6. Méfiance

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Le week-end a été long. J’en viens à être impatiente de retourner chez le psychiatre pour avoir quelqu’un à qui parler. J’ai fui Facebook, Twitter, et tous les moyens pouvant me mettre en communication avec mes proches. On ne m’a laissée qu’un message samedi soir sur mon répondeur :

« C’est Maman. J’espère que tu vas mieux. Appelle-nous pour donner des nouvelles. »

J’ai envie de la rappeler, d’entendre la voix de mon père, de lui souhaiter bon anniversaire, mais en même temps que leur dire ? Si mon cœur semble battre à nouveau, mon reflet dans le miroir n’a pas changé. Je ne saurais que dire. Et si Lucas a parlé de mon comportement à travers la porte, je ne pourrai m’expliquer. Lucas, lui n’a pas envoyé de texto ou quoi que ce soit pour essayer d’avoir des nouvelles, ce qui signifie qu’il essaiera de me revoir.

Par instant, j’ai envie de retirer tous les miroirs de l’appartement. Mais j’ai souvent besoin de voir ce visage asymétrique, pour me rappeler à quel point il m’enlaidit. C’est l’espoir de m’y habituer, de trouver un peu de beauté, ou bien qu’il guérit tout doucement grâce aux cristaux… et au final c’est la désillusion. Le pire de tout n’est pas encore ma peau déformée ni sa couleur verte. Le pire c’est ma calvitie qui me donne un crâne immense et porte en avant toute la laideur de cette oreille dont il ne reste presque plus rien.

Assise devant mon PC, je fréquente les forums sans participer. Parmi toutes celles et ceux dont l’ensemble du visage a été brûlé, ou qui ont des membres atrophiés par des explosions. Dans le monde, au final je suis une chanceuse. Que me dirait-on ? Qu’au moins j’ai la moitié de mon visage. Le docteur Leroy a raison, il suffirait de porter un masque vénitien d’une beauté à couper le souffle pour mieux supporter l’effet que mon aspect provoque.

Nous sommes lundi. À nouveau devant le miroir, je me regarde dans les yeux en me répétant avec dépit :

— Chanceuse.

Deux visages se dessinent, comme ceux de deux personnes différentes. En les cachant avec une main puis l’autre, on imagine la moitié de l’autre. Le beau visage parce que je m’en souviens, le monstrueux parce que j’ai de l’imagination. Le premier des deux se creuse un peu, sous-alimenté, comme pour créer une symétrie avec le second. Il est pâle, mon œil est cerné par la fatigue, malgré mon inactivité.

L’interphone sonne. Si je redoute le retour de mon frère, je sais qu’il connaît le digicode. Par politesse, et par ennui, je traverse l’appartement pour le décrocher.

— Oui.

— Madame Tournier ? questionne une voix juvénile.

— C’est moi.

— J’ai un colis pour vous.

— Quatrième étage. La première porte à gauche en sortant de l’ascenseur. Vous le poserez devant la porte.

J’appuie sur le bouton avant de le laisser ajouter quelque chose, puis il frappe à ma porte.

— J’ai dit de le laisser !

— Il me faut votre signature, Madame.

— Glissez le papier sous la porte !

— C’est un PDA.

Putain de monde moderne ! J’entrouvre la porte et garde mon visage collé au mur pour cacher mon profil droit. Le livreur fait à peine dix-huit ans. Il sourit, amusé, et me tend une enveloppe épaisse, molle et légère. Il n’y a aucune info sur l’expéditeur, mais bien que l’écriture soit illisible ce n’est celle d’aucun de mes frères.

Je tends le bras puis signe avec le stylet qui n’imprime que la moitié de ma signature. Il me salue, intrigué mais peu inquiété :

— Merci, bonne journée.

— Vous aussi.

Trop heureuse de claquer la porte j’ouvre le colis. Il contient une cagoule noire et un mot. En définitive, je reconnais l’écriture de médecin de Leroy : « Minuit, Gymnase du Bastion. »

Cette sortie vient briser la monotonie sordide dans laquelle je suis prisonnière. Je quitte l’appartement en coiffant la cagoule sur la tête, prête à être déroulée. La capuche toujours en protection sur la moitié de mon visage, je choisis les escaliers, afin de ne croiser personne dans l’ascenseur.

Dans le hall, il y a une adolescente blonde avec un blouson de motarde. Cachée entre le pilier et la porte de l’escalier, j’attends qu’elle bouge. Seulement, personne ne semble venir lui rendre visite. Lorsqu’elle pose son épaule contre les boîtes aux lettres, je fais demi-tour, puis dévale les marches menant aux caves et aux garages.

Silencieusement, j’ouvre, la porte. Personne. Je longe les box puis sors par la rampe dans la nuit, évitant toute rencontre, changeant de trottoir lorsqu’un groupe de jeune s’y trouve. Ne prenant ni bus ni tramway, il me faut une heure et dix minutes pour me rendre au gymnase. Un homme en treillis m’attend. J’abaisse la cagoule sur mon visage avant d’approcher.

Il porte avec lui un bloc de mousse enrobé de cuir sur lequel sont fixées des poignées. C’est un quarantenaire au crâne lisse, aux pommettes osseuses, au regard dur, et son t-shirt dévoile une croix de guerre tatouée sur un bras, un crâne sur l’autre. Avec un accent marseillais à tuer un Parisien, il me demande :

— C’est toi la petite protégée de Leroy ?

— Faut croire.

— Moi c’est Benji. Comment faut t’appeler ?

Première connerie qui me vient à l’esprit :

— Kira.

— Okay Kira. Suis-moi.

Il me tourne le dos. Son t-shirt suit son tronc taillé en V et dévoile des épaules musclées malgré la pénombre.

Nous escaladons le portillon bleu puis nous avançons au milieu de l’arène sableuse de lancers de poids, cernée par une piste de 200 m.

— Okay Kira. T’as déjà frappé quelqu’un ?

Je hausse les épaules. Oui et non. J’ai essayé, ça a été inefficace.

— Ce que je vais t’apprendre, ce sera simple. Si tu as des prédispositions pour le reste, on ira vers plus compliqué. Okay ? D’abord, tu vas me donner un coup de paume dans ce pao. Tu mets bien tes doigts en arrière et tu frappes avec cette partie de la main.

Me défouler me tente, alors mes mains se lèvent, prêtes à cogner sur demande. Aussitôt qu’il présente son block de cuir, je tape.

— T’es sérieuse, là ? C’est comme ça que tu frappes ? Ça, c’est pas un pao, c’est la tête du mec qui t’a violée !

Les souvenirs récents d’une semaine resurgissent brutalement et je frappe violemment la cible.

— Bien, bien. Encore !

Benji me fait frapper encore et encore. Ma colère se développe, se défoule, jusqu’à ce que je sois en nage.

— Tu transpires déjà ? Okay ! Bon, on passe au coup de genoux, ça va reposer tes bras.

Dans la nuit noire, polluée par les réverbères des rues voisines, Benji me fait donner toute mon énergie. Le manque de sustentation me rend faible, les relents d’alcool me fracassent la cervelle. Benji n’en a pas fini avec moi, il tient à m’apprendre une technique d’autodéfense. Il m’explique qu’il va m’étrangler. Je dois arracher ses mains de mon cou, juste de quelques millimètres, juste de quoi respirer, puis lui placer simultanément un coup de genou dans les parties génitales. Il me rassure, il porte une coquille de protection. Alors nous commençons doucement, il ne serre pas ses doigts, et j’y vais doucement, me sortant de son emprise puis simulant des frappes sur son visage avec la paume de la main.

Au fur et à mesure, son étreinte se fait plus ferme, plus angoissante. Nous répétons l’exercice autant de fois qu’il le faut.

— Okay. Bien. Maintenant, tu fais dix abdos et cinq pompes, sans arrêt, jusqu’à ce que je te dise d’arrêter.

Benji a un côté sadique. Bien qu’il m’autorise à poser mes genoux, les pompes ne sont pas mon fort. Ma cagoule m’étouffe, me contraint, mais à aucun moment je ne la retire. Il me fait travailler jusqu’à ce que toutes forces m’abandonnent, puis il m’étrangle, resserrant mon cou d’une force herculéenne. Je réagis, parfaitement conditionnée par notre première heure de travail. Sans aucune retenue, je cogne sa coquille de protection, puis frappe son visage. Déterminé, implacable, il revient et m’étrangle sans cesse. À chacune de ses agressions violentes, j’ai la satisfaction de m’en sortir. Mais plus il est violent, plus j’ai l’impression de discerner son crâne à travers la peau. C’est comme si je voyais par rayon X avec un seul œil et un filtre vert. Lorsqu’il arrête, je distingue clairement ses dents à travers ses lèvres lorsqu’il me dit :

— Okay. C’est bon, Kira. Ton œil est bizarre, il luit.

— Je sais.

Comprenant que je ne lui expliquerai pas le phénomène, après cinq secondes de silence, il reprend son assurance inébranlable :

— Marche, fais un tour de piste en marchant, inspire par le nez et souffle par la bouche.

À travers la cagoule, le souffle est difficile à trouver, mais je ne veux pas montrer ne serait-ce que mon menton. Lorsque j’ai fini mon tour, ma vue est redevenue normale, mon cœur est un peu calmé, et il me confie :

— T’as la niaque, c’est bon, ça. Même heure mardi et jeudi. Si jeudi, je suis toujours content, on continue ainsi les lundis, mardis et jeudis.

— D’accord.

— Ça t’a plu ?

— Carrément !

Il a un rictus, puis il me dit :

— À demain, Kira.

Il s’éloigne. Fatiguée comme jamais, ne croisant que des Kebab fermés, je rentre chez moi. Plus envie d’alcool, juste envie d’eau… de beaucoup d’eau.

Je pousse la porte du hall. La blonde est toujours là, dos à moi. Elle est au téléphone et ne fait pas attention à ma présence. Ses fesses sont joliment moulées par son vinyle de motarde. Sa présence est louche, et sa conversation douloureuse à mes oreilles :

— Je te ferai des bisous partout… D’abord sur la joue, puis ensuite…

J’ouvre très doucement ma boîte aux lettres, m’empare du courrier du week-end, puis je passe devant elle pour ouvrir la porte du hall. Elle se tait brutalement, dérangée dans son intimité.

Restant dos à elle, je ferme la porte vitrée pour ne pas qu’elle entre dans l’immeuble. En m’éloignant, j’entends murmurer :

— Je crois que c’est elle.

Méfiante, j’emprunte les escaliers malgré la fatigue, et sans faire de bruit, je pousse la porte du quatrième étage. Personne, pas de frangin ni de voisin, j’ouvre ma porte et la referme en un éclair.

Je pue la sueur, j’ai faim, et je me jette sur le robinet pour boire à grandes gorgées. Je me défais de mon jogging collant, de mes sous-vêtements détrempés puis empoigne le mitigeur pour une douche bien fraîche.

Mardi matin, je me réveille affamée, avec les muscles ankylosés et l’envie de vivre, l’envie de bouger, et d’apprendre plus.

Assise à la table, j’étale le courrier. Relevés bancaire, assurance maladie, rien de bien passionnant. Stylo à la main, je fais ma liste de courses. Viande rouge, œufs, fruits. J’use de ma plus belle écriture grâce à mon stylo plume.

« Bonjour Madame Hazard. Inquiétée à l’idée de tomber sur le harceleur que la police n’a pas encore attrapé, je n’ose pas sortir faire mes courses. Puis-je vous demander de me ramener deux trois choses ? Je vous en serai infiniment reconnaissante. Si vous ne pouvez pas, retournez la liste sous ma porte. Elodie. »

Pieu mensonge. J’insère un billet de cinquante euros dans l’enveloppe, puis guette le couloir avant de sortir, puis de glisser le tout sous la porte de mes voisins.

Elle a posé les courses devant la porte à 17h00.

La nuit devient une hôtesse chaleureuse. C’est avec une impatience grandissante que je revêts le jogging pour mon rendez-vous nocturne. Au rez-de-chaussée, la petite blonde est là. Je descends les escaliers puis entends des voix masculine rires.

Je remonte puis traverse à contrecœur le hall. Je maintiens d’une main ma capuche, et la blonde fait semblant de se servir de son téléphone. Le petit déclic de l’appareil photo résonne dans le hall. Je tourne un œil furieux vers elle qui blêmit. Je l’agrippe à la gorge et la plaque dos aux boîtes aux lettres. Son téléphone tombe sur le carrelage. Je retire ma capuche et hurle :

— C’est ça que tu veux voir, petite pute ? Tu veux une photo du monstre ?

Les larmes coulent de ses yeux et sa voix étouffée n’arrive pas à me répondre, alors je la lâche, puis écrase son téléphone du talon. Elle s’écrie comme si je lui avais coupé un membre :

— Non !!

J’abaisse complètement ma cagoule, avant de coiffer ma capuche, puis m’enfuis du hall. Par peur d’être suivie, j’emprunte tout de suite une rue étroite, et effectue quelques détours sans logique aucune, presqu’à me perdre moi-même.

Je marche rapidement pour rattraper mon retard, à un point tel que je parviens au gymnase en sueur, et avant Benji. Il ne sourit pas, sérieux, concentré, puis il me dit ni bonsoir ni bonjour :

— Okay, Kira. La forme ?

— À fond !

— Okay ! C’est parti pour cinq tours de pistes. Je chronomètre. Okay ?

Pour la première fois depuis longtemps, je me soumets aux ordres d’un homme avec plaisir. Tout le temps que je m’échauffe, il m’annonce le programme : étranglement par l’arrière et par le côté, ainsi qu’exténuation maximum.

Une heure et demie plus tard, la séance se révèle plus intense que la dernière. Il mélange ce qu’il m’apprend à ce qu’il m’a déjà appris la veille. Il me fait travailler les coups de pieds latéraux, ceux qu’on peut lancer sur les genoux, et les fouettés qu’on peut jeter dans les couilles lorsque l’agresseur potentiel est trop loin pour le genou. Pour meurtir les muscles de mes jambes et m’essouffler, il me fait sauter des marches deux par deux à pieds joints, entre quelques séries de flexions et des frappes agressives sur son pao. Mon œil retrouve son éclat lumineux et à nouveau je vois son squelette qui se dessine. Lorsque je cligne des yeux, je discerne d’avantage ses viscères dans des nuances vertes. Je ne dis rien, remarque un couteau caché dans sa ceinture, un autre à sa cheville. Il me demande de garder les yeux fermés et de ne les ouvrir qu’au moment où il m’agresse. Mais je vois sa silhouette d’organes et de muscles qui se meut.

Il m’étrangle sans aucune demi-mesure, violent, méchant, et chaque fois je réponds avec davantage d’agressivité. Pas besoin d’ouvrir les yeux, je visualise parfaitement sa position.

— Okay ! Tu peux rouvrir les yeux !

Exténuée, je soulève le bas de ma cagoule en lui tournant le dos pour boire ma bouteille d’eau en entier. Mes tympans se bouchent, ma vue se voile et mon cœur tangue.

— C’est bien Kira. Tu as bien retenu la leçon d’hier. Va falloir bosser le physique. Endurance, explosivité. Si tu t’entraînes chez toi, tu peux aller loin, je sens un sacré potentiel.

— Ça roule.

— Jeudi, je vais mettre le paquet, je te préviens.

— Je suis prête.

Il me salut d’un clin d’œil puis se retire. Mes jambes flageolent, alors je m’allonge, puis regarde le ciel sans étoile. La cagoule soulevée au-dessus de mon nez, je reprends ma respiration. Je me sens vivre comme jamais ! C’est comme si j’étais restée un légume jusqu’à mon accident, comme si je n’avais jamais su apprécier la sensation d’être vivante. Si la vie était une cabine téléphérique, bouger et apprendre sont deux câbles porteurs.

Si seulement j’avais connu ça avant !

Après une bonne heure à ressentir l’endorphine couler dans mes veines, je me lève.

Une heure plus tard, je parviens dans ma rue. Je me place près d’une voiture puis essaie d’utiliser mon œil pour voix au travers du mur sans y parvenir. Alors, je me penche discrètement. La blonde n’est plus là.

Je passe à travers le hall. La boîte aux lettres est vide. Je grimpe les escaliers puis une odeur familière glisse jusqu’à moi. L’odeur de mes frères. Elle est infime, mais elle est réelle, comme si je l’avais toujours connue. Je suis persuadée que mes deux frères et la blonde sont dans le couloir.

Mon cœur se met à palpiter et ma vue à rayon X dessine les trois silhouettes assises contre le mur, en train de m’attendre.

Je tourne les talons puis m’arrête, la main sur la rampe. Pourquoi fuir ? Où irai-je dormir ? Encore chargée d’adrénaline, je trouve le courage au fond de moi. Je pousse la porte. Ils somnolent et lèvent des yeux fatigués dans la pénombre.

— Un petit café, peut-être ?

Sortant brutalement de leurs songes, ils se redressent brutalement. Je glisse la clé dans la porte, et allume la lumière de l’appartement en laissant la porte ouverte.

J’ai un peu honte de les recevoir dans un appartement où ni la vaisselle ni le ménage n’ont été faits depuis plus d’une semaine. Ils entrent, toujours dos à eux, je leur dis :

— Je vais prendre une douche. Servez-vous.

Je m’enferme dans la salle de bain, tourne le verrou, puis ôte ma capuche devant le miroir. Comment leur montrer ça sans affronter de rictus horrifié ? De l’autre côté, ils restent silencieux. De l’œil droit, je discerne leurs squelettes s’attabler et la fille se coller à l’un deux.

Je me dénude, puis enjambe le rebord de la baignoire. Le rideau fermé, je fais couler l’eau tiède sans parvenir à me décider, sans trouver de mots pour les saluer. Je me concentre sur leurs squelettes, découvre ce pouvoir étrange, tant et si bien que lorsque je termine de me rincer, je n’ai toujours pas trouvé de solution. Je ne peux rester cloîtrée dans la salle de bain, ils ne s’en iraient pas

Mon reflet commence à avoir des côtes visibles, même ma poitrine a perdue de sa superbe. Je vêts une culotte puis mon pyjama sans lâcher des yeux mon reflet. J’appréhende leur réaction. J’en tremble jusqu’au fond des tripes. Ils ont bien entendu que l’eau ne coulait plus, et ils m’espèrent. La main tétanisée sur la clenche, je regarde la cagoule posée au sol.

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