Je grimpe à bord.

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 Sans avertissement, la porte claque dans mon dos, manquant de me couper en deux. Je longe le couloir pour découvrir la cabine dans laquelle je passerai les dix prochaines heures. Impossible de croiser quelqu’un dans ce boyau, j’ai abandonné l’idée de remettre mon bagage sur mes épaules et je le traîne à ma suite jusqu’au compartiment 1679. Un vague souvenir remonte à mon esprit au sujet de ce chiffre. Ce serait une espèce de signe extra-terrestre, le produit de deux nombres premiers, je n’avais pas prêté attention à cette information à l’époque, je me demande maintenant si ça n’en aurait pas valu la peine.

 Lorsque je pénètre dans la cabine, les autres passagères sont déjà là. Comment ont-elles fait pour arriver avant moi, alors que je marchais seule vers la tête du train ?

 Je reconnais immédiatement la vieille dame. Elle se tient assise sur la couchette du bas, son précieux félin, sorti de sa cage, me jette un regard dédaigneux lorsque j’entre. Elle le caresse avec douceur, je me demande quand elle a témoigné d’autant de tendresse à son mari. D’ailleurs, où se trouve-t-il, lui ?

 Ma seconde colocataire est une grande femme. Jeune, blonde, l’archétype de la bombe atomique au teint pâle venue d’un pays nordique. Elle n’a pas froid aux yeux ni ailleurs d’après la tenue qu’elle porte, elle a en effet relégué son pantalon pour une petite culotte. La vieille dame ne semble pas s’en offusquer, son regard glisse sur elle comme si elle n’existait pas.

 Lorsqu’elle me voit entrer dans la cabine, la blonde m’aide à rentrer mon bagage. Elle le soulève comme si c’était une plume, je la hais déjà, même si ses magnifiques yeux naïfs et son sourire désarment rapidement toutes mes velléités revanchardes.

 Alors qu’elle porte mon sac sur la couchette du haut, le départ m’assied au côté de la vieille dame. Son chat siffle et hérisse son poil à mon adresse. Pendant ce temps, la jeune femme, pas le moins déséquilibrée du monde jette mes affaires au sommet de la cabine.

 Le convoi grince et crisse alors que la vitesse augmente. Un silence embarrassé s’installe entre nous, malgré quelques tentatives de la femme du nord pour engager la discussion. Elle s’exprime avec un léger accent, s’appelle Ingrid et part visiter la planète et les auberges de jeunesse de l’Europe. L’attitude revêche de ma voisine et de son chat, la nausée que le train commence à m’imposer mettent rapidement fin à cette expérience de sociabilité.

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