Chapitre 12 - L'homme à femme

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Les semaines passent et je sympathise avec plusieurs collègues de chez DCK.

Frida que je surprenais à discuter sur mon dos, le jour de mon entretien, s'avère être fort agréable. Mais, je prends cette nouvelle relation avec des pincettes cependant.

Sois proche de tes amis, mais encore plus de tes ennemis...

Ce soir, j'ai la pression. Annabelle a préparé sur ordre de Monsieur Kingsrock une soirée d'intégration avec les collaborateurs extérieurs et tout le gratin, pour me présenter en tant que Collaboratrice Mode, section Lingerie officielle.

Je dois m'affairer à terminer mes premiers modèles estampillés DCK pour le défilé que j'organise avec des mannequins tellement squelettiques qu'il me faut retoucher moi-même certains prototypes. L'avantage de la place de "cadre" c'est que je ne passe plus de longues heures à la confection.

Je transmets mes croquis à Mark, la petite fée de la couture, et il fait des miracles en quelques heures. Mark m'a tout de suite accepté, malgré les nombreux avertissements de mes collègues féminines car ce quarantenaire au look si controversé s'avère faire partie de cette catégorie d'homosexuel anti-femme.

Pff Foutaises !

Souhaitant mettre toutes les chances de mon côté, je suis allée me présenter de moi-même, dans son palais du tissu situé au deuxième étage.

Certes, ce n'est pas son sourire qui m'accueillit en premier mais un froncement de nez, accompagné d'un pincement de lèvres significatif. Il me tendait sa main sans prendre la peine de me parler, s'attendant à ce que je l'incombe d'un nouveau travail. Au lieu de ça, je la saisis et lui proposai une collaboration étroite juste entre nous.

Au bout de seulement deux jours, l'homme anti-femme me tapait la bise devant tout le monde, rendant toutes ces mauvaises langues, vertes, dans le genre Hulk.

Il faisait absolument tout ce que je voulais. En contrepartie, je lui offrais une ouverture quant aux améliorations de mes modèles. Il semble toujours comblé d'apporter sa propre pâte aux projets et je reste forte de suggestions, quoiqu'on en dise.

C'est avec surprise que Mark avance vers moi, avec une démarche, on ne va pas se mentir, féminine. Il tient une boîte en carton entre ses frêles mains et me sourit de toutes ces dents.

— Surprise ma chérie !

J'ouvre le paquet les sourcils grimpés sur mon front bien au-delà de mes lunettes.

— Oh Mark...

— Tu vas les épater ma grande !

Je regarde le dos de mon nouvel ami se diriger vers la sortie de mon bureau. Je ne l'ai même pas remercié. Émue, je saisis avec soin le tissu de taffetas, révélant un décolleté au dégradé parfait, nuance couleur chair évoluant vers le noir.

Mark m'a fait une robe !

Frida, la maquilleuse des mannequins, s'affaire avec plaisir à me maquiller. Mes lentilles de contacts m'attendent sur le rebord de mon bureau et c'est à ce moment là qu'Annabelle, très élégante, rentre dans mon bureau sans frapper pour la troisième fois cette semaine.

GRR !

Son regard bloque sur moi, et elle ne peut s'empêcher de me reluquer de la tête aux pieds.

— Quelque chose ne va pas ? Lui dis-je l'air de rien en enfilant mes boucles d'oreilles argentées.

— Non rien, la voiture nous attend et le patron aussi, vite. Il n'est pas d'humeur.

Boum, Boum...

Je n'ai pas vu Riley depuis deux jours. Son poste l'oblige régulièrement à s'absenter, et malgré un léger pincement au cœur de déception lorsque j'arrive le matin en le constatant absent, je n'arrive toujours pas à me contrôler lorsque je le vois.

Lui, en revanche, n'a plus refait le moindre écart en ma présence depuis l'entretien. J'en viens même à me demander si ce n'était pas un test. Egalement discret avec les autres femmes, je n'ai plus à me plaindre du bruit lorsqu'avec Annabelle, ils s'autorisent un plaisir.

Justo m'attend tapotant sa cuisse, impatiente de descendre. Nous embarquons Alyssa dans la foulée, qui est absolument divine dans une robe longue, très classique.

L'ascenseur parait tourner au ralenti. Mes deux commères se sont tellement parfumées, que d'être confinée dans cette boîte avec des odeurs aussi fortes, j'ai comme l'impression d'avoir fumé un gros pétard.

Mes yeux se troublent, si bien que le hall est le bienvenu. Malgré cela, nous marchons plus lentement comme pour une question d'apparat et de maintient du protocole.

J'ai besoin d'air, mais...

Une femme ne court pas, elle se hâte !

Une limousine noire est stationnée juste devant la porte vitrée. C'est un Riley Kingsrock absolument renversant qui nous attend adossé à la voiture. Tout d'abord, dans une posture nonchalante puis il sort la main de sa poche et se redresse levant ses yeux sérieux vers nous...

Il parait choqué et perd toute prestance en une fraction de seconde devant nous trois. Timidement, je vais à la rencontre de son regard.

Nos yeux se magnétisent, se combattent, communiquent...

Mon Dieu

Boum, Boum, Boum...

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