Hirajah, beauté oubliée

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 Je m'éveillai comme chaque jour au lever du soleil. Je dépliai mes draps, sortis de mes couvertures pour ensuite enfiler des vêtements. Ceux-ci étant souvent un pantalon en toile, léger, et un haut en lin. La suite de ma routine était d'ouvrir mes volets usés pour admirer l'aube, sublimée par le Soleil , dans une grâce propre à ce bel astre. Tout cela me fascinait ! Tant de couleurs, de nuances, de lumière et de chaleur. J'ouvris ma fenêtre et exposai mon visage face à l'aurore. Je fermai les yeux, profitant de la plénitude qui emplissait mon corps, puis pris une profonde inspiration avant de les ouvrir à nouveau. J'étais vivant.

 Cependant, baissant ma tête, qui était jusqu'à présent dirigée vers le ciel, je vis la ville en contrebas et soupirai. Ma belle Hirajah n'était que ruine, la pauvreté l'ayant détruite. Depuis ma chambre, je voyais les toits aménagés pour de nombreuses familles, j'observai le linge mis à sécher sur les toiles futiles de ces pauvres araignées, mais surtout mon regard se figea sur les favelas. À partir de quel moment cette ville que je chérissais tant était-elle devenue ce qu'elle est ? Anciennement fascinante, puis de plus en plus miséreuse. J'ai besoin de réponses.

Je descendis les escaliers en terre de ma pauvre maison. Ma famille et moi avions toujours vécu modestement et je m'en portais bien depuis 21 ans. Mon père, Iram, travaillait dans un petit commerce à l'est d'Hirajah, dans le quartier doré comme nous l'appelions ici. Avant, cet endroit était mon havre de paix. Il était composé de monuments, de temples anciens aux religions oubliées depuis un long moment, de majestueux jardins tropicaux mais également de commerces. Maintenant, il n'y restait seulement qu'un peu de verdure et quelques échoppes. Tout y était mort. Ma mère quant à elle, ne travaillait plus. Elle souffrait d'une maladie orpheline dont le nom m'échappait encore. Ce mal n'attaquait pas le corps mais l'esprit. Qui étais-je encore pour ma délicate Naïma ? Sa maladie m'avait surement transformé en ombre dans sa tête. Qui savait ? En tout cas elle ne me parlait presque plus. Une fois les escaliers descendus, j'arrivai dans la cuisine et l'embrassai puis fis une accolade à mon père qui se préparait à aller au travail. Je me servis un café et des croissants puis m'asseyai autour de la table du salon. Je tentai d'engager la discussion avec ma mère mais rien n'y faisait. J'allumai donc le poste radio.

"Bonjour à tous les matinaux et bienvenu à ceux qui viennent de nous rejoindre. Ici Rachid sur Hirajah Officielle et je vous informe que notre chronique spéciale faits d'actu va commencer. Aujourd'hui nous accueillons donc notre cher ministre de l'intérieur qui va nous annoncer une nouvelle très importante. Alors, bonjour monsieur le Ministre, vous nous recevez bien?

- Oui, oui. Bonjour à vous.

- Nos auditeurs brûlent d'impatience et veulent connaître votre nouvelle réforme. Ne passons donc pas par quatre chemins, allez-y, informez-nous.

- Tout d'abord, je veux rappeler à tous nos citoyens que nous sommes dans une période difficile. C'est pourquoi, pour assurer le bien de tous mais également celui des générations suivantes, je vais faire en sorte de préserver les bonnes familles actuelles. Mes patriotes, vous qui consacrez votre vie à notre beau pays et priiez pour que chaque jour le soleil nous éblouisse de ses rayons, je vais vous offrir votre délivrance. Celle-ci va se faire à travers une nouvelle Purification de ceux qui ne donnent pas d'enfants à notre nation et trompent nos Dieux ! Voilà, j'espère que mes paroles vous aurons marquées.

- Quel beau discours ! Qui aurait pu dire mieux? Vous êtes vraiment notre meilleur orateur et je pense parler au nom de tous les citoyens en disant que vous faites honneur à nos racines. J'espère que cette édition de faits d'actu vous aura plus à la prochaine."

Je lâchai ma tasse à terre pour me relever et éteindre le poste. Des gouttes de sueur suintaient sur mon front. J'avais présenté ma famille mais moi, qui étais-je? Je me nommais Lyssandre, j'étais un jeune homme de 21 ans qui voulait continuer à vivre dans sa ville sans être pourchassé pour ce qu'il était. J'avais en effet commis un crime aux yeux de la loi, celui d'aimer les hommes. Ils voulaient me faire expier mon pêché par la mort. J'ai survécu une fois, je saurai recommencer.

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