La citadelle oubliée

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La mer était tourmentée. Les vagues se brisaient contre les falaises avec fracas et le chant du vent étit aussi assourdissant qu'un cor de tempête. D'innombrables nuages cendrés obscurcissaient le ciel et la pluie s'écrasait en gouttes épaisses dans l'herbe des plaines. L'océan de verdure dansait sous l'impulsion du vent. Les oiseaux, à l'abri sous les branches, attendaient que le vent se calme. Les limaces et autres escargots se baladaient allègrement dans l'herbe, profitant de l'humidité ambiante. Dans la lande, une biche et son faon paissaient tranquillement, sans se soucier d'un éventuel prédateur.

Isolée au milieu de ces terres, se dressait la silhouette sinistre d'une forteresse. Ses murailles étaient constituées de pierres sombres et son donjon si haut qu'il frôlait les cumulus. Il avait l'allure d'un très vieux géant, dont la prestance dissimulait la fragilité. Car si l'on en s'approchait un peu plus près de la forteresse, on pouvait apercevoir de nombreuses fissures, des pierres manquantes et des ronces serpentant contre les fortifications.

Il n'y avait nulle garde sur le chemin de ronde pour surveiller l'horizon, seulement des torches humides et des drapeaux claquant violemment dans la tempête. Le pont-levis était abaissé, dégageant la voie aux étrangers. Dans la haute cour, aucun serviteur et aucun chevalier. Dans la forge, le foyer était éteint, l'enclume rouillée et le marteau abandonné. À l'intérieur des écuries, la paille était trempée et inutilisable. Le cyclone agitait les portes des stalles.

Il n'y avait rien de plus étrange qu'une citadelle déserte et muette.

Une fois la double porte franchie, un dédale de couloirs plongés dans l'obscurité se déployait. Une épaisse couche de poussière recouvrait les tapisseries, affadissant leurs riches couleurs. Les armures se tenaient tristement voûtées sous le poids des ans. Un immense tapis délavé serpentait au centre du corridor, trempé et décoloré. L'air était glacial à l'intérieur de la forteresse et le vent qui mugissait à l'extérieur se transformait en murmures désolés entre ses murs.

Une gloire passée émanait tristement de ce lieu. On pouvait distinguer la richesse de la décoration, bien qu'ensevelie sous l'amnésie et imaginer la prestance des personnes qui avait vécu en ce lieu. Du coin de l'œil , on aurait cru voir danser les fantômes des seigneurs et des dames dans la Grande Salle. Leurs somptueux habits se reflétant sur les dalles luissantes. Dans la Salle des Banquets, les couverts et la vaisselle était d'or fin et luisaient toujours sous la crasse. Aujourd'hui, c'était le royaume des araignées, qui y avait tissé de vastes toiles un peu partout.

Durant son âge d'or, ce château pouvait accueillir et loger plus de deux cents invités et le même nombre de serviteurs. Sa garnison était constituée de plus de quatre cents hommes au regard fier. Personne n'avait jamais attaqué ce fier édifice. Le géant ne craignait nul siège car il possèdait des champs et était alimenté par sa propre source. Bien que convoité, personne n'aurait osé s'attaquer à ce royaume. Aujourd'hui tout était différent.

La monarchie s'était effondrée, les chevaliers avaient désertés et le château était abandonné à sa décrépitude. Plus aucun seigneur ne voulait conquérir ces terres, bien qu'elles soient fertiles et florissantes. Cet endroit était maudit.

Au cœur du donjon, il n'y avait plus que le roi.

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