Chapitre 83 - Le chèque

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— Comment ça, foutu ?

— Je suis désolé mademoiselle, mais je n'ai aucun moyen de le réparer, la carte mère est morte, et le disque dur est endommagé.

Malgré moi, mon visage s'inonde de larmes chaudes, que j'essuie instantanément devant le regard désolé du réparateur aux lunettes carrées.

— Bon merci quand même...

— Vous voulez le récupérer ?

— Pourquoi faire ? Gardez-le...

Les pages de mon livre se tournent définitivement trop vite pour moi. J'avais quand même gardé un infime espoir que Bob le bricoleur de l'informatique, puisse récupérer au moins quelques données sur l'engin, mais mes espoirs viennent de couler à pic, tout comme mes épaules lorsque je sors de la boutique. J’erre tel une âme en peine jusqu'à la rue de mon appartement.

J'espère que Simon n'y est plus.

Mon ventre se tord lorsque je presse la poignée de ma porte d'entrée, et à ma grande satisfaction, aucune âme qui vive à l'horizon. Je ne me sens pas encore prête à affronter Simon. Même s'il ne l'a pas fait exprès, je ne peux m'empêcher de lui en vouloir encore d'avoir détruit mon ordinateur.

Tant pis !

Je remets mes excuses pour plus tard. Alors que je songe à passer la journée au lit, en contemplant mes draps froissés, encore souillés par mes ébats avec Bakes, j'entreprends d'abord de les changer avant de m'enrouler dedans comme un nem, mais mon téléphone me coupe dans mon élan. Je souffle.

Qui peut bien m'appeler à cette heure-là ? Sharon !

La pauvre doit s'inquiéter pour moi. Je ne l'ai même pas rappelé alors qu'elle m'a peut-être vu quitter les lieux de la vente aux enchères dans les bras de Well. Je ne me rappelle de rien. Il faut que je la rassure.

— Sharon ?

— Ah ma belle, tu es enfin réveillée ! Je m'étonnais de pas avoir de tes nouvelles. Comment vas-tu ?

Son ton joyeux me fait comprendre qu'elle n'a rien vu de mon départ. Dans un sens, je suis soulagée. Je n'avais pas envie de me justifier quant à la façon dont j'ai terminé la soirée d'hier. Ce n'est pas que j'en ai honte, mais je pense avoir dépassée le quota d'explications pour le reste de la semaine.

— Ça va, un peu courbaturée mais ça va.

C'est peu dire.

— Tu passes à la galerie ? J'ai quelque chose pour toi.

— Oui bien sûr, laisse-moi une petite heure, je viens dès que je peux.

En raccrochant, je ne cherche même pas ce qui m'attend à la galerie. Je rentre dans la douche, presque trop machinalement, pour me débarrasser de toute culpabilité.

En arrivant dans la galerie, je ne pense même plus à ma matinée avec Simon. Il me reste seulement le regard de Riley flottant par moment dans ma tête. J'aimerais tellement être avec lui, savoir ce qu'il pense. Savoir ce qu'il fait.

— Ah ma chérie !

Mon amie Sharon me saute presque au cou. Elle est radieuse. Je sens bien que sa soirée, s'est déroulée comme elle l'avait espéré, et cela me réchauffe le cœur. Y en aura au moins une de nous deux qui gardera de bons souvenirs de ce cirque.

De ses doigts fins et agile, elle me tend une enveloppe en la brandissant avec fierté sous mon nez.

— Qu'est-ce que c'est ? M'interrogé-je.

Sharon se fige sur place, elle semble même déçue.

— Bah c'est ton chèque banane ! Tu t'attendais à quoi ?

Les paroles de Maisy me reviennent en flash-back. Avec tout ce qu'il s'était passé, j'en avais presque oublié sa promesse.

— Mon chèque ? Déjà ? J'avais complétement oublié ! Ça m'était complètement sorti de la tête.

— Crois-moi quand tu auras vu le montant, tu risques de t'en rappeler un moment. La pauvre est passée ce matin à la galerie toute contente, en espérant te voir. Elle a attendu un moment puis elle est partie en me demandant à ce que tu la rappelles.

— Ça va de soi ! Je l'aurais remercié de toutes les manières.

— Allez ouvre ! Je veux voir ta tête.

— Peu importe le montant, ça va bien m'aider en tout cas vu que je n'ai plus de travail. Ma réponse l'ébranle et elle perd son sourire. Je prends conscience de ma bêtise.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire chérie ! Je vais continuer à travailler avec toi bien sûr et à peindre, mais ce n'est pas pareil tu comprends ?

Mon amie tente de ravaler sa déception, puis opine doucement avant de retrouver un fin sourire. Je la quitte des yeux pour me concentrer sur l'enveloppe et arrache sans compassion le papier.

Je n'en crois pas mes yeux. Il faut que je cligne plusieurs fois mes paupières pour réaliser ce qui m'arrive.

Cent trente et un mille cent dollars !

Je peine à déglutir et à réaliser ce qu'il m'arrive. Je sens une petite carte cartonnée glissée à l'arrière du chèque et ne reconnais pas cette écriture aux courbes généreuses, mais je comprends qu'il s'agit de Maisy.

Ma chère Birdy, je suis un peu déçue de ne pas vous avoir vue ce matin. J'espère que vous accepterez ce numéro de téléphone ci-joint et vous invite à me joindre lorsque vous le pourrez. J'ai une proposition à vous faire. Bien à vous M.G.

— Ce n'est pas tout Katherina.

— Ah ? Son ton soudainement sérieux voire méfiant, m'interpelle.

— J'ai reçu un coup de téléphone juste avant que tu arrives de Monsieur Kingsrock...

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