La délégation

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Par ambition, les jeunes princes sont parfois prêts à tout. Killian était de cette trempe. Il ne savait pas quelle valeur avait cet amour. Et lorsqu'il l'avait comprit, il était trop tard.

Un homme plus avisé aurait su qu'on ne rencontrait une femme comme Enora qu'une fois dans une vie, que personne ne pourrait jamais la remplacer. Mais le prince n'avait d'yeux que pour la gloire. Tenir la mort en respect ne valait-il pas toutes les femmes du monde ?

Il ne fut pas bien difficile d'attirer Enora dans la forêt. La malheureuse ne se doutant nullement de ce qui allait lui arriver. Ce n'est qu'en aperçevant les druides, qu'une lueur d'inquiétude s'était allumée dans ses grands yeux bruns. Durant toute la cérémonie, Killian n'avait pu détourner le regard de l'affreux spectacle. Par fascination ou par devoir, il n'aurait su le dire. Lorsque le sang fut sec, le jeune noble était rentré chez lui, le regard funeste. Il essayait de se persuader que la mort d'Enora était indispensable pour un avenir meilleur. Néanmoins, les regrets qui lui tordaient les entrailles ne le quitterait plus jamais.

                                                                                    ***

Dans la plaine, une délégation s'avançait lentement. Des hommes et des femmes au visage tatoué et vêtus de blanc. À leur passage, l'herbe s'inclinait respectueusement et malgré la tempête, leurs chants graves retentissaient clairement. Les Druides progressaient lentement comme la goutte d'eau qui s'écoule de la feuille. Rien ne pouvait se mettre sur leur route. Ils étaient la main des Dieux et il était temps qu'ils reprennent ce qu'ils avaient donné. Sous le roulement des tambours, ils se dirigaient vers l'imposante citadelle battue par les vents.

                                                                                    ***

Killian les entendit avant de les voir. Leurs voix sépulcrales résonnaient dans la demeure abandonnée. La peur aurait dû l'envahir mais il ne ressentit rien. Seulement une profonde lassitude. Son cœur était si vieux et si courbattu, que les émotions avaient perdu de leurs intensité. Son quotidien n'était rythmé que par l'accablement et la mélancolie. Si c'était cela la vie éternelle, il était soulagé de ne pas l'avoir découverte.

Au fond de lui, il avait hâte que cette histoire prenne fin.

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