Chapitre 48 - J-2

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J'ai passé quasiment tout le weekend à la galerie. Préparer la grande soirée de mercredi, s'avère, être un vrai calvaire. S'occuper des fleurs pour la décoration de la salle, embaucher un traiteur pour une farandole de petits fours hors de prix et tout ceci en plus de mon travail au magazine... Je suis à deux doigts de craquer.

Pour couronner le tout dans ce soudain tourbillon de l'angoisse, Sharon s'horrifie d'absolument tout, malgré ma tentative de contenter le moindre de ses désirs pour le bon déroulement de la vente. Il faut tout de même admettre que le résultat de notre longue amitié s'avère efficace aujourd'hui puisque j'arrive entre deux sanglots incompréhensibles, à détecter les problèmes et même quelques fois à en venir un bout.

C'est un miracle !

En à peine deux jours, je parviens à me dédoubler voire me quadrupler en une amie fidèle, une gérante de galerie d'art, une artiste prometteuse et une collaboratrice mode qui déchire.

Pourtant, avec tout ce remue-ménage, mon cerveau parvient encore à se poser mille et une question sur mon avenir à DCK alors que celui de Birdy est sur le point de prospérer pour longtemps dans le monde de l'art.

Ne me suis-je pas trompé depuis le début ? La peinture n'est-elle pas ma seule source de salut ?

C'est pour cela qu'avec tout ce brouhaha incessant dans mon esprit, je ne réussis pas à trouver le sommeil et décide donc de consacrer ce temps perdu à tourner et virer dans mon lit froid en le passant à travailler sans relâche sur des dossiers en cours ou encore des futurs projets pour le prochain numéro...

J-2.

Enfin satisfaite de mon œuvre à la hauteur je pense de mon talent en tant que collaboratrice, j'arrive en ce lundi matin, courbaturée et éreintée, les bras chargés d'or en dossier, précieusement fermés à l'abri des regards.

Mais cela bien sûr, c'est sans compter sur ma maladresse légendaire doublée d'une fatigue cuisante. Un pas hors de l'ascenseur me vaut une collision avec Becky, une petite assistante de création, qui d'ordinaire très discrète passe inaperçu dans le paysage, pourtant son pas lourd trottinant au sixième étage me surprend à m'en faire tomber à la renverse.

— Mademoiselle Crossley, je suis vraiment désolée...

La voix fluette de cette petite rouquine aux cheveux mi-long et bouclés parvient avec difficulté à mes tympans, tant son affolement est à peine audible. Assise sur les fesses, les dossiers éparpillés autour de moi, je souffle déjà de devoir me traîner pour tout ramasser. Je déteste être épuisé, j'ai toujours cette sensation d'avoir un poil dans la main de la hauteur d'une canne...

Heureusement Becky est rapide, et Mark arrive en grognant face à moi pour affubler cette pauvre idiote de tous les noms possibles avant de se pencher à mon secours.

Les yeux de Mark s'arrondissent d'effroi, lorsque je lui souris pour le remercier de m'avoir aidé à me relever.

— Kira, Chérie, est-ce que tu as prévu de dormir prochainement ?

— Comment ça ?

— Non, ne joues pas à ça avec moi. Ça marche peut-être avec le patron lorsque tu bats des cils, mais moi ma chère, je ne mange pas de ce pain-là... J'ai reçu ton mail à quatre heures du matin ? C'est nouveau ?

Son allusion soudaine à mon rapprochement fugace avec Riley me fige sur place, mais il consent a m'offrir un sourire léger pour ne pas soucier d'un éventuel jugement de sa part.

Dieu merci !

— Ne t'inquiète pas pour moi Mark, je gère...

— Bien sûr que je m'inquiète, je te vois débarquer avec une heure d'avance sur tous les collaborateurs ce matin alors que tu as une mine effrayante, et puis c'est quoi tout ce boulot que tu nous as fait ce week-end. Tu veux tous nous envoyer au chômage ? Il y a des dossiers pour au moins deux nouveaux magazines la-dedans... Qu'est-ce que tu me fais ma belle ?

Je prépare mon départ de DCK que, bien entendu je ne souhaite pas, mais que j'anticipe... Ça bien sûr, je ne peux pas te le dire, même si je sais qu'au fond, tu dois t'en douter...

— Je ne peux pas t'en parler pour l'instant. Je te demande juste de me faire confiance sur ce coup. Aide-moi à finir mon travail et surtout n'en dis pas un mot à quiconque...

Comme le partage soudain d'un regard entendu, Mark laisse échapper un soupir et me contemple avec tendresse.

— Tu promets de me mettre dans la confidence au moment venu ?

— Tu es mon ami Mark, et plus encore, tu seras mon allié lorsque j'en aurais besoin, n'est-ce pas ?

Ce bourreau de travail semble touché par ma demande déguisée et sourit malgré tout de la confiance que je lui porte.

Un rapide coup d'œil vers le bureau vide d'Alyssa, et mon ami interrompt le fil de mes pensées en répondant déjà à la question que je me pose.

— Il n'est pas là... Il est en déplacement toute la journée...

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