Chapitre 50 - L'ours dans sa grotte

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En revenant sur mes pas, je constate que Frida répond à mes exigences en s'asseyant aux côtés d'Alyssa qui retrouve doucement ses couleurs, ce qui me regonfle de courage pour la suite.

Fixant la porte froide de l'ascenseur comme un ennemi prêt à combattre, je traverse la zone de guerre, le buste droit et le pas sûr. Pourtant, une fois à l'abri des bombes, mon cœur s'emballe lorsque mon doigt stagne au-dessus du bouton destiné au premier étage...

Diding ... Premier étage.

Les archives...

Une vive douleur parcourt chaque centimètre de mon corps lorsque je me remémore le moment passé ici avec Riley. Notre soudaine proximité avait aussi marqué une cassure entre nous, et visiblement j'en souffre plus que lui aujourd'hui.

En arrivant devant la porte dérobée, au bout d'une rangée d'étagère pleine à craquer de documents, mon corps tremble douloureusement et mon pas s'ébruite. Ma main s'alourdit également sur la poignée froide de la porte. Je parviens à distinguer une chaise presque détruite à l'entrée à l'instant où je me prends les pieds dedans en entrant dans la pénombre...

Mes yeux s'habituent a l'obscurité, et distinguent même quelques formes qui se dessinent grossièrement devant moi. Des morceaux de la chaise ancienne autrefois posée devant le bureau se retrouve les quatre fers en l'air dont l'éclat dans lequel mes orteils se sont accolés.

Ce n'est pas tout, puisque des lambeaux de papiers crayonnés jonchent le sol de quasiment toute sa superficie. Mais ce ne sont pas ces débris qui attirent réellement mon attention. C'est plutôt, la touffe de cheveux noire et ébouriffée blottie entre deux bras croisés, musclés et denses.

À mon grand désespoir, j'observe de loin ses épaules se lever et s'abaisser dans un rythme lent et régulier juste à côté d'une bouteille de Scotch pratiquement vide. Son ivresse le rend hermétique et incroyablement sans défense alors que je m'élance à sa rencontre cherchant une façon adéquate de le réveiller.

Hésitant un instant je parviens à rapprocher ma bouche sèche au plus près de son oreille pour lui susurrer avec douceur :

— Riley ? Riley... Réveilles toi !

Ma voix se meurt en un murmure à peine audible. Je n'en reviens pas d'être là, dans son bureau où nous avions baisé avant de nous déchirer brutalement...

Au bout d'un moment, un son désorienté agrippe mes oreilles. Riley baragouine quelque chose dans son sommeil mais j'ai beau me rapprocher, je n'arrive pas à déchiffrer ce langage nébuleux.

Comme un enfant, King souffle bruyamment avant de me laisser croire qu'il s'apprête à ouvrir les yeux, car de toute évidence, Morphée le réclame encore. Pourtant, moi, je n'ai plus vraiment le temps pour ça.

L'urgence de la situation m'oblige à insister quitte à me confronter à une humeur de chien de mon PDG réveillé contre son gré. Sans autre alternative, je pose mes mains sur les épaules du Colosse. Rien que le contact de sa peau chaude et de ses muscles roulant sous mes doigts me provoque un doux frisson à l'entrejambe, et je m'en veux pour ça.

Tel un chat presque aveugle, ma vision bien que meilleure qu'à mon arrivée ne me permets pas de distinguer parfaitement les traits du visage de Riley. Alors je me penche au-dessus de sa tête jusqu'à atteindre le petit interrupteur jauni d'une lampe de bureau verte dont le pied en laiton la rend toujours moderne avec la mode du vintage qui revient de nos jours.

Ma main masse doucement de mon pouce le nœud qui s'est formé en bas de sa nuque. N'y voyant aucune différence, j'appuie la pression et King finit par tressaillir sous ma paume. Il lui faut un instant avant de lever la tête lentement.

Ses yeux égarés et injectés de sang se fixent difficilement sur les miens. Il est désorienté. Par-dessus tout, je pense qu'il est surpris de me voir, puisqu'il fronce à plusieurs reprises les sourcils en s'étirant.

— Kira ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Sa voix est profonde et guttural, et malgré tout sexy comme jamais, à l'instar de son haleine pestilentielle qui me monte aux naseaux à m'en arracher une grimace.

— Riley, il faut que tu montes au sixième, c'est la débandade là-haut !

Son regard lourd de tristesse, me poignarde en plein cœur. Je déteste le voir comme ça. Mais il faut qu'il assume ses responsabilités.

— Tu as vu les couvertures ? Poursuit-il, en ignorant ma demande express...

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