Hors de soi

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 << Leaving is living >> *
 J'ai trouvé par hasard sur Scribay la citation suivante de Nietzsche :
 << L'homme a beau s'étendre, autant qu'il peut par sa connaissance; il a beau s’apparaître aussi objectivement qu'il le veut; il n'en retire cependant pour finir que sa propre biographie >>
 C'est tout à fait vrai dans mon cas, pour le moment. Et cela restera vrai quand je saurai me dépasser et m'ouvrir et ouvrir à du nouveau (ce qui est d'ailleurs déjà le cas) : parce que je serai ce nouveau, ce sera encore moi. Mais ce sera biographique dans un autre sens.
 Ainsi, comme remarque majeure pour mon travail sur Scribay, je dois d'abord reconnaître ceci que dit encore cette citation d'Alain Robbe-Grillet que : << Je n'ai jamais parlé d'autre chose que de moi. >>, que je croyais devoir à Nietzsche - en fait, la citation à laquelle je pensais est : << Je n'ai jamais entendu personne parler d'autre chose que de lui-même ... >> et n'est due qu'à un membre de forum de philo dont j'ai entre autre récupéré la sainte tryade Science, Art et philosophie et qui se revendique nietzschéen.
 Et ce n'est pas tout, il s'agit encore du moi tel que l'entend le Protagoras du Théétète, à savoir du moi présent (quoique celui-ci soit le moi strictement présent, celui de l'instant), donc de la fleur bleue que je suis en ce moment... :/
 Voilà ce qu'il faut garder en mémoire quand vous lirez Rencontres (clairement autobiographique), La vile et Le Jeu des voiles et des dévoilements (qui font doublon), Tempête (qui évoque l'effet conjugué des Muses, en l'occurrence de la musique, et de ma demi-déesse --> raconte un coup de foudre ; je donnerai une analyse de ce texte d'ici peu), Eclaircissements à mes oeuvres (par définition), Treize feuilles mortes (qui transmet des impressions de mon automne, et qui cache un petit secret), L'écume des jours comparés (qui est censé raconter mes études, bien que je me sois arrêté bien vite et n'aie pas encore repris), et évidemment le Journal de nuit. Introduction au Multivers est un peu à part, de même Ecran, quoique cette dernière oeuvre soit encore partiellement autobiographique, certains passages plus que d'autres (et cependant il va de soi que je prétends à être chacun de mes personnages et donc aucun).
 Vous comprenez ainsi peut-être que par autobiographique j'entends "qui parle de moi". Mais vous me direz, il y a "bio" dans ce mot, il faut que ça parle de ma vie. Mais ma vie c'est déjà ma vie d'artiste. C'est ma vie rêvée. Il y a bien longtemps que j'ai aboli la frontière. C'est ainsi qu'il y a déjà quelques années, j'ai donné cette définition bizarre et imparfaite, mais transmettant un peu ce que j'écris ici, de la Réalité : << Monde entier tel que je me le représente, que je le conçois et l'imagine, tel qu'il m'est donné par moi et par l'extérieur >>. - je viens de la recopier ; dans mon souvenir il y avait le mot "rêve" dedans. Mais bon, c'est sûr que comme c'est dans mon pseudo, vaut mieux que je n'exagère pas :p
 Mon coeur sensible est très au fait de cette vérité que le Rêve fait partie de la réalité, parfois douloureusement ou merveilleusement...
 Je me rends compte que je n'arrive pas facilement à m'exprimer, et je devrai sans doute reprendre plus tard...
 Quoi qu'il en soit, donc, l'objectif est de se projeter hors de soi, et d'ainsi réaliser ce que signifie vraiment ex-ister. Le poète prolonge et augmente la réalité, à la fois pour lui et pour le lecteur - l'un va avec l'autre ; pour faire franchir le pont, il faut le franchir soi-même. C'est pourquoi créer est un travail, et quelque chose de difficile. Par l'habitus, cela devient une seconde nature : mais cela signifie surtout qu'on a intégré en soi la difficulté, qu'elle n'est plus extérieure, ou, si l'on veut, que l'extérieur est intérieur.
 Quant aux incessantes références, elles sont une partie de ce travail de sortie et de nouveauté. Comme je l'ai écrit quelque part : "Personne ne cite comme Rêveur". J'ai aussi discuté récemment avec quelqu'un de la culture telle que vue par Henri de Lesquen, qui veut quasi séparer la culture française de toutes les autres (surtout de la culture "congoïde", particulièrement la musique, qui attiserait les pulsions sexuelles etc. ; mais il a aussi fait une petite critique à une vidéo "à sa gloire" - dans une forme de second degré évidemment -, pource que la musique était en anglais), ce qui serait signer son arrêt de mort ; j'avais fait un parallèle avec ce fait que les civilisations les plus avancées ont fleuri sur des continents vastes et horizontaux (Asie et Europe, en partie l'Afrique), où plus d'échanges sont possibles. Pour bien connaître sa culture, spécifiquement, il faut connaître les autres, il faut la situer. De même, le poète du nouveau doit se situer, dans son temps et son espace, il doit se ménager une place, et ensuite cultiver et étendre celle-ci.
 J'ai repris quelque part cette idée qu'on trouve de manières certes assez différentes chez Nietzsche et Bergson, que le vivant est ce qui dépense l'énergie accumulée, et n'a plus qu'à presser le déclic ; qu'il faut bander l'arc, puis tirer. Ainsi en accumulant des connaissances, des horizons, des oeuvres, en accumulant ce qui s'est fait, on prépare de l'énergie prête à se libérer. En somme, il s'agit tout simplement de suivre la trajectoire, le Dao, emprunté par tant d'auteurs : en les suivant, en suivant leur longue file, on suit une piste d'envol, on prend de l'élan. Au lieu de suivre les auteurs comme du donné ancien, il s'agit de suivre le Nouveau qui s'est exprimé à travers eux.
 Tout ceci est dit très imparfaitement, j'en ai conscience. Je développerai plus tard. Vous pourrez aussi lire mes autres Eclaircissements (j'en prévois en particulier sur Tempête et Introduction au Multivers, ainsi que sur Treize feuilles mortes, et beaucoup sur Ecran).

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