Hommage à Eugène Onéguine

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 Si vous n'avez pas lu ce poème (roman-poème) de Pouchkine, dépêchez-vous ! l'un des plus beaux livres que j'aie jamais lus. Bon, je lis surtout de la philosophie, donc je ne suis pas le meilleur juge, c'est vrai... Bref.
 J'ai composé un poème en sa mémoire pour le journal de mon école. Il eut un triste sort : un problème d'édition cacha une partie du texte et décomposa complètement la structure, ne faisant plus apparaître les vers. Et le jour où le journal fut vendu, je déambulai inquiet, observant mes éventuels lecteurs ; j'en trouvai un : qui tourna la page, et la retourna immédiatement : même, je crus lire sur son visage, comme un dédain... Et j'eus un pincement au coeur. D'autant plus terrible que je comprenais, que j'approuvais presque cette sentence sans doute fantasmée...
 Bref ; que je vous explique un peu, comme c'est l'objet. La forme, la métrique, est calquée sur celle du poème, à savoir une succession de strophes de 14 vers avec un schéma de rimes assez original. - J'ai été très rigoureux ! Et j'avais trois autres éléments à retirer de l'oeuvre : les digressions incessantes (pas autant que moi, mais il faut dire que je suis le maître incontesté en ce domaine), les élusions (avec des points de suspension) et les listes - j'ai moins repris ce dernier point.
 Les digressions donnent toute leur saveur à Eugène Onéguine. C'est un livre qui est à moitié en lui-même, à moitié en dehors. En somme, c'est ainsi très authentiquement de la poésie : Pouchkine y habite le réel. Donc comme Pouchkine s'est permis de parler de lui, je me suis permis de parler de moi. Outre le contexte de ma réception du livre, je me suis permis des digressions où le coeur m'entraînait. En fait, petite confession : ces derniers temps (ces 2 dernières années à peu près), j'ai été submergé de sentiments que je ressentais pour plein de filles en même temps. C'est assez agréable, et en même temps c'est douloureux et difficile à assumer (je ne peux pas sereinement me considérer amoureux de plusieurs filles en même temps). C'est que je vis tout décuplé, en matière d'émotions ; ainsi, maintenant que je sais de qui je suis vraiment le captif, c'est une elle qui l'est dix fois, et qui m'assassine régulièrement. Mais, << What is dead may never die >>.
 ...Donc, pour en revenir à mon poème : j'y ai caché plusieurs allusions à des filles (j'étais encore perdu dans un océan sans phare - mirage ?). C'est un peu particulier, c'est un peu audacieux venant de moi ; de toute façon c'est discret et sans implication ou quoi que ce soit, il me semble... Je ne suis pas sûr qu'aucune se soit reconnue...
 Quant aux élusions, elles sont une liberté très utile. Elles permettent de dissimuler, de susciter, de jouer au jeu des voiles et des dévoilements... Taire une réplique peut y donner du sens, de la siloquence. Dans mon cas, la première a un rôle assez évident : Eugène s'ennuie, alors il n'a rien à dire... Par la suite, mes élusions expriment une certaine timidité, comme si je rougissais.
 Le défaut c'est que la combinaison des digressions et des élusions risque de perdre complètement mon lecteur, d'autant plus s'il n'a pas lu EO.
 Quelques notes supplémentaires, selon l'ordre du texte :
 "Parmi..." : je triche un peu, j'ai certes croisé ces trois auteurs dans cette bibliothèque, mais pas en même temps et pas le jour où j'ai trouvé le livre.
 "d'un secret" : pas vraiment sans doute ; d'un autre côté, c'était véritablement une découverte, "par hasard".
 "Au résumé..." : le résumé est nul, je trouve, en tout cas il donne pas envie. Je m'attendais vraiment pas à ce que j'ai vécu.
 "la mère-patrie" : nom communément donné à la Russie. Comme sans doute écrit ailleurs, en ce temps-là je lisais beaucoup la littérature russe du XIXe (je continue d'ailleurs). Nous étudiions Dostoïoveski : j'avais donc acheté du Pouchkine, Gogol, Tolstoï, Tourguéniev, Soloviev - j'ai aussi Maître et marguerite chez moi. La Russie est un songe, pour reprendre le mot de Camus quant aux Pays-bas (mais d'ailleurs, il me semble que Camus a beaucoup lu Dostoïevski ; l'influence s'en ressent dans la Chute, d'où est d'ailleurs extraite cette citation). << Russia is a riddle wrapped in a mystery inside an enigma >>
 "son inspiration" : Byron ; j'avoue que je ne l'ai pas encore lu. C'est une oeuvre réputée pour son spleen, comme Eugène Onéguine pour sa khandra.
 "en avait eu trop usé" : surcomposé ; ça alourdit et renforce ainsi l'idée.
 "Volga ... volens qui" --> Olga, Lenski.
 "Je dis..." Russie (orientale, nationale...) ou Occident ? Evidemment, c'est l'une des grandes questions de l'époque ; c'est le sujet du Discours sur Pouchkine de Dostoïevski.
 "Il en est un..." : je n'ai pas su ensuite continuer : "un autre..." Il y a Lenski, il y a Eugène, deux faces du poète.
 "sous la danse de ces fleurs" : sans doute une allusion à la célèbre musique de Tchaïkovski, que j'aime beaucoup.
 "Sais-tu..." : pas très logique ; il n'y a pas de raison de le demander spécifiquement à Pouchkine, qui, précisément, sait bien, quant à lui...
 "J'étais perdu..." Ici beaucoup de références ou clins d'oeil personnels.
 "Je me suis fait une épopée" je suis assez satisfait de cette fin de strophe. Pendragon fait plutôt référence au groupe qu'à Arthur et tutti quanti ; avec un jeu de mots (trésors --> de dragons). En fait, le jeu de mots va un peu plus loin, mais c'est personnel. D'ailleurs il y a autre chose personnel de caché.
 "Harold" : je ne sais plus bien pourquoi je l'ai intitulé ainsi (ça m'évoque "Ne tuez pas le messager...").
 "tel l'airain" : c'est évidemment une référence au très célèbre poème de Pouchkine. D'autant qu'à cette statue répond celle de Pouchkine qui vient dans la même strophe.
 "son hommage" : celui de Dostoïevski. "sut réunir" : la foule était en délire ; et le principe du Discours est de montrer comment Pouchkine réunit les slavophiles et les europhiles.
 "ton obsession" : le duel d'EO, au centre de l'oeuvre (d'où la couverture) évoque furieusement celui qui perdra Pouchkine ; je crois que la lettre est également en français (ça fait près d'un an que je l'ai lu). Et le duel a également une place importante au début de La fille du capitaine. Je me demande si on n'en trouve pas encore une allusion dans la Dame de pique ou dans Doubrovsky.
 "cette kyrielle" : déjà dans ces derniers vers une confession que c'est très confus, et qu'ainsi je n'ai même pas cité les noms des deux héroïnes (à part subliminalement Olga).

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