Chapitre 14

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Nous étions prêts à descendre l’escalier pour nous diriger vers les bruits de repas, lorsqu’un grand cri nous figea : le roi zombie appelait son efrit, puis demandait à ses sbires de nous détruire. Il n’était clairement pas content. Yumi, et Belladone aussi me semble-t-il, sentaient que nous étions observés à distance par un monstre avec de très nombreux yeux partout sur le corps.

Du coup, mon nain et le golem passèrent devant pour ouvrir la marche. Et bien leur en a pris, vu que plusieurs ennemis nous avaient tendu un piège en bas des marches. Mon golem fut vaporisé alors que Krorin subissait quelques légers dégâts, protégé par mon invocation de pierre. Nous avons donc convenu de rebrousser chemin le plus vite possible et de tenter de passer par le couloir avec les tombes-têtes, là où il y avait eu une vague de magma peu de temps auparavant. Mais au moment d’arriver au coude du couloir qui y menait, Sheba se mit à courir pour s’en aller — Nikolaï et Ichiro nous apprendront plus tard qu’elle filait libérer sa « sœur ». Et à son passage, une énorme boule de feu se fracassa sur le mur en face du couloir. Nous avons immédiatement compris que d’autres ennemis nous attendaient là. Fallait-il passer en force ? Ou bien revenir encore à la salle précédente, là où nous avions terrassé l’ogre et où descendait le couloir où j’avais tué l’homme aux frelons et lâché mon golem à la poursuite du magicien de glace ? La deuxième solution paraissait la bonne, mais il fallait juste franchir en courant l’ouverture sans prendre de boule de feu. C’est ce que nous avons tenté de faire, même si Ichiro se prit des dégâts. J’avoue que la moutarde me montait un peu au nez, aussi je balançais un sort de ténèbres sur ceux qui tentaient de nous tuer. Puis, comme je pouvais les voir alors qu’eux ne voyaient plus, je balançais une bombe d’éclair et Belladone un sort de foudre. Seules les momies furent détruites, car les trois ennemis s’étaient barricadés dans un dôme de protection — probablement grâce à un pentacle au sol.

Nous avons donc décidé de les laisser là dans le noir, et de poursuivre notre chemin vers la fameuse salle et son escalier. Arsène ouvrait la marche pour nous éviter les pièges, Ichiro près de lui avec son bâton illuminé, et nous avons passé le cadavre du maître des frelons. Derrière la porte, après un long couloir, nous sommes arrivés à des cellules éclairées par un énorme globe lumineux. Deux d’entre elles contenaient des monstres : un truc bleu qui voulait croquer tout ce qui passe à sa portée, et une ophidienne au regard de Méduse que nous avons laissé là malgré ses supplications. Il y avait aussi un nain devenu passablement fou, et un émir qui devait probablement servir de monnaie d’échange. Nous les avons tous deux délivrés, mais laissés derrière nous, car ils nous auraient ralentis. Il y avait aussi une espèce de mort vivante obèse qui servait à satisfaire les besoins masculins, et que Belladone a réduite en chair à saucisse. Enfin, j’ai retrouvé dans la dernière cellule une vieille connaissance : cette enfoirée d’inquisitrice d’Om. Celle qui m’avait valu de devoir prendre la parole devant la foule d’Ankh-Morpork pour les ramener à la raison, et qui m’avait fait remarquer par le Seigneur Vétérini. Une femme mauvaise, puissante, et aux idées étroites et dangereuses. Mais voilà, les ennemis de nos ennemis peuvent être nos éventuels alliés, aussi je laissais à contrecœur le druide la soigner alors qu’elle l’insultait copieusement. Cependant, une fois remise de manière spectaculaire, elle le remercia, chose étonnante. Et c’est ce moment que Sheba fonça sur elle pour la couver. Bon, elle n’était pas en état de faire grande chose le temps que la potion finisse d’agir, aussi nous l’avons elle aussi laissé derrière nous. Ou plus précisément, quand elle commença à psalmodier pour invoquer les pouvoirs de son dieu, Nikolaï engueula Sheba en lui disant de l’éloigner de nous, car elle trahissait notre localisation exacte.

Nous avons pris un couloir transverse et nous avons continué à courir. C’est alors que le sac contenant les deux lampes de génies s’agita, et Arsène, qui en était le porteur, nous expliqua que le roi zombie était en train de les attaquer ! C’était l’arroseur arrosé : l’efrit avait ordonné aux génies de défendre l’accès au bâton. Lui ayant été détruit, il ne pouvait plus leur donner de contre-ordre, aussi ils le défendaient même contre le possesseur du bâton. Un sacré combat devait se dérouler là-bas… Et lorsque le sac finit par s’enflammer, nous nous sommes concertés rapidement avec Yumi. Nous nous souvenions que la génie avait été heureuse et reconnaissante que nous la libérions. Fallait-il laisser les deux génies être détruits alors que nous pouvions abréger leurs souffrances en détruisant les lampes ? La décision fut vite prise. J’ordonnais au maître nain de détruire la première. Et alors que Yumi allait détruire la seconde, le génie apparut devant nous, le regard reconnaissant et implorant à la fois. Il lui restait donc un vœu ? Arsène fut plus prompt que moi et saisit la lampe, se faisant confirmer cela. Le génie voulait juste être libéré. J’eus alors une idée folle : je hurlais à Arsène de lui demander le bâton ! C’en était le gardien, il avait donc le pouvoir de nous le remettre. Et ce fut le cas, même si sa main sembla fondre lorsqu’il nous le tendit, le lâchant au sol aux pieds du voleur. Yumi tint sa promesse et détruisit la lampe. Elle m’a dit par la suite qu’elle entendit à ce moment la génie la remercier de l’avoir libéré.

Nous avions donc réussi à souffler le fameux bâton au roi zombie ! Il était là, sous nos yeux, néfaste au possible. Nikolaï proposa de tenter de le détruire avec la même potion qui avait détruit le paladin de la mort. Il confia l’intégralité de son équipement à Arsène et Ichiro, et nous demanda de fuir au loin pendant qu’il comptait jusqu’à dix. Nous nous souvenions tous de l’aire de dégâts lorsque Yumi et Belladone avaient détruit l’épée maudite dans le désert. Nous savions que le centaure risquait donc de ne pas en sortir vivant. Il était prêt à se sacrifier pour accomplir ce qui l’avait fait rester avec nous : la vengeance. Je gravais ses traits dans mon esprit avant de me mettre à courir avec les autres. Nous savions tous qu’il devait le faire lui, car la Baba Yaga avait bien parlé d’un non humain et prêtre. Il était le seul d’entre nous à remplir cette condition. Nous avons couru vite, mais pas assez loin, car le souffle nous toucha. Heureusement, j’avais tout de même eu l’idée de laisser ma bague de communication à Nikolaï, comme une espèce d’impulsion ou d’intuition. Et bien m’en avait pris : il était toujours vivant ! Quoiqu’au bord de la mort… Mais surtout, le bâton était intact. Nous avons donc rebroussé chemin pour le rejoindre, alors que nous entendions au loin un rugissement. Arsène versa dans la bouche du centaure une de ses propres potions, et celui-ci put récupérer. L’idée suivante était que, comme il n’était ni humain ni ophidien, il pouvait peut-être tenir le bâton sans subir ses maléfices. Et la chance que nous avons eu, c’est qu’il pouvait en effet le saisir. Nous avons donc décidé à l’unanimité que, pour le détruire, il fallait sortir de cette nécropole qui était, après tout, le lieu privilégié du dieu de la mort. Nous nous sommes donc remis à courir vers la sortie.

Mais nous avons alors failli tomber sur l’inquisitrice d’Om, qui avait apparemment passé un accord avec l’ophidienne enfermée, et qui luttaient contre des puissances ennemies. Nikolaï fit remarquer qu’il valait mieux qu’aucune des deux ne voit le bâton, aussi nous avons fait demi-tour pour emprunter un autre couloir que nous, » avions pas encore exploré. Après tout, les deux femmes faisaient diversion. Nous sommes ainsi arrivés à un embranchement, et je laissais mon sixième sens nous guider. Au fil de notre rapide progression, notre voleur détectait et nous faisait éviter les différents pièges, et il trouva même un passage secret pour nous emmener vers un escalier qui remontait. Je dus invoquer mon dernier golem afin qu’il agrandisse le passage pour Nikolaï. En haut, nous sommes arrivés à une pièce avec trois portes, dont une à gauche pulsait très fortement la magie et me tentait déraisonnablement. Belladone m’empêcha d’y céder, car mon sixième sens nous guidait vers celle du milieu. Nous l’avons franchi tous ensemble, pour arriver à une grille avec une pièce ronde derrière, qui débordait de flacons, potions, grimoires et autres objets magiques. Mais Arsène et moi avions eu l’intuition que c’était trop facile, et alors qu’il essayait de détecter des pièges, je lançais ma détection de l’invisible. Et heureusement ! Un gros démon plein de dents nous attendait là. Les trésors contenus dans cette salle étaient donc bien défendus.

Notre maître nain suggéra de revenir dans la salle précédente et de tenter la porte qui m’attirait tant. Là encore, Arsène tenta de détecter un éventuel piège et révéla une porte qui ressemblait à celle d’un coffre-fort. Puis mes capacités me permirent de révéler des rouages et des symboles nains aux yeux de tous. Je me demandais si c’était pour nous empêcher d’entrer ou pour empêcher ce qu’il y avait dehors de sortir. Au final, Krorin prononça à haute voix les différentes runes, ce qui déclencha le mécanisme d’ouverture. Et là, quelle surprise ! Une très ancienne magie se trouvait dans une pièce avec une structure incroyable, pulsant une puissante magie divine. Comment est-ce que cela pouvait subsister dans un temple de la mort ? C’était incroyable. Mais c’était aussi une formidable opportunité, et j’invitais Belladone, Yumi, Ichiro, Nikolaï et même Arsène et son dragon tatoué dans le dos a invoqué puissamment leurs dieux respectifs pour leur demander de détruire le bâton. J’avais conscience que cela pouvait aussi tous nous détruire, mais après tout, il fallait bien en finir. Leurs prières furent intenses, puissantes, et plus que réussies : la combinaison de leurs différents appels fut imparable, et leurs dieux se ruèrent sur l’occasion. Le souffle de l’explosion nous épargna miraculeusement, mais la nécropole entière, et même les dunes alentour, furent soufflées et vitrifiées. Il ne restait que nous, dans le cercle de protection divine, et j’eu une pensée cynique pour l’inquisitrice, coincée pour l’éternité quelques étages plus bas. Nous avions réussi ! Mémé Cigalüe était enfin vengée. Je ne sais plus à quel moment nous avons su que le roi zombie était tombé en poussière, mais il ne pouvait pas survivre au bâton, de toute façon. C’était terminé. Nous avions vaincu, et nous étions même tous en vie.

Au loin, l’armée ophidienne allait se retrouver prise entre l’armée d’Om et l’armée d’Io. Nous étions tranquilles de ce côté. Nous n’avions plus qu’à retrouver Sen et mon tendre Nathanaël, ainsi que l’équipée envoyée par Vétérini. Puis, nous pouvions enfin rentrer chez nous. C’était une victoire incontestable : nous avions sauvé le monde.

À l’heure où j’écris ces lignes, Belladone a décidé de rentrer chez les Agathéens avec Sen. Elle veut avoir son enfant là-bas, puisque son père était un grand général et qu’elle l’avait aimé. Ichiro, lui, souhaitait rester avec Arsène et Krorin et découvrir Ankh-Morpork. Nikolaï, bien sûr, allait retrouver les siens. Et pour ma part, après avoir dit à Nathanaël que je le libérais de toute responsabilité paternelle, je décidais de retourner m’occuper de ma concession. Ce dernier décida de rester auprès de Yumi pour finir son apprentissage, mais si possible à Ankh-Morpork pour rester non loin de moi.

Le futur pouvait enfin s’éclairer pour nous tous.

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