Chapitre 84 - la vérité

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— Il souhaite s'entretenir avec toi. Il a eu une entrevue avec son fils et il souhaiterait t'en faire part.

— Je ... Je ne peux pas revenir en arrière Sharon, c'est impossible.

— Mais pourquoi ? Je ne comprends pas, qu'est-ce qui t'empêche d'être avec Riley aujourd'hui ?

— C'est compliqué...

Le regard déterminé de mon amie, me fait comprendre que je ne pourrais pas sortir d'ici avant d'avoir levé le voile sur ce mystère.

— Sharon, il y a dix ans, j'ai eu une aventure d'une nuit avec Riley...

— Oui, ça je le sais ... Il t'a abandonnée, et tu as mis des lustres avant de t'en remettre...

— En fait, ça ne s'est pas exactement passé comme ça...

Je ne sais plus où me mettre. Je n'ai jamais aimé aborder cette partie de mon passé. Sans doute parce que j'ai conscience que plusieurs portes s'ouvraient à moi, et que je n'ai pas pris la bonne décision.

Le cœur lourd, je m'assoie avec prudence. Sharon m'imite consciente à présent de la gravité du problème alors que je prends la parole :

— J'ai passé ma toute première nuit avec Riley. Quand je me suis levée le lendemain matin, il n'était plus là. J'étais seule dans sa grande maison, et plutôt que de partir sur le champ, j'ai arpenté la demeure de tout son long. Je ne m'attendais pas à voir Monsieur Kingsrock père, assit dans son fauteuil, un journal à la main. Bizarrement, il ne semblait pas surpris de me voir. Il m'a invité à m'assoir et on a discuté un long moment...

Sharon reste silencieuse et tente de m'observer avec un certain détachement comme si l'annonce que je m'apprête à lui faire entacherait sa belle robe en flanelle en me frôlant d'un peu trop près. Je marque un temps d'arrêt et prends le temps de reprendre ma respiration calmement en me concentrant sur des petits bouts de peau disgracieux au bout de mes doigts.

— Tu sais, il me regardait avec beaucoup d'affection, c'était un peu étrange vu que c'était la première fois que je le rencontrais. Il était tout à fait conscient de ce que j'avais fait avec son fils, et il était là, devant moi, à me parler avec douceur... Bref, il m'a posé beaucoup de questions sur moi et sur mes parents. Puis il a fini par m'avouer que son fils lui avait parlé de moi le matin même. En fait Monsieur Kingsrock l'avait envoyé faire une course afin de pouvoir me parler seul à seul. Apparemment Riley, lui avait fait part de son affection pour moi... Sur le coup je ne l'ai pas cru... Il m'a payé pour je disparaisse de la vie de Riley !

Sharon semble abasourdie. Moi-même en écoutant ma propre histoire, j'arrive à me choquer.

— Tu as accepté du fric pour ne plus fréquenter l'amour de ta vie ?

— Oui, pour son bien. À vrai dire, je pense qu'il me l'aurait demandé même sans argent, je me serais exécutée. Monsieur Kingsrock m'a expliqué que Riley était l'héritier de son empire et qu'il était déjà destiné à une autre. Il voulait le protéger lui, et son héritage. À l'époque, je n'étais pas une rebelle dans l'âme, alors j'ai accepté sans protester. En échange, Monsieur Kingsrock s'engageait à faire en sorte que Riley m'oublie très vite. Il avait également vu mon œuvre dans la chambre de son fils. Je lui avais offert la semaine d'avant pour son anniversaire, et visiblement King père était déjà sensible à mon art. Il m'a félicitée et m'a payé une année de cours de peinture dans l'université de mon choix... Mais de préférence loin de Riley...

— Oh mon Dieu ! Katherina...

— Riley a essayé de me joindre... Pendant des jours et des dizaines, des dizaines de fois... Et un jour, je l'ai aperçu dans un magazine avec une mannequin, et je me suis fait une raison. Il a arrêté de m'appeler et dans son dernier message vocal, Riley m'a craché tout son venin, en affirmant que je n'ai couché avec lui que pour l'appât du gain et d'autres monstruosités. Riley m'a haï Sharon... Je ne pouvais pas avouer que c'était moi lorsque je me suis retrouvé dans son bureau à DCK. Je sais ce qu'il pense de Kira Crossley, mais aucune idée de ce qu'il ressent pour Katherina. Je me suis inquiétée lorsque j'ai constaté son intérêt pour Birdy mais là encore, je ne savais pas vraiment si ce n'était pas une façon de s'approcher de Katherina et la broyer sur place... Je ne pouvais pas me manifester plus tôt... Tu aurais vu sa violence le jour de mon entretien. Je suis persuadée qu'il m'a testée... Alors que veux-tu que je lui dise maintenant... À lui ou son père ?

— Je ne m'attendais pas à ça... Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?

— La honte, certainement...

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