Chapitre 16 - Qui a dit que...

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Ce qui s’est passé derrière le pylône reste pour moi un mystère sans nom.

Je vous fais un petit condensé : Riley m'interrogeait du regard tandis que mon corps tenait à peine debout.

— Je suis désolée, Monsieur... J'ai trop bu.

— Vous déconnez Crossley ?

Les mains sur sa taille et le regard haineux, je le sentais prêt à me faire prendre une sacrée morale. Mais l'alcool faisant le même effet que RedBull, je me sentais pousser des ailes. Je riais devant son attitude presque paternelle, et lui sortais sans peur :

— Qu'est-ce que ça peut vous faire, vous ne me voyez même pas...

—Pardon ?

— Mais oui, occupez-vous de cette chère Annabelle et laissez-moi, ou moquez-vous de moi, ça m'est égal...

— D'où sortez-vous pareilles conneries Crossley ? s'indignait-il rouge de colère.

— Je ne suis pas folle, Monsieur Kingsrock, les murs ont des oreilles, lui enseignais-je, le doigt tendu tapotant sa chemise parfaitement repassée.

—Vous m'avez entendu dire quelque chose sur vous ? Ou vous ai-je laissé entendre que je ne vous considérais pas?

— Non pas vous, Justo l'a dit... À plusieurs reprises avec d'autres. Je suis une pouilleuse et vous vous ne voyez que les femmes flottantes dans du trente-six.

J'avais conscience que mon discours devenait incohérent et je pensais qu'il le valait peut-être mieux pour moi. J'étais en train de m'épancher sur l'épaule de mon ex qui ne me reconnaissait même pas...

Riley me saisissait les épaules en me broyant presque les yeux par la rudesse de l'acier dans son regard.

—Je n'ai jamais pensé de telles horreurs Kira. Je vous trouve sublime.

—Hein, quoi ?

— Je ne vous l'ai pas encore dit, parce que vous m'aviez traité de goujat dans l'ascenseur lors de votre entretien...

— Vous y étiez ?

— ...ainsi que de Connard dans ma voiture...

— Je me suis déjà excusée pour ça.

— Laissez-moi finir. J'aime votre côté pétillant et naturel et vous avez du talent. Vous incarnez tout ce qu'il manque à DCK et je ne laisserais personne décider du contraire. Quant à votre corps ou encore votre taille, je préfère largement contempler une déesse qu'un squelette... Mais cela bien sûr, je ne vous l'ai pas révélé. Est-ce clair ?

Etait-ce un rêve ? ou un fantasme à peine dissimulé ? En franchissant les portes du sixième étage en ce lundi matin, j'avoue avoir du mal à savoir comment me comporter, maintenant.

Rapidement soulagée de ne plus avoir ce dilemme en tête, c'est scandalisée que je rentre dans mon bureau, surchargé de dossiers et de projets de création. Annabelle, toute pimpante, entre juste dans mon dos, et me surprend. Etant donné qu'elle ne se donne même plus la peine de frapper ni de fermer la porte après son passage, je ne devrais plus être surprise de ses irruptions.

— Bienvenue officiellement chez nous Kira, voilà un aperçu de votre nouvelle vie. Nous avons besoin de tous les dossiers traités d’ici une semaine. Je serais vous, j'annulerais tous mes rendez-vous pour des soirées éventuelles.

À voir son visage, elle semble enchantée de m'humilier de la sorte. Je pense que cette petite vengeance est due au fait qu'elle est arrivée à la soirée pour nous déranger avec Riley, alors que nos corps étaient très proches derrière le pylône.

La garce est jalouse !

Satisfaite de sa contrariété, je me dis que cela vaut tous les dossiers du monde. Pendant deux jours, je m'affaire à remplir la paperasse, passer des appels à nos fournisseurs pour les délais et prendre des rendez-vous pour rencontrer de nouveaux jeunes créateurs, tout cela dans le but de boucler le magazine pour vendredi soir.

Le mercredi matin...

Bip Bip Bip

Ah merde ce n’est pas le moment !

Alors que j'assiste à une vidéoconférence dans le bureau du grand patron avec quelques collaborateurs ainsi que Riley qui fait comme si de rien n'était, le téléphone de Birdy se met à sonner. Cela m'attriste quelque peu, puisque je n'ai aucunement le temps de peindre ou de passer à la galerie avoir tout ce boulot par-dessus la tête.

—Excusez-moi, il faut que je le prenne c'est urgent...

Trop tard. Me faufilant dans le couloir en refermant délicatement la porte, je vois sur l'écran "Message vocal" !

" Salut, ma chérie, c'est Sharon. J'espère que tu vas bien, je n'ai plus trop de tes nouvelles. Essaie de me rappeler quand tu peux, car j'ai une super nouvelle. Tu as enfin décroché une vente privée ma belle. Un acheteur est prêt à te prendre quinze nouvelles toiles, sans même les voir tu te rends compte ? Bon ... "

Mon regard navigue partout autour de moi. Des tableaux provenant quasiment tous de la galerie, sont exposés sur la quasi-totalité des murs de DCK. Plusieurs noms griffonnent le bas de chaque tableau avec une particularité pour chaque artiste présent, de Billy Street à Jain Rocky, et même deux de moi dans le couloir, mais le seul datant de mon ancienne vie est dans ce bureau. Katherina... La commande tombe mal avec tout le boulot qui me reste à abattre...

Et si c'était Riley qui les avait commandés ?

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