pousse la porte. Elle sursaute et attrape la serviette pour s'en cacher la poitrine.

— Putain tu m’as fait peur.

Elle ne cache rien de ses hanches ni de son bassin parfaitement épilé, ce qui me fait éclater de rire. Elle croise les jambes et met sa main. Je mens sans calmer mon hilarité :

— Désolée, je ne t’ai pas entendue entrer dans la salle d’eau.

— Ben entre ou sors, mais ferme la porte s’il te plaît. Imagine que ton père ou Lucas passe.

Je ferme la porte et elle repose la serviette. Elle semble sereine, et détendue en ma présence. J’observe ses seins en obus qui tendent vers l’extérieur. Elle me voit dans le miroir et me dit :

— Tu sais que tu as un regard super gênant ?

— Désolée, je me demandais si tu voulais prendre ta douche avant moi ou après.

— Vas-y, je me maquille. Je me rincerai juste le corps.

— Ben vas-y avant de te maquiller.

Elle cède et se glisse derrière les parois de verre. Je dépose mon masque et me regarde dans le miroir pour me forcer à ne pas mater Élisa. Je n’ai pas été nue en présence d’une autre fille depuis l’âge de dix ans. Finalement, si on s’en tient à tous les petits plaisirs obtenus depuis ce matin, c’est une excellente journée. Maintenant, il faut une conversation pour casser entièrement le malaise :

— Tu sais pour qui ma mère a mis autant de couverts ?

— Ah ouais ! Quand on discutait j’ai entendu que Lucas avait appelé. Il ramène Marion et ses parents.

J’enlève mon maillot de bain en me regardant droit dans les yeux. Je veux être nue devant Élisa, pour savoir ce qu’elle pense de moi. De plus, elle me voit de profil gauche, le beau. Elle ouvre la porte et me dit en s’enveloppant dans sa serviette :

— Tu vois, t’es le genre de fille que je mate parce que je suis trop jalouse.

— Jalouse de quoi ? Je suis loin d’avoir ton charme.

— Peut-être, mais je veux bien tes nichons.

Je souris, contente de l’entendre pour la seconde fois de la journée. Je pose mes yeux sur elle, et nous restons trois secondes immobiles.

— Dès fois, tu me fais flipper quand tu me regardes.

— Désolée.

Nous changeons de place. Je prends une douche complète, puis, enveloppée d’une grande serviette, je me place à côté d’elle. J’ai envie de plaire à Marion.

— Ça va aller vite, je n’ai qu’un œil à faire.

— Tu veux du rouge à lèvre ?

Elle me montre sa trousse remplit d’une vingtaine de variantes de couleur. J’en prends une discrète.

Vingt minutes plus tard, nous sommes prêtes. J’ai chaussé des sandales, vêtu un petit dos nu noir lacé à la nuque et une jupe écossaise empruntée à Élisa. Sur les conseils de cette dernière, je n’ai pas mis de soutien-gorge. Elle m’a aidé à parfaire le maquillage de mes yeux. Ses conseils ont été géniaux et lorsque nous descendons les escaliers, les invités sont déjà là. Marion me regarde et ses yeux me disent que je suis jolie.

— Tu es la plus belle, me dit Maman.

Élisa elle-même semble s’être mise volontairement en retrait, habillée d’une simple robe légère formant un décolleté indécent et découvrant ses jambes. Tristan a enfilé un short et un t-shirt à la va-vite et la blottit contre lui. Marion a un simple short en Jeans et un t-shirt noir.

— Si j’avais su, j’aurais mis quelque chose de plus habillée, sourit-elle.

Les pas de Lucas descendent les escaliers et Marion lève les yeux. Lucas a enfilé un Jeans avec une ceinture et une chemise propre. Il est coiffé et rasé. Les yeux de la grande brune pétillent. La concurrence va être rude entre nous deux.

La soirée en elle-même est agréable. Je mange des petites bouchées pour garder le masque. Maelys m’aime bien, elle a demandé pourquoi j’en portais un. Sa mère lui a dit que je ne pouvais pas l’enlever. Du coup, elle s’est prise d’affection pour moi, inquiète de savoir si mon verre est plein, si j’ai encore faim. Je garde une voix douce, certaine que si je plais à la fille, la mère pourrait envisager l’idée d’une seconde maman d’adoption. Lucas est également au front et la distrait avec des tours de passe-passe, des trucs qui datent du collège et qu’il avait utilisé notamment pour draguer Marion.

Pour animer le dessert, Élisa propose et anime un jeu, où l’on doit écrire un proverbe sur une feuille et la faire passer à son voisin de gauche. Celui-ci doit dessiner le proverbe et ensuite son voisin de gauche doit deviner ce même proverbe, à défaut en imaginer un, et l’écrire. Le papier passe de voisin en voisin jusqu’au tour de table complet. Les gribouillis hideux et les proverbes inventés provoquent des fou-rires. Depuis l’accident, je n’avais pas ri ainsi. Un nouveau point pour Élisa.

Mon père a servi le calva, la nuit est tombée. Marion me fait signe de sortir avec elle. Lorsque je me lève, Lucas nous suit et elle l’arrête :

— On peut avoir un peu d’intimité entre filles ?

— Bien sûr.

— Trouve un tour de magie et garde Maelys, tu veux ?

Nous sortons côté route, puis nous asseyons sur le muret. Marion regarde son paquet de cigarettes puis le fait tourner entre ses doigts.

— Il est vide, j’ai fumé la dernière il y a un an, mais c’est un paquet fétiche.

Ne sachant pas quoi répondre, je dirige mon regard vers les étoiles, absentes en région parisienne. Marion ne trouve pas de mots pour aborder la conversation de manière moins franche :

— Je me remettrai bien avec Lucas.

— Tu l’as couché sur ton lit aussi ?

— Arrête ! J’avais Maelys avec moi toute l’après-midi. Et les mecs, je ne couche pas avec comme ça, même si je les connais.

— Je suis chanceuse, alors.

Ma voix est acide, et Marion l’entend bien. Elle glisse ses doigts sur mon dos nu et murmure :

— Ne sois pas jalouse, s’il te plaît. Tu sais bien que je ne peux pas avoir de sentiments pareillement pour une fille que pour un mec. De toute façon, Paris-Rennes, il y a une petite distance, mais s’il y a une chance pour que ça marche, je me dis que…

— Que t’as pas besoin de me demander !

Je me lève, furieuse. Elle me rattrape par la main mais continue à me faire reculer pour que nous sortions des fenêtres et elle plaque sa bouche sur la mienne. Il n’y a rien de plus efficace pour faire demi-tour à mon humeur. Le virage est si violent que je pleure.

— Ne pleures pas, je…

Elle essuie ses propres yeux humides, prends mon visage entre ses mains douce et m’embrasse à plusieurs reprise, jusqu’à ce que je me calme.

— Ça va mieux ?

J’opine du menton.

— Je suis désolée, je suis super émotive depuis l’agression. Je sais bien qu’y a rien entre nous, mais j’ai… Ça doit être l’approche des règles… ou de la ménopause.

Elle sourit, m’enlace de manière à ce que son bassin touche le mien, comme dans sa chambre, les épaules en arrière pour me murmurer avec une voix chaude :

— C’était cool ce matin.

— Ouais.

— Si je sors avec ton frère, il y a plus de chance pour qu’on se revoie. Juste un petit plaisir entre belles-sœurs.

Elle me fait un clin d’œil avec un sourire carnassier avant d’ajouter :

— Un petit doigt, ce n’est pas tromper. — J’opine du menton en riant un peu. — Tu m’autorises à draguer Lucas ?

— Je t’autorise.

Elle prend ma main puis nous retournons vers la maison. En voyant par la vitre la petite blonde, je soupire :

— Entre toi et Élisa, ça va être dur.

— Avec Élisa aussi tu fais des… enfin tu. Tu couches avec Élisa ?

— Non, mais si tu savais combien j’aimerais la faire jouir… J’ai juste envie de la voir prendre son pied.

Marion rit de bon cœur.

— Désolé, c’est de t’entendre parler comme ça.

— Pourquoi parce que je suis une fille je ne peux pas dire que j’ai envie d’en fourrer une autre avec mes doigts ? Les mecs ils disent tous, celle-là je lui défoncerai bien le cul. Ben pour Élisa c’est ce que je ressens, c’est sexuel, bordel ! C’est animal. Je veux lui bouffer la chatte et la faire crier !

Marion boit avec un sourire tous mes mots puis rit à nouveau.

— T’as le droit de le dire. T’as carrément le droit.

Je baisse les yeux, me rendant compte à quel point mon désir pour Élisa est cru, instinctif et démuni de toute tendresse romantique. J’ai changé, je sens que ce sont mes tripes qui s’expriment et non plus mon cœur. J’en ai assez d’être la fille modèle et raisonnable qui colle à l’image que veulent ses parents. Je veux laisser mes instincts parler et il semblerait qu’ils prennent le dessus. Pas certaine que cela me plaise, je fonds en sanglots.

Surprise par ce revirement d’humeur, Marion me prend dans ses bras.

— Et ben ma belle, ça ne doit pas être facile tous les jours d’être toi.

Je sèche mes yeux.

— Putain de merde, j’en ai marre de chialer pour rien.

— T’as raison, si ce n’est pas la ménopause, t’es enceinte.

Je marque un silence. Et si Aymerick m’avait violée mais que j’avais rejeté tout souvenir à cause du choc dû aux brûlures. Marion voit la pensée traverser mon regard.

— Il ne t’a pas touchée, il n’y a pas de raison.

— Je sais, c’est…

— Tu t’es déjà enfilé un gode ?

— Hein ?

— Non parce que si c’est non, ce n’est pas difficile de vérifier si t’es vierge.

Le souvenir de la verge en sang mordue par les dents de Mylène me frappe, donc je réponds :

— Ce ne sera pas la peine.

Mon visage se durcit à ce mauvais souvenir.

— On rentre ? propose Marion.

Je pousse la porte. La soirée, de toute façon, est bientôt terminée.

— Et bien. Je ne savais pas que vous étiez si copine, sourit ma mère.

— J’ai couché avec un ex d’Élodie, invente Marion. Ça rapproche.

— Vraiment ? !

— Oui. Elle a bien fait de le larguer. Il était mignon à l’époque, mais maintenant, en plus d’être resté con, il est devenu gros et moche.

Tristan se moque de ma mère à voix haute

— Tu vois Maman que ce n’est pas une broute-minou.

— Je n’ai jamais dit ça ! Je me suis juste demandé si toutes les histoires de garçons d’Élodie avaient existé. Et puis je sais bien que ce n’est pas une broute-minou. Elle est trop jolie pour ça.

Marion a voulu me protéger, mais je n’ai qu’une envie, c’est de me coucher. Nous échangeons un regard peiné puis elle dit :

— On va y aller, Maelys ?

Ses parents acquiescent à la place de leur petite-fille. La soirée se conclut donc, et je retrouve avec plaisir mon lit, et un peu de solitude.

Le lendemain après-midi, il ne nous reste plus beaucoup de temps avant le départ. Le café est sur la table, Lucas est revenu de sa matinée auprès de Marion. Avec Tristan et Élisa, il discute à voix basse dans le jardin. Je désespère de retrouver mon appartement et mon quotidien. Je n’ai plus envie de sport ni de séance de psychothérapie. J’ai envie de rester ici et de revivre la journée de samedi à l’infini.

Mes frères et la petite blonde reviennent vers moi. Je pose sur eux un regard méfiant et leurs squelettes se dessinent naturellement. C’est Lucas qui prend la parole :

— Élisa a eu une super idée.

— Quoi ?

— Pour que tu te balades au milieu de tout le monde sans que personne ne remarque que tu es défigurée.

— J’ai un masque.

— Oui, mais ce masque-là permet de le supposer. Tu viens avec nous à l’exposition de comics dans deux semaines. Tristan et Élisa y vont costumés. Si tu viens, je viens.

— Et porter un costume débile pour aller dans un salon de trucs qui ne m’intéressent pas et être abordés par des geeks dont la conversation se limite à leur passion pour le Club Dorothée ?

Tristan fait une grimace :

— T’es limite insultante, même au-delà de la limite.

— Oui, toi c’est plutôt génération Minikeum.

— Trop pas !

Lucas ajoute pour calmer la discussion :

— Mon costume se limite à un boxer, si tu veux me voir en petite tenue à Paris, c’est l’occasion. Et je ne le fais que pour toi.

Élisa s’immisce à son tour :

— C’est moi qui ferai ton costume, sur-mesure. Et sans me vanter, je ne fais pas des costumes de merde. Je prends tes mesures tout de suite et je travaille nuit et jour jusqu’au week-end de l’expo.

— Et je serai déguisée en quoi ?

— En surprise, dit Lucas. Mais tu t’engages à le mettre et à venir tout de suite.

Les ultimatums du genre me font toujours dire non, mais les yeux bleus d’Élisa font à nouveau leur effet. Elle a l’air de tellement y tenir que je soupire :

— Okay. Vas-y prends tes mesures.

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