Chapitre 58 - Le génie

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Je passe de longues minutes à tout dévoiler à Mark, choisissant soigneusement mes mots afin de ne pas l'influencer dans jugement. Tout d'abord, je m'attaque par mes différentes identités, puis ma relation passée avec Riley et enfin la proposition de Carvin et mes intentions pour demain...

Mark reste silencieux pendant tout ce temps et son visage se décompose à mesure que mon histoire s'apparente à un mauvais épisode d'une série B, destinés aux mères déprimées.

— Et bien, ma Chérie ! Tu vois je m'étais imaginé un tas de choses depuis plusieurs jours, mais alors ça... J'en étais très loin !

— Tu es fâché ?

— Non, bien sûr que non, Trésor, je suis content que tu te sois confiée, même si je t'avoue, tu me laisses un sacré poids sur l'estomac.

— Je le sais... N'en parle à personne avant la fin de la vente aux enchères s'il te plaît.

Là, c'est le moment où je mise ma dernière carte. Si Mark me trahit maintenant, tout sera fichu et mes derniers efforts seront vains...

Tendrement mon ami au visage sévère se penche sur le bureau pour poser sa main délicate sur la mienne et me dire droit dans les yeux :

— Chérie, je suis ton homme ! Je ne te trahirais pas, mais laisse-moi t'aider !

— J'espérais que tu me dises cela, Mark ! Tiens voilà quelque chose pour toi.

Préparant déjà soigneusement mon coup depuis quelques jours, j'avais attendu le moment propice pour révéler mes projets de créations complètements géniaux que je gardais de côté depuis très longtemps, avant même d'entrer à DCK.

Ma main cherche dans le sac en cuir au pied de mon bureau et aiguise la curiosité du chef de la création. Avec le plus grand soin, je sors enfin un grand classeur rouge à l'allure modeste mais dont le contenu pourrait bien faire basculer bien plus d'un avenir d'ici peu.

— Qu'est-ce que c'est Chérie ? Je t'avoue ça m'excite un peu tout ce mystère !

La nature profonde et excentrique de Mark refait surface lorsque je pose le porte document devant ses yeux avant de l'ouvrir avec beaucoup de respect. Je choisis délibérément de le laisser découvrir page après page l'aboutissement de mes rêves et de mes envies.

Ses yeux pétillent et sa bouche s'ouvre et se ferme à de nombreuses reprises en décortiquant du regard, chaque trait de crayon gribouillé sur les croquis en plus des explications précisées dans les marges.

— Kira... Je ... J'ai du mal à être bluffé des autres plus que moi d'habitude mais là, je dois dire que tu me laisses sur le cul, Princesse ! C'est Super ! Je dirais même que l'on frôle le génie.

— N'exagères pas Mark, je suis flattée, mais vois-tu, je n'ai jamais osé présenter ceci à qui que ce soit.

— Kira Crossley, ou Katherina, ou qui que ce soit, je peux te dire qu'il y a de nombreuses femmes en tant, mais aussi dans ses dessins. C'est sublime, trash et sensuelle à la fois. Les courbes sont parfaites, je pense qu'on peut l'adapter à toutes les morphologies en plus. Ça peut nous rendre riches tes histoires...

— Justement... Maintenant que tu es au courant de mes intentions, je voudrais t'offrir ce recueil afin de faire remonter DCK dans les ventes pour le prochain numéro en plus de toutes mes suggestions que je t'ai déjà partagé hier...

Une lueur de tristesse transparaît derrières ses lunettes trop épaisses à mon goût.

— Tu comptes réellement me laisser la gloire Kira ?

— Je compte surtout sur toi pour m'aider à redresser DCK au moment venu.

Mon ton sec et déterminé, suffit à convaincre Mark qu'il n'y a plus de questions à me poser et que tout est une question de confiance.

— Bien sûr Chérie !

Finalement, je suis satisfaite de l'état d'esprit dont mon ami Mark quitte le bureau. C'est seulement l'heure qui tourne qui m'inquiète de nouveau.

Midi ! C'est une catastrophe...

Le téléphone sonne encore une demi-douzaine de fois, mais je les filtre devant l'ampleur du boulot qu'il me reste à abattre. Ces archives sont une vraie calamité. Toutes les cases concernant les chiffres ne sont pas toutes remplis, ce qui m'oblige à faire des conversions et des tableaux de proportionnalités qui l'arrachent un horrible mal de tête.

Bien que je n'ai jamais vraiment briller par ma logique mathématique, j'avoue que mon obstination vient à bout de beaucoup de choses. Y compris, de ces centaines de feuilles aux chiffres rébarbatifs répétés en grand nombre dans l'unique but de se faire mousser lors des réunions mensuels.

Quatorze heures et dix minutes.

Presque à l'heure. C'est pas si mal ! Vu ce que je viens de faire seule en deux heures.

Embarquant avec moi le dossier d'Annabelle en plus de ma page double manuscrite résumant tout ce bazar, je file à toute vitesse jusqu'à la salle du séminaire.

C'est essoufflée et presque transpirante que j'ouvre bruyamment la salle de réunion et me retrouve immédiatement confrontée à une dizaine de paires d'yeux éberlués.

Oh merde !

Hélas, Annabelle ne m'avait pas prévenu qu'en plus de la direction et des quelques collaborateurs restants se trouverait également présent les actionnaires majoritaire et les représentant de chaque secteur de chez Dress Code Entreprise.

Je croise quelques regards amusés par mon entrée presque grossière, d'autres semblent outrés étant donné la gravité de la situation.

Pire encore, il y en a un qui se démarque et que je connais que trop bien. Des yeux brillants et malicieux, dégoulinant de mépris et d'arrogance à l'état brut. Ma colonne vertébrale me picote de la nuque jusqu'au creux de mes reins lorsque ce dernier ose me sourire...

Adam Well...

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