4. L'église

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Même manège pour le religieux, mais cette fois trop tard pour Patrice qui a déjà prononcé le oui fatidique. Il ne peut pas se la jouer Mister Big laissant Carrie seule devant le parvis. Patrice, accompagné de sa mère, s’avance dans la longue allée de l’église, devinant l’émotion de son entourage. Il se poste face au prêtre, qui, le dos droit, lui adresse un sourire confiant. Les témoins défilent au son de la douce mélopée de l'Ave Maria.

Puis, tous les regards convergent vers la lourde porte en bois du bâtiment, où la mariée, ravissante de bonheur, remonte l’allée au bras de son père. L’heureux homme a les joues rouges d’émotion. Patrice admire sa femme qui s’avance vers lui. Il veut croire à une vie de félicité, mais a, pour le moment, surtout l’impression de vivre la journée d’un autre. Le prêtre débute sa lecture par les premiers psaumes.

Une heure et demie d’ennui commence alors. Les enfants s’agitent sur les bancs qu’ils trouvent durs tandis que les adultes étouffent des bâillements. Le marié lui-même semble absent, le regard vide et un sourire figé sur les lèvres. Seule Hortense a l’air de se plaire dans ce lieu. D’ailleurs, c’est uniquement pour elle que Patrice a accepté le cérémonial de l’église. Une fois encore les vœux sont échangés et quelques larmes coulent dans l’assistance.

À la sortie de l’édifice, les félicitations pleuvent en même temps que les confettis en forme de cœur. Hortense se colle étroitement au bras de son mari qui serre des mains et joue la comédie du bonheur. De loin, appuyé contre sa voiture, Laurent, assailli par le doute, l’observe. Il aimerait faire part de ses craintes à Boris, mais n’ose pas, par peur du ridicule. D’ailleurs, son ami est occupé à flirter avec une jolie brune en robe légère. Alors que les mariés arrivent à sa hauteur, Laurent félicite Patrice et, profitant de ce qu’Hortense embrasse un enfant qui lui tend la joue, demande d’une voix où pointe l’inquiétude :

- Tu es heureux, n’est-ce pas ?

Surpris, Patrice scrute les traits de son témoin qui l’a si bien cerné.

- Oui, bien sûr.

Mais il ne peut mentir plus qu'il ne l'a déjà fait, à son ami et préfère détourner le regard.

(à suivre)

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