Chapitre 74 - Mille

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Bakes m'observe intensément. Sa proximité me rend toute chose car ses yeux d'un bleu profond sont plus qu'attrayant.

— Vous savez de ma vie, je n'avais jamais vu de tels yeux.

Là, tout le monde pense que c'est moi qui lui déballe un constat plus que justifié, mais il n'en est rien...

Subjuguée par ses lèvres qui viennent de bouger, je ne peux m'empêcher de lui répondre :

— C'est amusant, je me disais la même chose de vous !

— Ah oui ! C'est vrai qu'on me le dit souvent ! Pourtant cette teinte miel argenté est tout à fait fascinante...

Ma longue expérience dans ce domaine m'oblige à tirer la sonnette d'alarme. Si on continue à ce train-là, Bakes va se pencher en continuant de me fixer et va tenter de m'embrasser.

Consciente de cette possibilité que je m'interdis, je tourne la tête en souriant poliment vers Sharon, qui s'apprête à dévoiler ma première toile.

Des « hooo » et « haaa » s'élèvent dans la salle. La femme assise à côté de Bakes a les yeux qui pétillent ce qui me donne du courage.

— Ah, mon Dieu quel talent ! Murmure Simon pour lui-même.

Piquée au vif dans ma curiosité, je l'interroge :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Regardez par vous-même... J'ai déjà une toile de Birdy chez moi, mais je sens que ce soir, ce sera hors budget pour moi.

En me sortant ces mots, Simon n'a absolument pas conscience qu'il vient de me faire le plus beau des compliments. Son regard ne décroche pas du décor floral sur le fond d'océan que j'avais peint, il y a des mois de cela. Pourtant, vu son comportement jusqu'à présent, il devrait passer son temps à essayer de me charmer. Tout me faire croire, qu'il est sincèrement touché par mon travail.

— Nous commençons les enchères à cent dollars... Cent pour la dame du premier rang. Deux cents pour...trois cents pour le gentleman en costume gris. Quelqu'un pour quatre cents ? Quatre cents, cinq cents...

Je n'en reviens pas. Mon cœur bat à tout rompre. La toile finit par s'envoler jusqu'à deux mille dollars alors que d'ordinaire, nous l'aurions vendu pour à peine deux cents. Moi, qui n'avais jamais fait d'enchères, je comprends enfin cette sensation d'adrénaline que ressentent les acheteurs compulsifs lors de ces ventes.

La deuxième, plus imposante part pour sept mille cinq cents dollars. La troisième pour onze mille. À chaque coup de marteau, je me sens renaître. Les compliments autour de mes œuvres fusent, lorsque Sharon ôte le drap qui recouvre chaque œuvre. En voyant l'engouement général, je regrette presque de ne pas en avoir proposé plus, même si je leur réserve une surprise à la fin.

Le quatrième me bouleverse. C'est un peu à regret que je m'en sépare, mais il me fait trop penser à ce qui m'arrive en ce moment à DCK avec Riley pour me permettre de le garder. Cette toile représente une pluie d'étoiles avec un homme assit sur le sol de dos, la tête balancée vers le ciel. Carvin se positionne tout de suite dessus en proposant dix mille.

Sharon se fait quelque peu dépassée par les évènements et bafouille en cherchant à ne pas me regarder. Monsieur Kingsrock père en propose à son tour quinze mille et ainsi de suite. Kingsrock finit par renoncer. Enfin, c'est ce que je pensais... D'autres acquéreurs tentent leurs chances également, et le tableau monte à cinquante mille en un tour de bras.

La pression monte, Bakes est presque aussi subjugué que moi... Au dernier moment, alors que Sharon s'apprête à adjuger, Kingsrock père se lève pour clamer haut et fort « cent mille dollars ».

Des chuchotements s'élèvent de part et d'autres de la salle. Carvin se retourne la mine affectée par cet affront et plante directement ses yeux dans les miens. Surpris, il oublie son rival et me lance un signe de tête mesquin. Mais lorsque vient le tour de Riley de se retourner, mon sang ne fait qu'un tour.

Nous nous jaugeons un moment. Le teint livide, son regard se fige, dans l'attente certainement d'un mouvement de ma part. Mais c'est Bakes qui se penche et intercepte notre échange en souriant fièrement à King tout en le saluant d'une main conquérante.

Les yeux de Riley s'obscurcissent et il choisit finalement de nous ignorer en souriant à son père.

— Adjugé, Cent mille dollars pour le monsieur au fond de la salle !

Un tonnerre d'applaudissement me fait soudainement sursauter, mais je suis la cadence et en fait de même pour saluer le généreux donateur et père de Riley...

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