Chapitre 2

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Le cœur un peu moins vide, la petite fée se sentit emplie d'une énergie nouvelle et ce fut dans cet état d'espérance d'une vie meilleure qu'elle reprit son chemin au hasard des tunnels.

Elle marcha de longues heures sans savoir où elle allait. Ses doutes refirent surface et elle tenta vainement de les dissiper en se concentrant sur sa quête.

— Aidez-moi, cria-t-elle, à qui voulait bien l'entendre, se rappelant les dernières paroles de Mama Taupe.

Soudain le silence se fit dans son esprit. Un courant d'air frais lui chatouilla le cou. Elle le suivit un moment, eut l’impression de monter et déboucha enfin dans une grande cavité un peu moins sombre que ce qu'elle connaissait.

Elle avança prudemment mais trébucha au bout de quelques mètres. Se relevant péniblement, épuisée par son errance, elle toucha alors ce qui l'avait fait chuter : la sensation était un peu rugueuse et dure. Un rire résonna faiblement et son écho se répandit tout autour de la fée. Elle retira promptement sa main et le rire s'arrêta.

Elle se retourna, bloqua son souffle et attendit de voir ou d'entendre quelque chose. Mais rien ne se passa. Alors elle recommença à inspecter ce qu'elle avait heurté. La surface était étrange sous ses doigts mais pas désagréable. Cela semblait arrondi. Sa vue était faible mais elle arrivait à discerner un enchevêtrement de matières qui partaient dans de nombreuses directions.

A nouveau, un rire éclata, plus fort que le précédent. La petite fée prit peur et se recroquevilla sur elle-même.

— Qui donc me chatouille ainsi ? gronda une voix puissante et grave.

La fée cherchait à voir son interlocuteur, en vain.

— Je dormais paisiblement, reprit la voix, et je n'aime pas vraiment être réveillé de la sorte.

— Mais où êtes-vous donc ? cria la petite fée d'une voix fluette.

— Mais, partout autour de toi, tu es en ce moment même appuyée sur une partie de moi. Là, tu vois, rajouta-t-il en soulevant la fée d'un petit coup sec.

La petite fée était effrayée, jamais elle n'avait connu un tel monstre ! Si grand, si fort.

— S'il vous plaît ne me mangez pas, ne put-elle que souffler.

— AHAHAHA, te manger, moi ? Mais je ne ferai pas de mal à une mouche. Je suis un arbre.

La petite fée fut soulagée et devint soudain curieuse.

— Un arbre ? Je n'ai jamais entendu parler d'une telle créature. Et tu es tout seul ici ?

— Je ne suis jamais seul tout comme tu n'es jamais seule. Mais je comprends ta question... J'ai grandi ici lorsque je n'étais qu'une petite graine et puis, avec patience, je me suis développé hors de la terre. L'étoile jaune, qu’on appelle Soleil, m'a alors nourri tandis que mes racines se sont fortement ancrées dans le sol. Mon corps ne peut se mouvoir mais mon esprit lui est partout, en haut et en bas.

— Qu'est-ce que l'étoile jaune dont tu parles ? Et tu trompes, je suis bien seule.

— Une lumière chaude, source de vie, dont j'ai besoin pour m'épanouir, tout comme mes frères et sœurs. Tout comme toi également. Je n'ai d'ailleurs jamais vu un être tel que toi vivre sous terre. Et, si tu te crois seule c'est qu'il te manque certaines expériences à vivre.

— Sous terre ? Tu veux dire qu'il y a autre chose au-dessus, où il ne fait ni sombre ni froid ? S'écria la petite fée perplexe. Tu as déjà croisé des êtres comme moi ?

— C'est exact. Il fait même très chaud dans mon feuillage mais je n'ai besoin que peu d'eau pour vivre. Concernant ta dernière question, je n'en ai pas connu moi-même mais mes frères du Nord croisent parfois ton peuple. Comme je t'ai dit, je ne suis jamais seul, nous communiquons avec notre esprit. Veux-tu que je te montre la sortie de ces souterrains ?

La petite fée sentit à nouveau monter en elle l'espoir de sortir de cette nuit éternelle et de ces épreuves avant que d’autres questions ne fusent dans sa tête : « oui mais qu'est-ce qui m'attend de l'autre côté ? Au moins ici je connais, j’y ai mes habitudes même si je me sens malheureuse. Et si des monstres me mangent ? Si je me perds ? Si mon peuple me rejette ?»

Perdue dans ses pensées de peur et de doute, elle ne remarqua pas les racines de l'arbre lui frayer un passage vers son tronc, tout comme elle n'entendit pas les créatures de l'ombre approcher pleines de colère envers celle qui avait réduit en poussière leurs amis et leurs frères.

Ce sont leurs cris violents qui la sortirent subitement du monde dans lequel elle s'était enfermée, coupée de ses sens. Affolée, la petite fée implora l'arbre de l'aider à s'échapper loin de ses bourreaux et de ce monde obscur.

— Si ton esprit avait été plus présent dans l'instant, tu aurais remarqué l'ouverture que je t'offre vers mon tronc depuis déjà quelques temps. Ne sens-tu donc pas la lumière filtrer, chaude et lointaine ?

La petite fée observa attentivement l'espace devant elle et constata, qu'effectivement, l'air semblait différent et légèrement plus clair. Hésitant une seconde à nouveau à fuir ce lieu humide et froid, la soudaine proximité des créatures souterraines mit un terme à ses réflexions et elle s'élança à l'intérieur de son ami l'arbre sans un regard en arrière.

La montée fut difficile : des brindilles écorchaient sa peau et un liquide collant et poisseux la retenait parfois mais, au prix d'un effort constant, elle finit par atteindre la surface. La lumière filtra fortement et embrasa le bois.

— Merci Arbre ! cria la petite fée.

Pour toute réponse, les racines s'ouvrirent un peu plus, de sorte à former une arche vers la lumière qui pulsait, chaude et aveuglante ; promesse d'une nouvelle vie.

La petite fée sentit quelque chose lui tomber sur la tête. Elle se pencha et ramassa alors une petite graine qui se mit à briller d'un éclat blanc et pénétra d'elle-même dans sa poitrine. La petite fée sentit alors une énergie intense la traverser, et comprit qu'en bravant sa peur et ses doutes elle venait de retrouver le deuxième morceau de son cœur, celui qui avait pour nom « COURAGE ».

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