Believe (suite du commentaire et traduction)

5 minutes de lecture

 Comme j'ai tâché de l'expliquer, le poème suit un rythme et une continuité ; c'est une ballade qui profite de la légèreté de la langue anglaise (pour moi le français est un intermédiaire entre elle et la rigidité de la langue allemande) pour aller et venir, pour déambuler comme moi sous le ciel.
 Cependant, on peut admettre qu'il y a plusieurs parties dans ce poème. D'abord une sorte d'introduction (7 premiers vers), ensuite il y a comme un mini-dialogue (5 vers), ensuite j'évoque la musique (13 vers), enfin je raconte ce qui m'est arrivé pour de bon, et je donne en deux une sorte de conclusion.
 Il n'est pas anodin que leurs tailles ne soient pas paires, à part pour la dernière. Cela permet que la séparation ne soit pas trop franche ; tout en me laissant ainsi dériver, raconter plusieurs choses. Ce ne sont clairement pas des strophes.
 Ainsi donc, on peut dire que c'est un rêveur (moi) qui a une respiration, une inspiration, un souffle (a breathe), face au ciel et à son bleu subtil, alors qu'il écoutait de la musique (l'art - the very art - des Muses) et qu'il le raconte par la suite par sa plume (feather).
 On peut comprendre de deux façons "a breeze". En l'écrivant, je faisais comme si c'était le poète, le chevalier (knight) lui-même, mais c'est vrai qu'il est assez naturel de comprendre que c'est une brise qui lui est envoyée, un frisson - bref, l'inspiration en question.
 "with some humour" : je suis dans ce poème le jouet des dieux, le jouet du Ciel... Il y a dans la poésie, dans l'art...quelque chose comme de la fantaisie, de l'inexplicable (c'est l'un des caractères fondamentaux de l'inspiration), une certaine spontanéité. Je suis leur jouet, mais c'est sans volonté de domination, mépris ou quoi que ce soit. Les Muses innocemment s'amusent. Remarquez également que les Muses "se réveillent" (woke) : c'est-à-dire qu'elles règnent essentiellement sur la nuit, quand tout s'éteint et qu'alors quelque chose à l'intérieur se réveille. En outre ça renvoie à quelque chose dont j'avais entendu parler à propos de Platon et du Phédon (il faudrait que je vérifie avec précision la source première, à savoir Platon) : le jour le corps est réveillé l'âme endormie au moins à demi, la nuit c'est le contraire, on retourne au monde des Idées...quelque chose de ce genre...
 "as a knight / The black silhouette does whisper" --> black knight (https://www.youtube.com/watch?v=dhRUe-gz690 ...Ah zut non c'est pas ça, c'est ça : https://www.youtube.com/watch?v=hwlxAWpV9cs) Il est chevalier au sens d'une malédiction en quelque sorte.
 Le ciel est présenté comme un "désastre" (en français ça sonne trop bizarre, je trouve), et implicitement comme désordonné (don't be messing the weather / but as to magnify...).
 Enfin, il y a l'idée d'un manque (...missing... --> mis avec l'idée de black knight, on comprend que les clefs - keys - sont comme des creux en lui laissés béants par les Muses...)
 Enfin, par "that might...", je voulais dire que c'était comme si ; j'ai reconnu dans le ciel une ressemblance avec, je n'ai pas cru vraiment voir l'écharpe, par exemple dans une silhouette dans la rue. Cela dit, la confusion est heureuse ; puisqu'il s'agit bien de ça, une confusion, une divagation...
 Evidemment, le bleu est associé au bleu de l'eau et des larmes qui coulent de la plume. Il ne faut pas croire pour autant à l'expression d'un grand désespoir, c'est plutôt comme une émotion qui accompagne l'ensemble ; l'essentiel reste le sentiment d'une certaine beauté, un souffle automnal, une brise nocturne.
 Enfin les deux derniers vers signifient à peu près : il a donc ce manque (évoqué plus haut ; en l'occurrence c'est encore plus clair : lack), il rêve à, il se perd dans le ciel, se laisse aller à son imagination. Ces vers ainsi indiquent le caractère proprement imaginatif de ce qu'il se passe dans ce poème, ils expliquent ce qu'il se passe.
 C'est un rêve de papillon (--> Tchouang Tseu).

 Voici une modeste traduction en français non rimée, pour que les non-anglophones aient s'ils le souhaitent un aperçu du poème (je dis bien aperçu ; car comme le dit le poète japonais dans Paterson : traduire un poème c'est comme prendre une douche en imperméable) :

 À travers la lumière finissante
 Les Muses se réveillèrent et avec un peu d'humour *
 Jetèrent une brise dans la nuit
 Savez-vous le souffle d'un rêveur ?
 Comme il (elle) marche comme un chevalier
 La silhouette noire murmure (bien)
 Ce secret intérieur
 - Mais que pourriez-vous bien avoir perdu, monsieur **
 - Rien ailleurs que dans le ciel
 Mais n'allez pas mettre du désordre dans la météo ***
 Sinon pour magnifier
 Ce grand et magique désastre
 Les Muses ont bien fait
 Quand avec grâce elles ont daigné offrir
 Des clefs secrètes pour un vol
 De leur art (suprême ; very) vous connaissez le pouvoir
 Comme il entre à l'intérieur
 Il coule et croît et il confère
 Une porte à l'extérieur ****
 À ce qu'elles veulent il n'y a pas de mot
 De quelque manière qu'il essaierait
 Pourtant il les suivrait jusque dans les flammes
 Où que les Muses reposent / se tiennent
 Toujours un trône pour son maître *****
 Il est leur servant voilà pourquoi
 Cette nuit elles lui ont fait une faveur
 Qui commençait par le site
 De leur céleste doux berceau
 Et c'était une telle vue
 Et elles mirent là tant de couleur
 Que c'était une sacrée morsure
 Quand il put voir à travers ce monde bleu
Cette forme qui pourrait bien ******
 Être son écharpe, à elle
 Jusqu'à lui aveugler les yeux
 Et faire gicler le bleu dans sa plume
 Afin que sa plume pût pleurer
 Chanter "You and me", soupirer après cette aventure
 Un rêve de papillon
 Il est en manque d'un abri
 Qu'il trouve dans le ciel

* je me rends compte que : "les Muses, en se réveillant, avec un peu d'humour" était plus logique, et fonctionnait en anglais

** Il n'y a pas la même connotation qu'en français : ainsi en anglais "Quel temps fait-il ?" se dit "What's the weather like ?" ; et il me semble que weather peut parfois signifier quelque chose comme "mood". - Alors qu'en français le mot de météo évoque les tenues changeantes de la présentatrice (je veux dire, c'est le fantasme commun ; quant à moi, ni la présentatrice ni ce qu'elle dit m'intéresse : la météo c'est pas mon truc), le journal de 20h etc.

*** en anglais un seul mot, Sir, ce qui convient beaucoup mieux)

**** Un passage un peu bizarre je l'admets

***** Je me rends compte que c'est pas logique ; je vais mettre un s

****** Je ne peux rendre mieux que par des italiques l'insistance que donne very ("très"
quand accolé à un adjectif ; "cette très-forme", "cette très-écharpe")

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