Chapitre 51 - Le réveil du Cobra

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— Évidemment ... Tout le monde les as vu ... Je suis désolée, Riley.

— De quoi ? Ce n'est pas de ta faute.

Son ton détaché ne me trompe pas, mais par égard pour son égo, je fais mine de rentrer dans ce jeu idiot, et n'insiste pas.

— Le magazine prend l'eau de toute part... J'ai foutu en l'air en cinq ans ce que mon père a mis trente ans à bâtir. Je suis vraiment qu'une merde...

Là encore, j'ai l'impression d'avoir l'adolescent devant mes yeux. Jamais encore je ne l'avais entendu se dénigrer de la sorte. Je repense rapidement à la proposition de Carvin et ne peux m'empêcher de croire que tout ça n'est que le résultat de ma lenteur d'exécution. Alors quelque part je m'en sens responsable, et de le voir se flageller comme ça, me met dans une colère noire.

Pendant qu'il larmoie caché derrière des livres poussiéreux, il y a une bonne vingtaine de personnes qui se démènent pour reprendre le contrôle de la situation... Furieuse, autant contre lui que moi-même, je tente de nouveau la persuasion. Agrippant son visage entre mes mains, j'attends d'avoir toute son attention alors que lui, cherche à deviner le fond de ma pensée.

— Riley, tu es un chef d'entreprise exceptionnel. Tu t'arraches pour ton boulot et tu le fais bien, alors arrête de t'apitoyer et ne laisse pas une merde comme Carvin te pourrir l'existence.

Merde ! Je me suis vendue...

J'ai toujours éludé à propos de la conversation que j'avais eu avec lui dans son bureau, mais là, Riley sait que je suis au courant de leur querelle de longue date. Heureusement pour moi, l'alcool influe tout, y comprit l'esprit embrumé de ce pauvre homme dévasté...

Comme si je n'avais rien dit, Riley enchaîne en quittant mon regard :

— Arrête tes conneries, c'est uniquement ma faute. J'aurais dû prendre mes responsabilités plus tôt...

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— J'aurais dû épouser Annabelle depuis le début on n'en serait pas là, maintenant à cause de mon refus, je suis en train de foutre en l'air la vie de dizaines de personnes.

Mon Dieu, alors il pense à ses employés avant ses propres intérêts ? Je n'aurais jamais cru...

Une certaine mélancolie m'habite soudainement. Riley vient de confirmer mes doutes quant à l'union que Carvin prévoyait à l'époque avec Kingsrock. Le mariage est donc prévu depuis longtemps...

— Alors c'était ça, le marché que Carvin te proposait ?

— Oui, en échange d'une étroite collaboration entre les deux magazines, mais son but ultime a toujours été de m'évincer... Je ne suis pas fou.

Il est peut-être temps pour moi de lui avouer la proposition de ce scélérat. Malgré tout je n'en trouve pas la force. Je me concentre davantage à requinquer notre Kingsrock qui est aujourd'hui encore plus que l'ombre de lui-même. Retroussant mes manches, j'essaie de tirer sur son bras mais son poids mort ne bouge pas. Il me regarde perdu et me demande :

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Il faut que tu ailles te prendre une douche, te laver les dents et remonter le moral de la troupe là-haut.

— Ça ne sert à rien, on est fichus...

Choquée par ses paroles, je le lâche et plante mes points fermement sur mes hanches en lui jetant un regard assassin.

— Peut-être ... Mais il y a au moins une vingtaine de personnes là-haut qui t'attendent et qui s'inquiète de ton absence. Je les ai vus. Tous se creusent pour essayer de trouver une solution, et toi tu es là en train de boire seul ! Je t'avoue que cela me déçoit...

Mes paroles semblent faire tilt dans son cerveau désordonnés puisqu'il finit par opiner en soufflant et peine à se lever en se tenant lourdement sur moi. Non sans peine, nous parvenons à la salle de bain et il commence à se déshabiller.

Je me torture à ne pas observer son corps parfait, et me contente de tourner les boutons de la douche pour faire couler de l'eau chaude.

Au moment de sortir, il m'attrape le poignet.

Instinctivement mes yeux se posent sur lui et son corps magnifique me rappelle une soif de lui que je croyais amoindri jusqu'à lors.

Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi me fait-il toujours cet effet ? Ce n'est pas le moment.

Ses yeux implorants me supplient de me rapprocher de lui. J'hésite, car je sais très bien que si je renonce maintenant je ne pourrai plus jamais faire marche arrière. Mais mon envie est irrépressible. Alors, fusillant au passage tout amour-propre, je me blottis contre sa cage thoracique bouillante, et je sens sans lentement sa virilité se lever sous son boxer noir...

Oh merde !

Étonnamment, il ne bouge pas, et ne tente rien. Si bien, que j'en viens à me dire que c'est moi la plus dépravée des deux. L'instant s'éternise encore et j'en oublie presque la tension sexuelle entre nous. J'aimerais que ce moment dure toute ma vie. Réalisant tristement que cela est impossible, je coupe ce bonheur éphémère en m'écartant doucement de lui.

— Vas-y, entre dans la douche... Tu pus !

Un rire diaboliquement sexy et puissant résonne dans la petite pièce, faisant vibrer mon cœur.

— Oui, je sens le bouc !

Il est lucide, c'est déjà ça...

— Lave-moi s'il te plait...

— Hein ?...

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