Ce jours-là, dix-neuf heures trente

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La sonnerie de la porte d’entrée retentit.

— J’y vais. Lança Myriam sortant de la cuisine et se dirigeant vers la porte.

A l'entrée, un homme, une bouteille de champagne à la main, souriait de toutes ses dents à Myriam.

— Salut Myriam. Je me suis dit qu’il fallait fêter la nouvelle ?

— Bien sûr ! Phil. Entre. Sam t'attends.

— Ce dernier se laissa guider jusqu'au salon par la femme de son ami, qu'il trouva avachi dans son Wassyli.

— Tu comptais rester là sans m’appeler ?

— Bien au contraire, répondit Sam. Je n’avais qu’à m’installer tranquillement jusqu’à que tu débarques.

— C'est bien mon pote ça ! Tu me connais mieux que quiconque. Enfin, content que tu l’aies enfin obtenu cette foutue promotion. Ça devenait pénible de t’entendre pleurnicher à la longue. Après toutes ces années de bons et loyaux services, ils ont fini par comprendre à quel point tu leur étais précieux.

Sam se leva et prit Phil dans ses bras.

— Ah, allez, viens t'assoir en lui désignant le Wasily d’en face.

— Je vous apporte des verres. Myriam repartit en cuisine d’un pas balancé.

Phil déposa la bouteille sur la table basse et se laissa choir sur son fauteuil. Les deux compères s’observèrent un moment.

— Tu n’as pas l’air de comprendre ! Lança Phil souriant

— Comprendre quoi ? répondit Sam, curieux.

— Notre présence en ces lieux ?

— Pourrais-tu être plus claire ?

— Tu ne saisis pas l’instant ?

— Je ne... Quoi ???

Phil éclata de rire, laissant Sam pantois.

— Ne t’inquiète pas, reprit ce dernier. C’était juste quelques mots qui me sont restés à l’esprit quand je me suis réveillé, tout à l’heure. Les bribes d’un rêve fait cette nuit. J’avais envie de te les balancer comme ça. Bref, passons à autre chose. J’ai vu les dégâts sur le côté gauche de ta caisse. Dis-moi tout.

— Oh ! Rien de grave. J’ai collé de trop près un mur sur le lieu de mon rendez-vous. Il y a des fois où l’on ne sait plus conduire correctement.

— Parle pour toi. Moi je suis né pour ça, se vanta Phil, le regardait presque sérieux.

Sam ne put s’empêcher de sourire.

— Voyez-vous ça ! Une petite éraflure et il me baragouine le couplet du roi de la route.

— Rappelle-toi notre folle soirée ou on s'en est sorti de justesse. Heureusement que je t’avais repris le volant, sinon on ne serait pas là, dix-huit ans plus tard, à en discuter. Quoique, je serais sûrement revenu d’entre les morts pour te corriger le derrière si tu avais survécu. Je te connais suffisamment bien depuis tes quinze ans. Tu te débrouilles bien mieux en conception de logiciels. Pour ce qui concerne ta façon de conduire, eh ben, je dirais... Hum !

— Eh bien, je ne compte plus le nombre de fois où tu m'as sorti cette rengaine. Sam tira un bout de la robe de Myriam qui s'était joint à eux avec les verres.

— Qu’est-ce que tu en penses, ma chérie ? Dois-je le remercier de m'avoir sauvé la vie plein de fois ? Sans cet homme si grand et si fort, je ne t’aurais pas connu ainsi que notre Joanna adorée. Alors, dis-moi, mérite-t'il le diplôme de bonne conduite envers son seul et meilleur ami, moi ?

— Il serait temps de reconnaître que les femmes maîtrisent mieux leur rôle au volant que les hommes, lança-t-elle, ignorant sa tirade, afin de participer à la conversation.

— C’est sur qu’on conduit parfaitement bien avec un portable à l’oreille, en pleine causerie avec ses amies sur des banalités féminines, ironisa Sam.

— Je ne suis pas ce genre de conductrice, enchaîna Myriam avec fierté. Pas comme certains.

Phil les observait avec amusement. Il admirait leur relation amité/amour qui perdurait depuis leur rencontre un an après leur folle randonnée. Sam sortait d’une très mauvaise passe, et Myriam était arrivée au bon moment pour lui apporter le soutien qui lui manquait.

— Elle dit ça parce que je ne lui laisse jamais le volant quand on se déplace ensemble. Sam se prépara à une répartie cinglante de Myriam , mais elle consentit d'un petit "n’importe quoi" à son encontre.

— Je connais un pote garagiste qui te la remettrait à neuf ta Ford pour très peu ? reprit Phil. Il aime bien s’occuper des vieilles voitures.

— Je te remercie, mais je possède un peu de mastic et un ou deux laques de peinture rouge dans la cave. Quand j’aurai le temps, je lui referai un joli pansement qui passera inaperçu.

— OK ! C’est comme tu veux. Et la princesse aux beaux yeux de sa maman et au sourire de son papa, où est-elle ?

— Joanna ne pourra pas fêter ça avec nous, répondis Myriam elle est sortie très tôt ce matin, après avoir félicité son père, car elle devait rejoindre sa copine avec laquelle elle travaille. Elle dormira chez elle.

— Sur quoi bossent-elles ?

— La conception de chapeau. Elle m’a dit, avant de partit, que l’inspiration lui était venue cette nuit, pendant son rêve.

— Sur quoi ? Un modèle révolutionnaire ? reprit Phil, enjoué.

— Non, juste le nom d’une marque. Quelque chose comme GranJo, un truc comme ça. Elle pense que celui-ci colle parfaitement à l’idée qu’elle se fait de sa future boutique de couvre-chef.

— Moi, je trouve que ça sonne bien, observa Sam. Les chapeaux GranJo.

— Tant mieux pour elle et sa copine. Quinze ans à peine, et voilà qu’elles s’imaginent déjà patronnes d’entreprise. Si c’est pas beau tout ça. Bon, on se l’envoie ce champagne ou pas ?

— Eh ben ! Tu n’as pas bu de toute la journée, ou quoi ? ironisa Sam.

— C’est pourtant vrai, reprit Phil avec sérieux. Dis toi que, j’ai passé l’après-midi au bureau, à lire des CV. J’ai besoin de recruter un autre vendeur pour remplacer celui qui m’a largué ce matin sans crier gare. Je ne sais pas quelle mouche l’a piqué, mais il est parti sans me donner d’explication. Bizarrement, il m’a fait penser à quelqu’un que je connais depuis longtemps. Tu ne vois pas ?

— Moi ? Pas du tout, protesta Sam.

— Ouais, c’est cela ! N’empêche que j’ai des délais de livraison à respecter. Il faut que je trouve quelqu’un assez rapidement. Si tu entends parler d’une personne auquel démarcher à domicile ne fait pas peur, appelle-moi au plus vite.

— Sans problème.

Dans tout ça, je n’ai pas bu une seule goutte d’eau depuis ce matin. Après ma sieste, je suis venu directement ici.

— En faîtes, tu t’es retenu pour le champagne, reprit Sam.

Ils rirent tous ensemble.



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