Haïku à infuser

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 Donc, c'est ce haïku-ci que j'ai envoyé pour le concours de la RATP, à l'occasion du Printemps des poètes.
 Je rappelle ce qu'est un haïku : une forme courte de poème typiquement japonaise, faite d'une série d'un heptasyllabe, un penta et un hepta, avec, dans sa forme stricte, une référence à une saison. Je crois que le haïku est une version abrégée du tanka, plus ancien. Quant à la raison d'une telle forme, ce qu'elle permet etc., j'en parlerai plus tard.
 Mon haïku à infuser répond donc également à la condition supplémentaire. - "en été" : on ne peut pas faire référence à une saison plus explicite ! Il est en outre rimé (1er et 3e vers). Ca se fait peu dans les haïkus ; mais ici c'était une rime très heureuse, en té, bref en thé (le mot n'étant pas présent de lui-même).
 Ce haïku, je n'ai pas pu faire autrement que de le ponctuer (de manière générale, j'évite dans les haïkus). En effet, rien qu'ainsi, il peut encore amener la confusion. J'ai ainsi eu à le répéter à des amis quand je leur en parlais. Le poème s'adresse à la tasse, il dit : "Tasse," ; et il lui dit "Sens monter etc." La tasse n'est pas le sujet (grammatical). La ponctuation a l'avantage de restituer l'équilibre propre à ce poème (que j'ai pas mal travaillé) (quoique en général je compose des haïkus dans l'instant, dans la spontanéité). Le découpage donne : tasse (2) sens monter (3) le soupir du samovar (7) vapeur en été (5). Ainsi, dans les syllabes, dans la taille, ça monte effectivement, avant de s'estomper avec le dernier vers qui exprime les traces laissées par l'instant. C'est une extension, en somme - et pas qu'en ce sens, comme vous allez le voir. Et la cohésion entre le premier et le second vers est également phonétique (le s et le m apparaissent respectivement 2 et 1 fois dans chacun des deux, mais jamais dans le 3e vers). Sans qu'il y ait une franche rupture du 2nd au 3e (qui se suivent par la transition : var, vap). Bref, ce poème exprime la sérénité et l'evanescence d'un instant qui parce qu'il était voué à disparaître et accepté comme tel, a été vécu pleinement, a été une véritable détente (en se détendant on s'étend). C'est encore une leçon de Lao Tseu (encore lui). "son oeuvre accomplie..."
 On peut aussi découper ainsi et trouver encore de l'équilibre : Tasse (2) sens (1) monter (2) Le soupir (3) du (1) samovar (3), Vapeur (2) en (1) été (2) - admettant comme allant ensemble "soupir" et son article. Equilibre, zen...vous voyez ?
 Qu'est-ce qu'un samovar ? Basiquement, c'est une bouilloire-théière russe. Je l'ai trouvée non traduite dans la littérature du XIXe siècle que je lisais alors pas mal - c'était lié à mes cours. Donc, Japon, Russie, - France (la langue et l'auteur). On trouve une autre opposition dans le poème : le thé se boit surtout en hiver, mais je le suppose pris en été. Ainsi, ce poème est une invite discrète au voyage : par une légère évocation à la "Mère-patrie des songes", comme je disais dans l'autre texte présent adns le même recueil, sur Eugène Onéguine (que j'avoue devoir retravailler) ; et par l'évocation de l'hiver en été (ou l'inverse). Par le thé on ne voyage qu'ainsi : légèrement. Même une théière ne dure jamais qu'une heure. - Dans mon cas, trois quarts d'heure en moyenne. Enfin, on peut faire le parallèle entre ce balancement entre autres ou entre contraires, et l'équilibre métrique du poème. - comme yin et yang, si vous me permettez.

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