Chapitre 67 - vingt ans

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En quittant l'immonde taxi dégoûtant, le conducteur à l'apparence plus que négligé, ne se prive pas pour nous reluquer de haut en bas. Le rustre ne s'était pas gêné déjà précédemment, tout au long du trajet nous séparant du Kir Royal. Je n'avais jamais mis un pied dans ce bar d'ambiance mais mon acolyte elle, semble en être la locataire attitrée.

— Salut Jim, deux margaritas s'il te plaît ! Hurle Dor, tant la foule s'agglutine autour du comptoir, débordant de bouteilles en tout genre éclairés par des néons bleues.

Jim n'est pas désagréable à regarder loin de là. Même dans la sombre salle illuminée de temps en temps d'éclairs lancinantes, tourbillonnant sur la foule, je perçois aisément ses cheveux foncés, dressés et tenus par du gel ainsi que des yeux clairs qui m'observe intensément et qui je n'en doute pas doit faire tomber bien plus d'une nana.

D'ailleurs en analysant l'environnement, je constate que tous revêtissent un rictus propre à chacun qui quelque part me fait chaud au cœur.

— Mesdemoiselles ... Ronronne Jim à haute voix, en me lançant un clin d'œil clinquant.

Je me contente de lui sourire en agrippant mon verre et lui tourne le dos pour chercher une table avec Dor.

— Piou, y'a pleins de monde ce soir. Suis-moi !

La petite blonde qui atteint enfin ma taille grâce à ses hauts talons, me saisit la main et ouvre la marche pour s'engouffrer au fond de la salle sur une petite estrade afin de dominer les danseurs.

Une fois installées, mon amie m'explique que c'est le meilleur endroit pour repérer les morceaux de choix. Je hausse les épaules, car au fond je ne suis pas venue pour ça, j'ai déjà eu ma dose d'homme pour aujourd'hui. Rapidement, nos voisins de tables nous paient un verre que l'on accepte avec joie.

C'est gratuit après tout !

Les pauvres pensent avoir leurs chances avec Dor, mais ils sont bien loin de se rendre compte qu'ils ne jouent pas dans la même cour. Au bout de trois verres, Dor m'entraîne sur la piste. Une odeur de transpiration, mêlée d'alcool en plus des effluves de chacun, activent l'adrénaline jusqu'au bout de mes doigts. J'ai l'impression d'avoir vingt ans de nouveau.

C'est plutôt grisant.

Oubliant pour quelques heures mes tracas, je me laisse portée par la musique et me déhanche au rythme effréné du morceau que je ne connais pas. Je sens des hommes se rapprocher de moi, mais je les éconduis avec douceur tout en continuant ma danse. Mon corps se détend. L'alcool me transporte dans un autre monde. Celui de la nuit.

Légèrement éméchée, je ris sans arrêt devant les pas de danses improvisés de Dor qui ne se gêne pas pour se frotter et coller certains mecs entreprenant, qui se risquent à ramasser un râteau.

Lorsque son nouvel assaillant ne lui plaît pas, elle se rapproche de moi et glisse ses bras sur mes épaules pour venir s'appuyer sur mon rythme. Nos poitrines se touchent et nos cuisses s'enlacent sensuellement, ce qui vaut aux hommes de nous scruter avec respect, puis de s'incliner avant de disparaître. Aussitôt, on se sépare et recommençons ainsi tant que l'occasion se présente.

Les musiques s'enchaînent et il faut que j'aille aux toilettes.

Alcool oblige !

Je préviens Dor qui vient harponner un jeune cœur aux fesses délicieuses.

Sans surprise, une horde de filles se succèdent devant les deux seuls wc, qui je n'en doute pas, doivent être dans un piteux état. Des midinettes placées juste devant moi discutent entre elles. Je tends l'oreille, curieuse, et sourit lorsqu'une petite rousse à peine majeure, parle de son « Stefan » d'amour.

Riley me revient alors de plein fouet au visage. Soudainement désinhibée de toute gêne, mes doigts ont déjà appuyés sur le téléphone vert pour joindre Riley. Je ne me soucie même pas de l'heure qu'il est. Peu importe...

— Kira ?

Sa voix est rocailleuse et profonde.

Il dormait ?

— Saluuuuut !

Mince ! Ça s'entend que je ne suis pas clean !

— Où es-tu ?

Là, je me rends compte que je n'aurais pas dû...

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