XIII

Une minute de lecture

Novembre 1270, quelque part entre Jérusalem et l’Égypte

L'Apocalypse de Saint Jean... Des bribes de ce texte me parvenaient en boucle et empoisonnaient mon esprit alors que nous marchions sur une terre sans fin depuis désormais cinq jours, bien que je ne fus plus si certain du chiffre. D'ailleurs je n'étais plus certain de grand chose. À mes côtés, le roi Louis titubait tel un mort-vivant. Un damné surgit tout droit des enfers et errant sans but dans notre monde.

Ces passages bibliques avaient un goût funeste dans ma bouche tandis que je me les ressassais sans fin dans mon délire. Nous étions-nous trompés ? Louis avait-il basculé parmi les rois pécheurs, les païens voués à subir le courroux divin lorsque viendra le Jugement Dernier ?

L'homme vêtu de noir nous avait abusés. Il n'avait rien d'un ange. C'était un instrument de Satan, venu chuchoter ses paroles envoûtantes et trompeuses à l'oreille de notre malheureux roi.

Je ne pouvais pas blâmer Louis de ne pas avoir reconnu le démon chez cet homme. Aucun d'entre nous ne l'avait pu. Aucun, sauf peut-être Charles d'Anjou, le regretté frère du roi, assassiné injustement pour avoir su voir là où nous avions tous été aveugles.

Je me lamentais de la sorte sur notre sort lorsque soudain, je crus halluciner.

Un djinn, un esprit de ces royaumes orientaux, apparut à l'horizon sous la forme d'un tourbillon de poussière. J'eus beau cligner les paupières, j'en étais certain, il venait vers nous !

Plus près, toujours plus près, le djinn approchait, le tourbillon grossissait, formant un mur de sable virevoltant. Déjà il tendait ses doigts poussiéreux dans notre direction et nous caressait la peau.

Et alors son visage apparut.

Pas un. Mais des milliers. Sur leurs montures, caparaçonnés dans leurs armures, leurs lances dressées vers le ciel. Et en leur centre, fendant la masse pour venir à nous, un être grand et altier, à la peau cuivrée et à l'armure ciselée d'argent.

« Bonjour tristes sires, je suis le seigneur de ces terres. On me nomme Baybars », nous dit-il d'une voix suave.

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