Eyden

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« Autrement appelée achromatie ou monochromatisme, l'achromatopsie est une maladie rétinienne rare, empêchant de voir les couleurs. Elle peut être partielle, complète, cérébrale... L'achromatopsie cérébrale est due à un accident vasculaire cérébral (AVC) : la perte partielle ou totale de la vision des couleurs dépend de la lésion. Le principal symptôme de l'achromatopsie est une absence de vision des couleurs. Le patient achromate voit uniquement en noir et blanc, et en nuances de gris. Cette non-perception des couleurs s'accompagne généralement d'autres symptômes : une baisse de l'acuité visuelle touchant un œil ainsi qu'une forte sensibilité à la lumière (photophobie). Les symptômes peuvent être soulagés au moyen de verres ou de verres teintés pour limiter la sensibilité à la lumière. Mais bien que gênante au quotidien, l'achromatopsie n'empêche pas de suivre une scolarité normale. »

Je rabats l'écran de mon ordinateur portable dans un geste agacé. Après l'aveu d'Hana, je me suis tout de suite enfermé pour faire des recherches. Mais au lieu de satisfaire ma curiosité, ce que j'ai lu m'a apporté encore plus de questions. Que s'est-il passé lors de cet accident qui a ôté toutes les couleurs de la vie d'Hana ? Jusqu'à quel point cela marque-t-il son quotidien ? J'allume une clope directement dans ma chambre, j'ai besoin de décompresser. 

Le temps qu'elle a passé ici a été suffisamment long pour que je sache par expérience qu'elle attire les ennuis comme un aimant ; et maintenant que j'ai appris pour son handicap, je ressens encore plus ce besoin de la protéger qui me tord le ventre. Elle s'est révélée face à moi et la savoir encore plus démunie que je ne le pensais me travaille plus que de raison. Pourquoi est-ce que j'éprouve un tel attrait pour elle ? Pourquoi s'intensifie-t-il de jour en jour ?

Elle m'a d'abord intrigué en me tenant tête. Les filles essayent toujours de m'amadouer d'habitude, pas de me contrarier. Mais cette fille n'est pas comme les autres, ça, je l'ai compris rapidement et à mes dépens. Elle cherche à me comprendre tout en n'hésitant pas à me rabrouer si j'ose la contrarier. Je dois être devenu complétement masochiste parce que j'aime qu'elle me crie dessus. J'aime qu'elle me remette à ma place parce qu'elle croit que je suis capable de devenir quelqu'un de meilleur, si bien que ça m'empêche de devenir violent comme je le suis habituellement. Puis, elle m'a montré son intelligence en m'envoyant des passages de mes romans préférés, parfaitement adaptés à notre situation. Ce petit jeu entre nous a réveillé quelque chose en moi. Quelque chose de vivant que j'avais oublié depuis longtemps. Une lueur d'intérêt dans ma vie sans espoir. Enfin, elle m'a exposé ses faiblesses, son manque de confiance en elle et sa maladie due à son accident. Au fil de ses confessions, je me suis indéniablement attaché à elle. Je me suis reconnu dans ses doutes et son traumatisme lié à sa maladie. Seulement, je n'ai pas osé lui avouer à mon tour que je suis plus malade qu'elle. 

Je tire une longue bouffée sur ma cigarette, énervé contre moi-même comme à chaque fois que j'y pense. Je suis probablement le type le plus néfaste qu'elle ait rencontré, mais c'est à moi qu'elle a fait confiance pour la tenir pour apprendre à nager, c'est en ma présence qu'elle a osé montrer le secret de ses yeux. Ses yeux d'un magnifique marron qui ne lui renvoient que du noir. Un ricanement nerveux m'échappe devant l'ironie de la situation. C'est moi qui suis entouré des ténèbres et c'est elle qui est plongée dans la noirceur. 

Je sais que je dois arrêter ce rapprochement, bien qu'il se fasse malgré nous. Je sais que je finirai un jour par la blesser, et elle a déjà été suffisamment meurtrie. Elle est bien mieux en restant avec Rose et Nino qui lui permettront de reprendre une vie aussi normale que possible. Je sais que je dois arrêter, mais pourquoi je jette des regards fréquents à ma vitre dans l'espoir d'y voir un bout de papier accroché ? 

Comme pour m'aider à me décider, mon téléphone m'annonce l'arrivée d'un nouveau message. C'est lui. Il me demande pourquoi je ne suis pas encore arrivé à la petite fête qu'ils ont improvisée sur la plage ce soir. La réponse est simple, mon esprit était bien trop occupé à penser à une petite brune de l'autre côté de mon mur pour que je me souvienne de sa soirée à la con. Cependant, je sais qu'il ne va pas me lâcher si je ne me pointe pas. 

Après un dernier coup d'œil à ma vitre toujours vierge, j'écrase ma cigarette et je retire mon sweat pour enfiler un tee-shirt pas trop sale qui traîne au pied de mon lit. Cette fête me fera peut-être du bien après tout, je devrais bien trouver une fille pas trop collante pour me changer les idées. Je me sentirai probablement mal après, mais je dois me raisonner, car si Hana est la première bonne chose qui me soit arrivée depuis des années, je sais pertinemment que la réciproque n'est pas vraie.

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