Chapitre 33 - Les ancêtres

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Dans moins d'une heure, j'ai rendez-vous avec Monsieur Carvin, PDG et rédacteur en chef de Just Dress, principal concurrent du DCK magasine, qui, d'après mes récentes recherches est littéralement en chute libre des ventes depuis un mois. Ce monde des affaires est décidément bien ingrat me dis-je en secouant la tête devant le miroir. Piur éviter de renouveler le désastre de mon entretien d’embauche où mes seins ont bien failli créer un tsunami en s’échappant de mon chemisier, j'opte pour une robe grise qui me rappelle les yeux de Riley. Même si ce souvenir m'est douloureux, la couleur elle, est vraiment parfaite. Un fin collier de perles offert par ma grand-mère le jour de l'obtention de mon diplôme fera parfaitement l'affaire, un chignon classique à l'ancienne monté avec soin juste au-dessus de ma nuque et le tour est joué. Comme à mon habitude, j'ai pris soin d'arriver à l'heure ressassant le peu d’informations que je détiens sur cet impitoyable Monsieur Carvin. Je ne sais pas grand-chose de cet homme, à part qu'il est vieillissant et en excellente santé. J'ai lu également dans un article qu'il affectionnait tout particulièrement le chic à la française, l'art et la musique. Je pense que chaque personne ayant un attrait pour les belles choses du monde a forcément un coeur qui bat plus fort que la moyenne même sous un visage fermé voir austère.

Richard Carvin, venait de la haute société, et avait monté son entreprise de toute pièce contre la volonté de ses parents fortunés. Il se montrait sans pitié, et avait déjà écrasé la concurrence à de maintes reprises dans le passé.

Espérons simplement qu'aujourd'hui fasse exception.

Riley m'a appelé deux fois ce matin, pour me proposer sa voiture afin d'être sûr que j'arrive à l'heure et la deuxième sonnait plus comme un ordre ce qui me ferma comme une huître. Rien que le simple son de sa voix me rappelle le cri de jouissance de sa chère fiancée lorsqu'il la martelait de sa matraque, encore excité par mon corps juste avant, alors son autorité, il peut se la carrer où je pense.

Ça y est, il m'a énervé  !

Il faut que je me calme, l'avenir de DCK est peut-être en jeu. Ne pense pas à King ni à cette pimbêche. Pense à Mark, Alyssa, Frida, James...

J'énumère ainsi tous les employés qui me sont sympathiques chez DCK jusqu'à ce que l'ascenseur de Just Dress m'annonce "dixième étage" les bureaux sont ressemblants aux nôtres à l'exception d'une décoration peut-être plus vieillotte ici, au vu de l'ancienneté de l'entreprise. Une petite blonde, sans maquillage au teint pâle, m’observe avancer vers elle.

Miranda, comme son badge l'indique, me fait patienter sur un sofa hyper classe devant les deux seules portes de bureaux fermées de l'étage. Une pancarte dorée avec Carvin écrit en gros scintille devant mes yeux. Mal à l'aise, je ne parviens pas à trouver de position adéquate. Mais, mon attente est de courte durée, puisque l'immense porte en bois s'ouvre sur moi, envoyant une vague d'air frais au passage. Instinctivement, je souris de toutes mes dents en regardant l'homme au regard sévère qui se tient fièrement devant moi. Ces yeux me rappellent quelque chose, mais je n'ai pas le temps de réfléchir que le second homme légèrement moins âgé finit de l'escorter avant de me regarder à son tour.

— Merci à toi Phil. Tu passeras le bonjour à Riley de ma part.

L'homme anciennement blond, me remarque enfin, et me fait signe de patienter un instant avant de sortir un téléphone portable de sa poche et refermer la porte violemment.

"Phil" se tourne vers moi, et je n'en crois pas mes yeux. Le père de Riley, n'a pas vraiment changé depuis la dernière fois que je l'ai vu. Sous cette autorité naturelle se cache un père aimant et un homme merveilleux. Il avait fait beaucoup pour notre école et j'avais eu la chance de le rencontrer à de nombreuses reprises.

La dernière fois c'était le lendemain de ma fameuse nuit avec Riley, alors qu'il venait de s'évaporer. Il m'avait laissé seule, dans son immense maison, et la seule personne que j'ai trouvée sur mon chemin alors que je rentrais chez moi était monsieur Philip Kingsrock en personne.

— Katherina?

Mon sang se fige d’effroi, et je suis persuadée que ma tête traduit toute la stupeur que me provoque cette rencontre fortuite.

Il m'a reconnu ?

Nerveusement, je souris et tends timidement la main vers ce géant, qui aujourd'hui le parait un peu moins qu'à l'époque.

— Ma chère, j'ai vu un certain nombre de filles passer dans ma maison avec Riley, mais vous... Je n'ai jamais vu de pareils yeux.

— Monsieur Kingsrock, ne dites pas à Riley que vous m'avez vu, je vous en prie.

— Pourquoi cela ?

— Parce qu'on s'est perdu de vue. Je ne tiens pas à être de nouveau confrontée à lui.

C'est un beau mensonge. Mais son père n'y est pour rien, et je ne tiens pas à le porter responsable de quoi que ce soit.

— Très bien ma chère. Mais vous savez, il ne vous a pas oublié, je le sais.

— Quoi ?

Sa phrase résonne en moi, et me picote les veines. Le vieil homme n'a pas le temps d'ouvrir la bouche que la porte du bureau de Monsieur Carvin s'ouvre de nouveau.

— Ah, Kira Crossley, c'est un plaisir de vous avoir parmi nous.

Carvin me sourit faussement avant de constater la présence de Phil. Un dernier regard entendu vers Phil, et je lui fais signe de garder le secret. Une fois encore, le père de Riley m'adresse un clin d'œil similaire à celui qu'il m'avait fait le matin où je le rencontrais officieusement chez lui.

Il connait mon identité maintenant.

Merci Carvin !

Mais que faisait-il ici ?

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