Chapitre 17 - De l'eau dans le gaz

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Mon retour dans le bureau du grand patron ne passe pas inaperçu. Je n'arrive pas à effacer mon sourire béat sur mon visage, du sans aucun doute à la bonne nouvelle que Sharon m'a confiée par message vocal.

Une vente privée rien que pour moi. J'en suis aux anges.

Depuis mon arrivée chez DCK, cette journée sonne comme la deuxième plus belle de ma vie. Enfin peut-être trois puisque Riley Kingsrock, mon Riley m'a avoué à moi, Kira Crossley qu'il me trouvait "sublime".

Enfin, ce n'était que le temps d'une soirée. Mais tout de même !

— Mademoiselle Crossley, nous avons encore beaucoup de travail, fulmine Annabelle, d'un air mauvais.

— Il suffit Mademoiselle Justo. Allez boire un café, faites une pause. Tous. Gronde Riley, visiblement irrité et fatigué.

Annabelle lui lance des yeux ronds, sidérée que son King, ose lui parler de la sorte devant les collaborateurs.

Mouahmouahmouah. C'est délectable !

Un sourire en coin et je m'attarde sur le visage d'Annabelle dans l'espoir qu'elle m'accorde un regard pour lui faire comprendre que je jubile de son désarroi. Cependant ma joie est de courte durée, lorsque je constate l'état de Riley.

Affalé sur sa chaise magistrale, il clôt les yeux en se massant lentement les tempes. Une irrésistible envie de le toucher et masser ses muscles tendus me prend soudainement. Résignée, je souffle et ferme la marche des manchots quittant le bureau de l'Empereur.

Quelque chose me retient un instant. La main sur le chambranle de la porte, je ne peux résister à l'envie irrépressible de tenter de soulager ses maux.

— Monsieur Kingsrock? Pardonnez-moi mon indiscrétion mais, est-ce que vous allez bien ?

Ses yeux s'ouvrent brusquement, et l'argent de ses yeux me capte et me réchauffe. Je lui souris maladroitement, et il ne peut contenir un petit rire amusé.

— Qu'est-ce qui vous fait croire que cela ne va pas ?

De son arrogance légendaire, son bras fait une petite danse pour m'inviter à fermer la porte.

— Je... À vrai dire, je vous trouve particulièrement tendu en ce moment. Pourtant la sortie du magazine semble de bonne augure...

— C'est adorable...

Ces mots s'échappent complètement de sa bouche sensuelle malgré lui. Pris sur le fait, Riley ne trouve rien d'autre que de mordre sa lèvre en fuyant mon regard.

Cruellement sexy !

— Pardon, hum, je vous remercie de vous inquiéter. Il est vrai que mon esprit est tourmenté, mais grâ... Je vais bien. Est-ce que je peux vous inviter à déjeuner ce midi ?

—Moi ? Mais Ann... Mademoiselle Justo, vous déjeunez avec elle tous les jours et...

— Justement, je ne dois pas faire de favoritisme. Je ne veux plus que ce genre de réflexion abaissante dont vous avez été victime, se reproduise. Vous comprenez ?

De la pitié... Non, tout sauf ça! Mon cœur saigne tout à coup.

— Euh, bien sûr, comme vous voudrez. Dois-je en informer Mademoiselle Justo ?

Ses yeux gris dévient à la droite de son bureau, m'indiquant que la porte de service vers le bureau de la sale peste est encore ouverte. D'un regard entendu, j'opine et lui sourit gentiment, mais ces yeux changent d'attitude et deviennent plus sauvage, lorsque je me mords la lèvre pour refréner un rire nerveux.

Mince !

Mon téléphone me fait de nouveau sursauter et m'oblige à briser le lien qui se tissait entre lui et moi. Quittant le bureau de King après son accord, je réponds furieuse à Dorothée, recrachant ma frustration sur elle, alors que la pauvre n'y est pour rien.

— Désolée Dor, ce n'est pas toi mais... Attend je te rappelle.

La voix d'Annabelle me parvient à travers la porte. Je me surprends à tendre l'oreille devant le regard médusé et excité d'Alyssa, la secrétaire un peu trop curieuse. Je sens qu'elle a envie de faire de même mais la crainte de se faire prendre l'en empêche. Je n'arrive pas assez bien à entendre ce qui se dit, alors je me faufile discrètement dans mon bureau et colle mon oreille sur la mince porte de service donnant sur l'orage ambiant.

— Arrête de jouer les petits chefs Annabelle, ce n'est pas toi qui commande ici.

Le ton de Riley me glace le sang. Je me sens comme dans une salle de cinéma sans le popcorn, en attendant impatiemment la suite de cette conversation houleuse.

— Tu la protèges ? Pourquoi ? Cette fille n'a aucune valeur.

Ils parlent de moi ! Mon cœur s'emballe furieusement.

— Tu te trompes sur toute la ligne. Cette fille comme tu dis, ne vaut pas moins que toi et moi. Je dirais même qu'elle excelle dans son domaine et je n'apprécie pas que tu la rabaisses.

— Quoi ? Je la rabaisse, tu n'as pas vu comment elle me regarde de haut sans arrêt et toi, tu rentres ta queue, dès qu'elle ouvre la bouche.

— Qu'est-ce que tu crois Anna ? Je ne la touche pas. Elle n'est rien pour moi alors arrête un peu tes enfantillages...

Je ressens comme un coup de poignard dans la poitrine. "Elle n'est rien pour moi".

Pourquoi suis-je étonnée ? Je le savais au fond. Nous n'avons passé qu'une nuit ensemble il y a des années et je suis comme une étrangère aujourd'hui. Alors sa réaction est tout à fait normale. Bien que j'en ai tout à fait conscience, je m'en veux d'admettre que je souhaitais qu'il me voit autrement... C'est douloureux... J'ai mal, si mal...

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